Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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LE BOOTLEGGING<br />
À l’époque de la prohibition, l’industrie forestière produisait <strong>au</strong> maximum, l’économie<br />
commerciale était très active et les contrebandiers des deux villes s’enrichissaient et<br />
vivaient dans un monde secret, des émotions vives dignes du «Far West»<br />
(Lapointe,1989, p. 277). Au début du siècle, <strong>au</strong> Nouve<strong>au</strong>-Brunswick, les boissons<br />
alcoolisées se vendaient dans les commerces qui détenaient un permis du<br />
gouvernement. Ce dernier, facile à obtenir, permettait à un grand nombre<br />
d’établissements de faire ce commerce très lucratif. Aussi, à cette époque la<br />
production et la consommation de boissons alcoolisées n’était pas illégale. L’abus de<br />
consommation était grande <strong>au</strong> dire du clergé et des tempérants. Ces derniers ont<br />
réclamé que des mesures soient prises afin d’obtenir une certaine modération dans la<br />
consommation.<br />
Durant le Première Guerre mondiale, un mouvement protestataire est lancé afin d’abolir<br />
la production d’alcool. Des ligues antialcooliques sont fondées, le clergé et la<br />
population protestent et obligent le gouvernement du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick à voter, le<br />
1er mai 1917, la loi dite «Acte pour la suppression du trafic des boissons alcooliques<br />
enivrantes». Cette loi prohibe la vente de boissons alcooliques partout dans la<br />
province, s<strong>au</strong>f si l’acheteur présente une ordonnance médicale. Ce mouvement de<br />
tempérance s’étend sur tout le territoire nord-américain car la même année les<br />
Américains ont <strong>au</strong>ssi voté pour la prohibition. Dès que la loi est appliquée les bars se<br />
vident mais l’habitude de boire n’est pas disparue. C’est alors que commence une<br />
période de contrebande de boissons alcooliques <strong>au</strong> Canada et <strong>au</strong>x États-Unis.<br />
Saint-Léonard, est un important carrefour de voies routières et ferroviaires . Cette ville<br />
localisée à la frontière canado-américaine, devient alors, un point central d’opérations<br />
locales et internationales.<br />
L’industrie de la distillation a commencé très tôt dans ce secteur. Déjà, en 1831, sur la<br />
rive sud de Grande-Rivière, W. McRea possède une distillerie. De plus, les habitants<br />
de Grande-Rivière, éloignés des grands centres, ont pris l’habitude de fabriquer bière,<br />
cidre et vin. D'ailleurs, bien avant les années de la prohibition, Saint-Léonard et sa<br />
jumelle Van Buren avaient leur propre quartier de bootleggers. Aussitôt. que la loi de<br />
1917 est mise en vigueur, les producteurs des deux côtés de la rivière <strong>au</strong>gmentent. On<br />
retrouve partout dans les deux villes des alambics clandestins, que ce soit dans les