Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine

Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine

francomaine.org
from francomaine.org More from this publisher
05.04.2013 Views

8 L’étude de cas multiples a aussi permis, au chapitre deuxième ayant pour titre De Grande-Rivière à deux villes et deux pays, une analyse comparative de l’évolution des deux villes de 1842 à 1999. Des recherches livresques et documentaires feront ressortir les disparités des orientations culturelles des institutions religieuses et éducatives qu’ont connues les deux villes depuis leur séparation. La frontière politique détermine les disparités dans les systèmes institutionnels des États qu’elle sépare. Ces disparités interviennent à des degrés et à des temps différents dans la disparité des univers culturels des deux villes jumelles. Ce sont elles qui confirmeront la présence de statalismes culturels différents dans les deux villes jumelles et conséquemment la distinction de comportements culturels propres à chacune des populations de Grande-Rivière. La réalisation du chapitre suivant: Van Buren et Saint-Léonard aujourd’hui a exigé deux types de recherche: l’enquête sous forme d’entrevues ainsi que l’observation directe et participante. Ces moyens ont servi à rassembler des données relatives à la présence, à la fréquence ou à l’absence, chez les deux populations, de certains comportements culturels et habitudes de vie considérés comme les effets des statalismes intégrateurs des deux pays. Une analyse qualitative tentera de mettre en évidence les différentes manifestations culturelles des populations des deux villes. Des grilles d’analyse seront employées pour traiter les données recueillies par l’observation sur le terrain et les entrevues. La méthodologie de recherche employée et le choix des instruments d’analyse permettront l’interprétation de l’information factuelle et détermineront si les habitudes de vie, les significations, le sens des valeurs et les comportements des populations des deux villes sont aujourd’hui, semblables ou distincts.

9 CHAPITRE-1 De l’Acadie au Madawaska 1604-1842 UN PEU D’HISTOIRE Le chapitre premier de ce mémoire est une rétrospective historique de l’Acadie et de la colonisation du Madawaska. Divisé en plusieurs thèmes, il couvre les étapes importantes de l’histoire de l’Acadie, celle des fondateurs des établissements du Madawaska et particulièrement celle de la communauté de Grande-Rivière. Cette rétrospective historique a pour but de démontrer l’origine des Acadiens fondateurs des établissements du Madawaska ainsi que les raisons de leur migration vers cette région sans frontière définie. Il décrit aussi les conflits provoqués par le manque de frontières précises dans ce territoire et les répercussions de la délimitation entre le Maine et le Nouveau-Brunswick établie en 1842. Le XVIe siècle est celui des découvertes. Explorateurs, navigateurs, géographes, aventuriers traversent l’océan Atlantique et cherchent un passage vers la Chine. Ils trouvent plutôt des paysages inconnus, des territoires à exploiter, des terres à coloniser et surtout un pays nordique, peuplé d’Amérindiens disposés à faire la traite des fourrures. Ce commerce de fourrures devait devenir le moyen de financer la colonisation des nouveaux territoires de l’Amérique du nord. C’est ainsi, qu’en 1604, un marchand protestant, Pierre du Gua, sieur de Monts et Samuel de Champlain avaient obtenu le droit de s’établir sur un territoire s’étendant du 40e degré au 46e degré latitude sur la côte de l’Atlantique. Ils fondèrent sur les confins du Nouveau-Brunswick actuel à l’Ile Sainte-Croix, le premier établissement français en Amérique. C’est aussi, au Nouveau-Brunswick à l’embouchure de la rivière Saint-Jean, que Charles de Latour bâtit son fort que se disputèrent farouchement les Anglais et les Français. Aulnay a aussi bâti le fort Geimsick (Jemseg) cinquante milles plus haut sur la Saint-Jean, que Temple a utilisé comme poste de traite dans les années 1659 ( Roy, 1978, p118) (voir figures 2-3). Au temps de l’occupation française (1670-1713), le gouverneur de la Nouvelle-France accorda, à des nobles d’origine française, plusieurs concessions presque toutes situées sur les rives de la rivière Saint-Jean (voir figure 4). Une douzaine de nobles avaient alors des droits territoriaux dans cette belle et fertile région où vivaient les Malécites dans leur campement d’Aukpaque ou Ecouipagah près de Méductic. Après la prise de Port-Royal (1690-1700), cette région devint le lieu de résidence des

9<br />

CHAPITRE-1<br />

De l’Acadie <strong>au</strong> Madawaska<br />

1604-1842<br />

UN PEU D’HISTOIRE<br />

<strong>Le</strong> chapitre premier de ce mémoire est une rétrospective historique de l’Acadie et de la<br />

colonisation du Madawaska. Divisé en plusieurs thèmes, il couvre les étapes<br />

importantes de l’histoire de l’Acadie, celle des fondateurs des établissements du<br />

Madawaska et particulièrement celle de la commun<strong>au</strong>té de Grande-Rivière. Cette<br />

rétrospective historique a pour but de démontrer l’origine des Acadiens fondateurs des<br />

établissements du Madawaska ainsi que les raisons de leur migration vers cette région<br />

sans frontière définie. Il décrit <strong>au</strong>ssi les conflits provoqués par le manque de frontières<br />

précises dans ce territoire et les répercussions de la délimitation entre le <strong>Maine</strong> et le<br />

Nouve<strong>au</strong>-Brunswick établie en 1842.<br />

<strong>Le</strong> XVIe siècle est celui des découvertes. Explorateurs, navigateurs, géographes,<br />

aventuriers traversent l’océan Atlantique et cherchent un passage vers la Chine. Ils<br />

trouvent plutôt des paysages inconnus, des territoires à exploiter, des terres à<br />

coloniser et surtout un pays nordique, peuplé d’Amérindiens disposés à faire la traite<br />

des fourrures. Ce commerce de fourrures devait devenir le moyen de financer la<br />

colonisation des nouve<strong>au</strong>x territoires de l’Amérique du nord. C’est ainsi, qu’en 1604, un<br />

marchand protestant, Pierre du Gua, sieur de Monts et Samuel de Champlain avaient<br />

obtenu le droit de s’établir sur un territoire s’étendant du 40e degré <strong>au</strong> 46e degré<br />

latitude sur la côte de l’Atlantique. Ils fondèrent sur les confins du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick<br />

actuel à l’Ile Sainte-Croix, le premier établissement <strong>français</strong> en Amérique. C’est <strong>au</strong>ssi,<br />

<strong>au</strong> Nouve<strong>au</strong>-Brunswick à l’embouchure de la rivière Saint-Jean, que Charles de Latour<br />

bâtit son fort que se disputèrent farouchement les Anglais et les Français. Aulnay a<br />

<strong>au</strong>ssi bâti le fort Geimsick (Jemseg) cinquante milles plus h<strong>au</strong>t sur la Saint-Jean, que<br />

Temple a utilisé comme poste de traite dans les années 1659 ( Roy, 1978, p118) (voir<br />

figures 2-3).<br />

Au temps de l’occupation <strong>français</strong>e (1670-1713), le gouverneur de la Nouvelle-France<br />

accorda, à des nobles d’origine <strong>français</strong>e, plusieurs concessions presque toutes<br />

situées sur les rives de la rivière Saint-Jean (voir figure 4). Une douzaine de nobles<br />

avaient alors des droits territori<strong>au</strong>x dans cette belle et fertile région où vivaient les<br />

Malécites dans leur campement d’Aukpaque ou Ecouipagah près de Méductic. Après<br />

la prise de Port-Royal (1690-1700), cette région devint le lieu de résidence des

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!