Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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100 L’enquête de Marie-Claude Dupont, sur les habitudes de vie des deux sociétes, est aussi déterminante. En plus de souligner les différences linguistiques; l’anglais langue première à Van Buren et le bilinguisme à Saint-Léonard, l’enquête confirme que le choix des programmes de télévision, de radio et d’écoute des nouvelles de chaque population les identifent à leur propre pays. Le même phénomène existe dans le choix des sports pratiqués. C’est-à-dire, le hockey chez les Canadiens et le ballon panier chez les Américains. Les habitudes de lecture des résidents de chacune des deux villes sont aussi une preuve qu’ils ont une identité qui leur est propre. L’enquête a aussi démontré que la majorité des personnes interrogées et leurs enfants ont étudié dans les villes qu’elles habitent. Les deux populations sont intégrées dans leur propre système scolaire. Le choix des destinations vacances est aussi probant: à Van Buren la majorité les passe dans le Maine, alors qu’à Saint-Léonard, on les passe au Nouveau- Brunswick. L’étude confirme aussi que toutes les personnes questionnées, de part et d’autre de la frontière, font leurs achats, utilisent les services santé ainsi que les services professionnels dans leur propre pays. Les particularismes des institutions politiques, juridiques et culturelles des deux États ont aussi différencié certains comportements chez les individus des deux villes. Les populations des deux rives sont donc distinctes. D’ailleurs, la majorité des répondants s’identifient différemment. À Van Buren, les répondants se disent Franco-Américains et à Saint-Léonard, Brayons ou Canadiens.
101 CONCLUSION Deux villes distinctes Grande-Rivière, depuis sa fondation (1789) à la mise en place de la frontière canadoaméricaine (1842), était une communauté acado-canadienne, formée de deux entités égales sur le plan territorial et démographique, reliée par la rivière Saint-Jean et gérée par un seul pouvoir politique. Cette même rivière, lors de la mise en place de la frontière, a séparé Grande-Rivière en deux sections permettant ainsi la formation de deux communautés jumelles identiques; l’une américaine et l’autre canadienne. Dès 1842, une immédiate intégration territoriale a différencié les populations des deux communautés. Les résidents de la rive sud de Grande-Rivière sont devenus citoyens américains membres de la République Américaine et les résidents de la rive nord sont restés britanniques et devenus canadiens, en 1867 et membres de la Fédération Canadienne. Ensuite, progressivement les deux villes ont été reliées à leur propre réseau de communications terrestres et aériennes, de télécommunications et de distribution énergétique et fonctionnent depuis, indépendamment, l’une de l’autre. Les deux villes ont chacune leur propre administration municipale et paroissiale. Van Buren est administrée selon la formule américaine en anglais seulement. Saint- Léonard opère selon la formule canadienne dans les deux langues. Les catholiques de Saint-Léonard appartiennent à la paroisse francophone de Saint-Antoine du diocèse d’Edmundston N.-B., alors que, les catholiques de Van Buren appartiennent à la paroisse anglophone de St.Bruno-St.Rémi du diocèse de Portland Me. Après, une intégration territoriale, administrative et politique les deux sociétés ont évolué en s’intégrant graduellement dans des institutions aux idéologies statales quelque peu différentes. Selon le concept de Jacques Pohl, c’est cette appartenance institutionnelle qui a différencié les deux sociétés. Ainsi, pour Jacques Pohl, le statalisme, «s’applique à tout fait de signifi- cation ou de comportement observable dans un État, quand il est arrêté ou nettement raréfié au passage d’une frontière». Le statalisme est donc un phénomène universel propre à un État circonscrit par ses frontières, observable comme faits ou système de signification et de comportement. Il inclut, les contraintes particulières imposées par un État à sa population et par ce fait différencie cette population de celle d’un État voisin. Le
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Deux villes distinctes<br />
Grande-Rivière, depuis sa fondation (1789) à la mise en place de la frontière canadoaméricaine<br />
(1842), était une commun<strong>au</strong>té acado-canadienne, formée de deux entités<br />
égales sur le plan territorial et démographique, reliée par la rivière Saint-Jean et gérée<br />
par un seul pouvoir politique. Cette même rivière, lors de la mise en place de la<br />
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deux commun<strong>au</strong>tés jumelles identiques; l’une américaine et l’<strong>au</strong>tre canadienne. Dès<br />
1842, une immédiate intégration territoriale a différencié les populations des deux<br />
commun<strong>au</strong>tés. <strong>Le</strong>s résidents de la rive sud de Grande-Rivière sont devenus citoyens<br />
américains membres de la République Américaine et les résidents de la rive nord sont<br />
restés britanniques et devenus canadiens, en 1867 et membres de la Fédération<br />
Canadienne. Ensuite, progressivement les deux villes ont été reliées à leur propre<br />
rése<strong>au</strong> de communications terrestres et aériennes, de télécommunications et de<br />
distribution énergétique et fonctionnent depuis, indépendamment, l’une de l’<strong>au</strong>tre.<br />
<strong>Le</strong>s deux villes ont chacune leur propre administration municipale et paroissiale. Van<br />
Buren est administrée selon la formule américaine en anglais seulement. Saint-<br />
Léonard opère selon la formule canadienne dans les deux langues. <strong>Le</strong>s catholiques de<br />
Saint-Léonard appartiennent à la paroisse francophone de Saint-Antoine du diocèse<br />
d’Edmundston N.-B., alors que, les catholiques de Van Buren appartiennent à la<br />
paroisse anglophone de St.Bruno-St.Rémi du diocèse de Portland Me.<br />
Après, une intégration territoriale, administrative et politique les deux sociétés ont<br />
évolué en s’intégrant graduellement dans des institutions <strong>au</strong>x idéologies statales<br />
quelque peu différentes. Selon le concept de Jacques Pohl, c’est cette appartenance<br />
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Ainsi, pour Jacques Pohl, le statalisme, «s’applique à tout <strong>fait</strong> de signifi- cation ou de<br />
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passage d’une frontière». <strong>Le</strong> statalisme est donc un phénomène universel propre à un<br />
État circonscrit par ses frontières, observable comme <strong>fait</strong>s ou système de signification<br />
et de comportement. Il inclut, les contraintes particulières imposées par un État à sa<br />
population et par ce <strong>fait</strong> différencie cette population de celle d’un État voisin. <strong>Le</strong>