Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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statalisme manifeste chez les individus d’un État des attitudes, des comportements et<br />
des significations communes qu’ils partagent.<br />
L’intégration territoriale et administrative s’est <strong>fait</strong> be<strong>au</strong>coup plus rapidement du côté<br />
américain que du côté canadien. Dès 1844, les nouve<strong>au</strong>x sujets américains reçoivent<br />
les titres lég<strong>au</strong>x de leur propriété et sont inclus dans le système administratif de l’État<br />
du <strong>Maine</strong>. Deux ans plus tard, Joseph D. Cyr de Van Buren est élu à l’Assemblée<br />
législative du <strong>Maine</strong>. Du côté de Saint-Léonard la situation a été différente, la<br />
population de langue <strong>français</strong>e devra attendre plus de dix ans avant d’obtenir les titres<br />
de leur propriété et plus de cinquante ans avant de participer à la vie politique. Ce<br />
n’est qu’en 1908 que l’un des leurs, Charles L.Cyr de Saint-Léonard siègera à<br />
l’Assemblée législative du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick.<br />
L’intégration diocésaine et paroissiale a été moins rapide. Après le traité de 1842, la<br />
paroisse de St.Bruno a continué à déservir les population des deux rives durant une<br />
période de 27 ans. Ce n’est qu’en 1869, que la paroisse de St.Bruno appartenant dès<br />
lors <strong>au</strong> diocèse de Portland est limitée <strong>au</strong> côté américain. Une nouvelle paroisse, Saint-<br />
Léonard-de-Port-M<strong>au</strong>rice du diocèse de Chatham, localisée sur la rive nord, déservira<br />
dorénavant la population catholique de Saint-Léonard. Ainsi a commencé une vie de<br />
paroisse et une vie sociale propre à chacune des populations de Van Buren et de<br />
Saint-Léonard.<br />
L’intégration des deux populations dans leur propre système scolaire, américain pour la<br />
population de Van Buren et canadien pour celle de Saint-Léonard, s’est <strong>fait</strong>e<br />
graduellement et a grandement contribué à les différencier, l’une de l’<strong>au</strong>tre.<br />
L’application de statalismes linguistiques différents du côté américain et du côté<br />
canadien ont largement contribué à une raréfaction du <strong>français</strong> à Van Buren et à un<br />
bilinguisme reconnu à Saint-Léonard. En plus d’une assimilation linguistique, la<br />
population acado-canadienne de Van Buren s’est américanisée dans un système<br />
éducationnel mettant en valeurs les <strong>fait</strong>s américains soit par l’histoire des États-Unis,<br />
soit par la littérature américaine, soit par les sciences. Graduellement, la population de<br />
Van Buren formée dans les institutions éducationnelles américaines s’est<br />
culturellement américanisée et s’est distancée de la culture canadienne.<br />
<strong>Le</strong>s différentes contraintes statales imposées, depuis 1842, par les institutions des<br />
deux pays, à chacune de leur population les ont rendues distinctes. Aujourd’hui,<br />
chacune des populations évolue dans un monde symbolique particulier, emploie des<br />
systèmes différents, soit métrique ou britannique, soit celsius ou farhrenheit et<br />
fonctionne avec une heure de décalage. De plus, l’odonymie et la célébration des<br />
jours fériés à des dates différentes valorisant des personnages particuliers dénotent