Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine

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46 correspondant à celui qui prévalait dans les autres cantons du Maine. La partie nord du Madawaska devient alors, une paroisse civile. Ainsi, il semble, que même avant la signature du traité de 1842, les Américains et les Britanniques se préparaient à une division frontalière ayant comme délimitation la rivière Saint-Jean. Ce n’est qu’en 1850, que la paroisse civile de Madawaska est divisée en quatre municipalités rurales: Madawaska, Saint-Basile, Saint-François et Saint-Léonard (Lapointe,1989, p.152). La rive nord de l’établissement de Grande-Rivière porte maintenant le nom de Saint-Léonard. Une nouvelle administration civile prend forme. La famille Coombes doit dorénavant partager, avec une vingtaine d’administrateurs, les pouvoirs qu’elle a monopolisés pendant 25 ans (Lapointe,1989). En 1873, une subdivision du comté de Victoria (N.-B.) crée un nouveau comté celui du Madawaska qui inclut tout le territoire du même nom. Chaque conseil de paroisse du Madawaska a droit à deux représentants au sein du conseil de comté. La paroisse de Saint-Léonard y est alors représentée. Les règlements et les procédures du conseil sont officiellement acceptés en 1878 et sont rédigés en français et en anglais. Au début du XXe siècle, Saint-Léonard connaît une importante période de prospérité. Ses citoyens se dotent d’institutions et de services dignes d’une municipalité en pleine croissance économique. La grande paroisse de Saint-Léonard et sa mission de Saint- Antoine connaît une augmentation de population. Avec ses 2 034 habitants Saint- Léonard obtient le statut de ville en 1921. Fait étrange, le territoire urbain n’inclut qu’une très minime partie de la paroisse au sein de la corporation municipale. Il n’a qu’un mille (1.6 km.) de largeur et un mille et demi (2.4 km.) de profondeur. L’incorporation exclut non seulement une grande partie de la paroisse de Saint- Léonard mais aussi un secteur de la mission de Saint - Antoine. La population à l’intérieur du territoire réclamé (862 habitants) pour fin d’urbanisation est insuffisante. Les dirigeants de Saint-Léonard et le gouvernement s’accordent à prétendre que l’axe de développement de la municipalité se fera autour du pont international, des gares de chemin de fer et des bâtiments des sociétés ferroviaires. Ils n’hésitent pas à incorporer le territoire. L’acte d’incorporation de la ville de Saint-Léonard stipule que la municipalité «shall be divided into three wards; and there shall be two aldermen elected for each ward at every election of aldermen» Le maire est élu au suffrage universel c’est à dire par la totalité des électeurs. Les procès-verbaux sont rédigés en français et toutes les rues de la ville sont maintenant sous leur vocable français. Saint- Léonard, depuis le début du siècle, connaît une période de prospérité intense qui se termine avec la crise et la dépression des années 1930. Cette situation entraîne le départ d’une bonne partie de sa population vers des centres qui offre plus

47 d’opportunités. La reprise d’activités économiques ont permis à Saint-Léonard d’évoluer comme une municipalité bien gérée et intégrée aujourd’hui aux systèmes provinciaux et fédéraux canadiens selon les statalismes de ces institutions. Le territoire du Madawaska situé sur la rive sud de la rivière Saint-Jean devenu américain en 1842, après avoir été partagé en trois arrondissements administratifs ou plantations, est annexé au comté d’Aroostook. Les plantations de Fort Kent, Madawaska et Van Buren autrefois Violette Brook avec chef-lieu à Houlton sont gérées par James Madigan. Pendant les premières années, il cumule toute les fonctions administratives du territoire. A mesure que les diverses localités pouvaient se charger de l’administration de leur propres affaires, il déléguait ses fonctions à de nouveaux citoyens. Chaque plantation a été pourvue d’une ou plusieurs écoles, d’un bureau de poste et de magistrats. En 1846, Joseph D. Cyr, riche cultivateur de Van Buren est élu député à la législature du Maine. Très tôt, après le passage de la frontière, plusieurs citoyens de la plantation de Van Buren ont été intégrés à la structure politique du Maine et ont participé aux décisions administratives du comté. En 1850,la population du Madawaska canadien et du comté d’Aroostook est de 6434 et dix ans plus tard elle passera à 8 500 (Albert, 1982, p. 236). Tout le territoire est prospère. L’exploitation forestière intense procure des emplois lucratifs aux ouvriers forestiers. La vente des produits de la ferme assure aux agriculteurs un revenu annuel intéressant. La plantation de Van Buren est le centre de toutes ces activités et devient en 1881, la Ville de Van Buren. Les premiers conseillers sont P.-C. Keegan, Antoine Viollette jr et Alexandre Viollette et le greffier John B. A Farrel. L’administration de cette ville est structurée selon le modèle américain et fonctionne dans la langue administrative du pays soit l’anglais. En 1900, cette ville de 1 878 habitants est devenue la métropole du Madawaska américain (Lapointe, 1989, p.254). Van Buren comme Saint-Léonard devient un centre industriel et commercial très actif (voir figure 12). Les importantes constructions ferroviaires et routières, le développement de l’industrie forestière permettent un important développement commercial. Plusieurs hôtels, restaurants et bars ouvrent sur les deux côtés de la rive afin d’accomoder les voyageurs. Les «gentlemen-farmers» se retirent de l’industrie agricole et deviennent commerçants. La population de Van Buren de 3 065 habitants en 1910, passe à 4 594 en 1920. Celle de Saint-Léonard augmente aussi. Les deux villes connaissent dans les années 1920 un boom économique remarquable qui sera d’une courte durée. La dépression des années 1930 et plusieurs autres facteurs secouent fortement la base économique des

