Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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dirigeants proposent <strong>au</strong>x catholiques de passer à la religion protestante. Essuyant un<br />
refus, les dirigeants anglais rendent obligatoire le serment d’allégeance. Dès lors, la<br />
situation politique précaire des Acadiens ainsi qu’un climat hostile et tendu provoquent<br />
l’exode de 6 000 d’entre eux vers les régions limitrophes de l’Acadie anglaise. Certains<br />
iront s’établir dans la région de la basse vallée de la rivière Saint-Jean toujours<br />
<strong>français</strong>e selon les Français. En 1755, les Anglais passent à l’offensive. Commandée<br />
par Lawrence, gouverneur de la Nouvelle-Écosse, une déportation massive éliminera la<br />
plupart des Acadiens de ce territoire (Roy, 1978).<br />
En 1758, Lawrence s’attaque à la basse vallée de la rivière Saint-Jean. Il y envoie<br />
Monkton et 300 hommes. Ils brûlent, saccagent et raflent tout ce qu’ils peuvent<br />
jusqu’à dix lieues en aval de Sainte-Anne. L’année suivante la commun<strong>au</strong>té de Sainte-<br />
Anne est complètement saccagée. On brûle 147 maisons et deux églises, on tue les<br />
femmes et les enfants et on emmène plusieurs prisonniers, destinés <strong>au</strong>x prisons<br />
d’Europe, à Halifax. «Nous avons tout détruit» se vante Monkton «ils ne pourront<br />
subsister» proclame Amherst (L<strong>au</strong>vrière, 1922, T.II p.404). Ils subsistèrent en fuyant<br />
plus h<strong>au</strong>t cachés par les Malécites dans les forêts du Madawaska ou hébergés chez<br />
les Canadiens dans la région du lac Témiscouata.<br />
Vers le Madawaska<br />
La paix revient en 1763. L’Acadie est perdue. <strong>Le</strong>s Acadiens sont dispersés partout : sur<br />
les côtes de la Nouvelle-Angleterre, <strong>au</strong> Canada, en France, dans les prisons<br />
d’Angleterre, dans les îles du Golfe Saint-L<strong>au</strong>rent, à Terre-Neuve, en Louisiane et<br />
même en Guyane <strong>français</strong>e. Certains restent en terre d’exil mais plusieurs reviennent<br />
s’installer dans la région que l’on appelle <strong>au</strong>jourd’hui les Maritimes et principalement<br />
<strong>au</strong> Nouve<strong>au</strong>-Brunswick. Ils se sont établis dans la région de Memramcook, dans le<br />
sud-est et sur la côte est de la province du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick ainsi que<br />
temporairement dans la basse vallée de la rivière Saint-Jean sur sa rive sud. Plus<br />
tard, ils iront coloniser la h<strong>au</strong>te vallée de la Saint-Jean soit le Madawaska (L<strong>au</strong>rivière,<br />
1922 p.55).<br />
Avant les découvertes européennes le Madawaska était le pays des Mismacs et des<br />
Malécites, deux tribus de la nation des Abénaquis et de la confédération algonquine.<br />
<strong>Le</strong>s Malécites ont choisi comme territoire toute la vallée de la Saint-Jean, du Grand-<br />
S<strong>au</strong>lt jusqu’<strong>au</strong>x Sept-Isles et la vallée du la Témiscouata. <strong>Le</strong>s Micmacs ou les<br />
Madawaskaks qui habitaient <strong>au</strong>ssi le pays des porcs-épics; «madawes» pork-epic et<br />
«kak» lieu en micmac, origine du mot Madawaska, choisiront plutôt les Maritimes