Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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(Albert, 1982) (voir figure 6). <strong>Le</strong> Madawaska a été fréquenté, depuis l’époque des<br />
premiers établissements en Acadie, par des coureurs des bois ou des trappeurs. Ces<br />
derniers faisaient le commerce des fourrures dans les nombreux postes de traite<br />
construits le long de la rivière Saint-Jean. Ces postes servaient <strong>au</strong>ssi de relais pour les<br />
courriers. Car dès l’époque de la colonisation <strong>français</strong>e, la région du Madawaska<br />
constituait un lien important entre l’Acadie et Québec. <strong>Le</strong>s courriers remontaient la<br />
rivière Saint-Jean jusqu’à l’embouchure de la rivière Madawaska et celle-ci jusqu’<strong>au</strong> lac<br />
Témiscouata. De là, ils rejoignaient le Saint-L<strong>au</strong>rent par le sentier du Grand-Portage.<br />
En 1683, les <strong>au</strong>torités <strong>français</strong>es de Québec créèrent, la «Seigneurie du Madouesca»<br />
située sur le lac Témiscouata, la rivière Madawaska et la vallée de la Saint-Jean (Albert<br />
1982, p.200). Par la suite, quelques colons <strong>français</strong> s’établiront en divers points de la<br />
rivière Saint-Jean et s’y maintiendront jusqu’à la conquête du territoire par les Anglais,<br />
(1758-1759), date à laquelle ils seront expulsés et devront se réfugier dans les bois<br />
avoisinants, la basse vallée du Saint-L<strong>au</strong>rent ou à Québec et ses environs.<br />
À la fin de 1763, plusieurs futurs fondateurs du Madawaska étaient prisonniers<br />
politiques en Nouvelle-Angleterre telles les familles Cyr, Cormier, Bourgoin, Mazerolle,<br />
Saindon,Théri<strong>au</strong>lt, Thibode<strong>au</strong>. Quelques <strong>au</strong>tres s’étaient réfugiés sur les rives du<br />
Saint-L<strong>au</strong>rent de Québec à Cacouna. Parmi ces derniers, on retrouve quelques<br />
membres des familles Cyr, Cormier, Daigle, Hébert (originaires de Be<strong>au</strong>bassin),<br />
Fournier et Mercure (Albert, 1982, p.71). Plusieurs familles déportées <strong>au</strong><br />
Massachusetts et quelques réfugiés sortis des bois du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick se<br />
joignirent à eux. Éventuellement, ces familles allèrent s’établir dans la basse vallée<br />
de la rivière Saint-Jean. Certains choisirent la région située à quelques milles <strong>au</strong>dessus<br />
du Fort Frédéric (Sainte-Anne) et s’étendant sur un parcours d’une<br />
cinquantaine de milles, d’Ocmocto à Meductic, non loin de Woodstock. <strong>Le</strong>s <strong>au</strong>tres<br />
s’établirent <strong>au</strong> village de Kennébécassis dans la région de la ville de Saint-Jean<br />
(Arsen<strong>au</strong>lt, 1965, p. 318). À peine installés dans les anciens villages de la région de<br />
Sainte-Anne et de la Kennébécassis, un événement historique, la guerre de<br />
l’indépendance américaine, c<strong>au</strong>se un <strong>au</strong>tre dérangement.La victoire des Patriotes<br />
provoque l’émigration de 30 000 Loyalistes en Nouvelle-Écosse dont le territoire inclut<br />
le Nouve<strong>au</strong>-Brunswick actuel. Pas moins de 10 000 d’entre eux viennent se joindre à<br />
plusieurs familles anglaises et acadiennes déjà établies dans la basse vallée de la<br />
rivière Saint-Jean, de son embouchure à Woodstock (voir figure 7).<br />
<strong>Le</strong>s quelques concessions octroyées <strong>au</strong>x Acadiens sont dispersées parmi les<br />
établissements des Anglais et des Loyalistes. Inconfortables dans un contexte<br />
d’harcèlement et de persécution, et incapables de se grouper en commun<strong>au</strong>tés