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correspondant à celui qui prévalait dans les <strong>au</strong>tres cantons du <strong>Maine</strong>. La partie nord du<br />

Madawaska devient alors, une paroisse civile. Ainsi, il semble, que même avant la<br />

signature du traité de 1842, les Américains et les Britanniques se préparaient à<br />

une division frontalière ayant comme délimitation la rivière Saint-Jean.<br />

Ce n’est qu’en 1850, que la paroisse civile de Madawaska est divisée en quatre<br />

municipalités rurales: Madawaska, Saint-Basile, Saint-François et Saint-Léonard<br />

(Lapointe,1989, p.152). La rive nord de l’établissement de Grande-Rivière porte<br />

maintenant le nom de Saint-Léonard. Une nouvelle administration civile prend forme.<br />

La famille Coombes doit dorénavant partager, avec une vingtaine d’administrateurs, les<br />

pouvoirs qu’elle a monopolisés pendant 25 ans (Lapointe,1989).<br />

En 1873, une subdivision du comté de Victoria (N.-B.) crée un nouve<strong>au</strong> comté celui du<br />

Madawaska qui inclut tout le territoire du même nom. Chaque conseil de paroisse du<br />

Madawaska a droit à deux représentants <strong>au</strong> sein du conseil de comté. La paroisse de<br />

Saint-Léonard y est alors représentée. <strong>Le</strong>s règlements et les procédures du conseil<br />

sont officiellement acceptés en 1878 et sont rédigés en <strong>français</strong> et en anglais. Au début<br />

du XXe siècle, Saint-Léonard connaît une importante période de prospérité. Ses<br />

citoyens se dotent d’institutions et de services dignes d’une municipalité en pleine<br />

croissance économique. La grande paroisse de Saint-Léonard et sa mission de Saint-<br />

Antoine connaît une <strong>au</strong>gmentation de population. Avec ses 2 034 habitants Saint-<br />

Léonard obtient le statut de ville en 1921. Fait étrange, le territoire urbain n’inclut<br />

qu’une très minime partie de la paroisse <strong>au</strong> sein de la corporation municipale. Il n’a<br />

qu’un mille (1.6 km.) de largeur et un mille et demi (2.4 km.) de profondeur.<br />

L’incorporation exclut non seulement une grande partie de la paroisse de Saint-<br />

Léonard mais <strong>au</strong>ssi un secteur de la mission de Saint - Antoine. La population à<br />

l’intérieur du territoire réclamé (862 habitants) pour fin d’urbanisation est insuffisante.<br />

<strong>Le</strong>s dirigeants de Saint-Léonard et le gouvernement s’accordent à prétendre que l’axe<br />

de développement de la municipalité se fera <strong>au</strong>tour du pont international, des gares de<br />

chemin de fer et des bâtiments des sociétés ferroviaires. Ils n’hésitent pas à incorporer<br />

le territoire. L’acte d’incorporation de la ville de Saint-Léonard stipule que la<br />

municipalité «shall be divided into three wards; and there shall be two aldermen<br />

elected for each ward at every election of aldermen» <strong>Le</strong> maire est élu <strong>au</strong> suffrage<br />

universel c’est à dire par la totalité des électeurs. <strong>Le</strong>s procès-verb<strong>au</strong>x sont rédigés en<br />

<strong>français</strong> et toutes les rues de la ville sont maintenant sous leur vocable <strong>français</strong>. Saint-<br />

Léonard, depuis le début du siècle, connaît une période de prospérité intense qui se<br />

termine avec la crise et la dépression des années 1930. Cette situation entraîne le<br />

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