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Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine

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L’origine de ces contestations frontalières se trouve dans l’ambiguïté du Traité de<br />

Versailles (1783). Mal définie par ce traité, et en dépit des efforts déployés lors de<br />

l’élaboration du Traité de Jay (1794) et du Traité de Gand (1814), la frontière<br />

américaine entre le Nouve<strong>au</strong>-Brunswick et le <strong>Maine</strong> reste toujours imprécise. <strong>Le</strong><br />

deuxième article du Traité de Versailles est ainsi conçu:<br />

«Afin de pouvoir éviter toutes disputes qui pourraient surgir à l’avenir <strong>au</strong> sujet des frontières<br />

des dits États-Unis, il est par les présentes convenu et arrêté que les dites frontières sont et<br />

seront comme suit:<br />

À partir de l’angle nord-ouest de la Nouvelle-Écosse, c’est-à-dire de cet angle formé par une<br />

ligne tracée, dans la direction nord, de la source de la rivière Sainte-Croix, <strong>au</strong>x plate<strong>au</strong>x ou<br />

terres h<strong>au</strong>tes (Highlands), et de là le long du faîte qui sépare le bassin des rivières qui se<br />

jettent dans le fleuve Saint-L<strong>au</strong>rent, de celui des rivières se jetant dans l’Océan Atlantique,<br />

jusqu’à la source la plus <strong>au</strong> nord-ouest de la rivière Connecticut; de là, suivant le milieu de ce<br />

cours d’e<strong>au</strong> jusqu’<strong>au</strong> 45e degré de latitude nord» (Albert,1982 p. 197)<br />

Ce texte imprécis est la base des contestations frontalières qui s’étaleront sur une<br />

période de plus de 150 ans. Cet article du Traité de Versailles sera interprété de<br />

manière différente par les pays signataires. D’après Soucy, il reprenait presque mot à<br />

mot les termes de la Proclamation Royale de 1763, créant le territoire du Bas-Canada,<br />

et ceux de l’Acte de Québec de 1774. <strong>Le</strong>s signataires du Traité ne semblaient pas<br />

connaître très bien le territoire. De plus, le contexte politique est maintenant différent.<br />

En 1783, les treize colonies anglaises se détachent de la métropole anglaise pour<br />

former un pays, les États-Unis. L’établissement d’une frontière précise entre les États-<br />

Unis et les colonies britanniques plus <strong>au</strong> nord devenait nécessaire afin d’éviter les<br />

conflits.<br />

<strong>Le</strong>s Américains soutenaient que la reproduction des limites mentionnées <strong>au</strong> Traité de<br />

Paris dans le Traité de Versailles impliquait la conservation des anciennes limites<br />

franco-anglaises d’avant la cession du Canada, et que par conséquent, le Madawaska<br />

primitif et les parties méridionales des comtés de Rimouski, Témiscouata, Kamouraska,<br />

l’Islet, Montmagny et Bellechasse étaient inclus dans le territoire américain.<br />

L’Angleterre ne pouvait accepter ces limites car en excluant de son territoire la rivière<br />

Saint-Jean, elle perdait un moyen de communication important entre le Québec et ses<br />

colonies sur le territoire actuel des Maritimes. Elle identifiait les h<strong>au</strong>teurs dont parle le<br />

traité avec le « Mars Hill», mont situé à 20 milles (33 km.) <strong>au</strong> sud de la rivière<br />

Aroostook. De là, la frontière suivait la direction ouest jusqu’<strong>au</strong>x limites du Bas-Canada.<br />

Ceci donnait <strong>au</strong> Canada la moitié du comté d’Aroostook ( voir figure 10).<br />

Pour établir la frontière entre les deux pays, selon le Traité de Versailles, il devenait<br />

nécessaire d’établir où passait, dans le territoire en litige, a) le 45e parallèle frontière

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