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Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine

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catholiques irlandaises et une quinzaine de familles protestantes. La population totale<br />

de Grande-Rivière, <strong>au</strong> moment de la délimitation frontalière, était d’environ<br />

650 personnes, répartie également sur les deux rives.<br />

L’ÉTABLISSEMENT DE LA FRONTIÈRE CANADO-AMÉRICAINE<br />

<strong>Le</strong>s conflits frontaliers<br />

<strong>Le</strong> Madawaska, localisé à la limite du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick, des États-Unis et du Bas-<br />

Canada, a vu, <strong>au</strong> XIXe siècle, son territoire convoité par ces trois gouvernements. <strong>Le</strong>s<br />

ambiguïtés frontalières ont créé des conflits qui ont eu des effets directs sur le<br />

développement social, politique, économique et géographique du Madawaska et<br />

particulièrement sur celui de la colonie de Grande-Rivière.<br />

En 1785, <strong>au</strong> moment de la colonisation du Madawaska, il n’existe <strong>au</strong>cune<br />

juridiction civile sur le territoire en question. L’arrivée des Acadiens ne tarde pas à<br />

soulever un problème de juridiction entre Québec et Fredericton. En 1787, chacun<br />

de ces deux gouvernements envoie des arpenteurs pour fixer définitivement les<br />

frontières entre les deux territoires. Georges Sproule, arpenteur général du<br />

gouvernement de Fredericton, propose de placer la borne entre le lac Témiscouata et<br />

le fleuve Saint-L<strong>au</strong>rent, sur les h<strong>au</strong>teurs de Saint-Honoré. Samuel Holland, l’arpenteur<br />

de Québec, propose d’inclure tout le Madawaska dans le Bas-Canada, en fixant la<br />

limite <strong>au</strong>x Grandes-Chutes, soit à 12 milles (19 km) <strong>au</strong> sud de Grande-Rivière.<br />

<strong>Le</strong>s opinions des deux parties sont tellement divergentes qu’<strong>au</strong>cune entente n’est<br />

possible. La double juridiction administrative <strong>au</strong> Madawaska reste donc une source de<br />

confusion et de conflits. De plus, les États-Unis, profitant de l’absence de juridiction<br />

dans le territoire en litige, envahissent graduellement le domaine forestier de la rivière<br />

Saint-Jean. <strong>Le</strong> Nouve<strong>au</strong>-Brunswick, qui avait depuis 1785 colonisé une partie du<br />

territoire, voit l’État du <strong>Maine</strong> lui contester le droit exclusif de la coupe des arbres.<br />

L’historien Thomas Albert nous décrit bien la situation conflictuelle qui existe <strong>au</strong><br />

Madawaska de 1815 à 1842. Plusieurs recensements effectués par les trois partis<br />

concernés tentent d’affirmer la juridiction de chacun sur le territoire contesté. «Une<br />

série d’émeutes, de provocations, de protestations, de proclamations et de contreproclamations<br />

déclamatoires, et souvent ridicules, de mobilisations et de<br />

démobilisations, tant dans le Nouve<strong>au</strong>-Brunswick que dans le <strong>Maine</strong> ont conduit les<br />

États-Unis et l’Angleterre à deux doigts d’une guerre sanglante » (Albert, 1982, p.196).

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