Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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entre le Québec et les États-Unis, b) de localiser la rivière Sainte-Croix et plus<br />
précisément sa source, c) enfin, d’identifier les plate<strong>au</strong>x highlands où la ligne devait<br />
faire angle pour rencontrer la source nord-ouest de la rivière Connecticut.<br />
La mise en place de la frontière <strong>au</strong> 45e parallèle a été un long processus car les étapes<br />
sont marquées par neuf traités et cinq accords internation<strong>au</strong>x. <strong>Le</strong>s litiges, soit <strong>au</strong> plan<br />
de la démarcation ou de celui de la délimitation, proviennent de l’obscurité des<br />
textes des traités mais <strong>au</strong>ssi des moyens rudimentaires de l’époque pour calculer la<br />
latitude ainsi que le caractère géographique des régions impliquées (Soucy, 1970,<br />
p. 60).<br />
Il f<strong>au</strong>t remontrer <strong>au</strong>x premières explorations pour replacer la frontière du 45e parallèle<br />
dans sa perspective historique. En 1604 Du Gua devait établir l’Acadie entre le 40e<br />
degré et le 46e degré de latitude nord <strong>au</strong> nom du roi de France. En 1606, la<br />
compagnie anglaise « Plymouth Company» <strong>au</strong>torisait des colons à s’établir en<br />
Amérique entre le 40e degré et le 45e degré de latitude nord. Ainsi, dès les débuts de<br />
la colonisation, la délimitation des territoires réservés à chacun prêtait déjà à confusion.<br />
En 1614, la Charte Hollandaise mentionne <strong>au</strong>ssi le 45e parallèle comme limite<br />
(Soucy,1970, p. 49). De 1713 à 1763, la Grande-Bretagne et ses colonies américaines<br />
revendiquaient des territoires s’étendant jusqu’<strong>au</strong> Saint-L<strong>au</strong>rent. À partir de la<br />
proclamation de 1763, le 45e parallèle est toujours mentionné comme limite<br />
administrative entre le Canada et les États-Unis.<br />
Après la révolution américaine, la Grande-Bretagne doit réviser sa position. En effet,<br />
avec la signature de la paix entre les États-Unis et la Grande-Bretagne à Versailles en<br />
1783, la Grande Bretagne se retrouvait, par rapport <strong>au</strong>x revendications américaines,<br />
dans le camp opposé. Elle réclame maintenant, pour le Québec et ses colonies dans le<br />
territoire actuel des Maritimes, des frontières qui s’étendent le plus <strong>au</strong> sud possible.<br />
<strong>Le</strong>s litiges frontaliers entre le <strong>Maine</strong> et le Nouve<strong>au</strong>-Brunswick, qui relève de cette<br />
étude, trouveront des solutions que trois traités plus loin.<br />
<strong>Le</strong> « Jay Treaty» ou le Traité de Londres (1794) prévoyait la création d’une<br />
Commission chargée d’examiner la géographie locale et de déterminer l’application du<br />
Traité de 1783. La Commission s’est limitée à chercher la source de la rivière Sainte-<br />
Croix entre le <strong>Maine</strong> et le Nouve<strong>au</strong>-Brunswick, sans grand succès d’ailleurs.<br />
<strong>Le</strong> Traité de Gand (1814) devait <strong>au</strong>ssi régler de façon définitive le problème des<br />
frontières décrites dans le traité de 1783. Après avoir siégé pendant cinq ans, les<br />
membres ne purent s’accorder sur <strong>au</strong>cune des questions <strong>au</strong>xquelles ils s’étaient<br />
attaqué, ni même présenter une carte montrant les régions contestées (Soucy,1970,<br />
p. 68).