Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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3) <strong>Le</strong>s institutions culturelles<br />
<strong>Le</strong>s institutions culturelles varient d’un État à l’<strong>au</strong>tre. Elles incluent non seulement les<br />
arts et la musique mais également les religions, les sciences, la littérature et la langue<br />
et ce, quel que soit le pays. La science, les arts et la littérature sont devenus les<br />
symboles de la gloire et la supériorité des nations (Mackey,1988, p.29). La langue<br />
comme institution statale sert a intégrer et à unifier l’État. L’identité d’une langue<br />
nationale est considérée comme préalable à la formation d’un État. <strong>Le</strong>s Américains ont<br />
choisi l’anglais comme langue administrative. C’est l’anglais qui a servi et sert toujours<br />
comme instrument principal pour l’assimilation de ses minorités principalement par le<br />
système scolaire. Dès son jeune âge l’enfant est baigné dans un contexte anglais. Bien<br />
que la langue <strong>français</strong>e a survécu dans les familles de Van Buren, quand l’étudiant<br />
quitte la maison pour les écoles supérieures, l’usine ou les grandes villes, l’usage du<br />
<strong>français</strong> disparaît. Plusieurs citoyens de Van Buren sont restés dans cette ville et ont<br />
conservé la langue <strong>français</strong>e mais elle est devenue une langue seconde. La langue<br />
administrative étant l’anglais.<br />
Du côté canadien, le contexte est différent. Depuis 1969, le Canada a deux langues<br />
officielles le <strong>français</strong> et l’anglais. En 1981, le législateur provincial a adopté une Loi<br />
reconnaissant l’égalité des deux commun<strong>au</strong>tés linguistiques officielles du Nouve<strong>au</strong>-<br />
Brunswick. Saint-Léonard a donc une population plus francophone que celle de Van<br />
Buren. La majorité, soit 96.7% de la population, parle <strong>français</strong> et vit en <strong>français</strong><br />
(Roy,1993, p.198). <strong>Le</strong>s statalistes intégrateurs en matière linguistique ont <strong>fait</strong> leur<br />
oeuvre. Ils ont différencié les résidents de Saint-Léonard des résidents de Van Buren.<br />
<strong>Le</strong> présent chapitre affirme que les différentes contraintes statales imposées, depuis<br />
1842, par les institutions des deux pays à chacune de leur population les ont rendues<br />
distinctes. Il n’y a pas que l’usage de la langue qui les diffère mais plusieurs habitudes<br />
de vie, valeurs et comportements. Chacune des populations fonctionne dans son<br />
propre fuse<strong>au</strong> horaire, emploie soit le système métrique ou britannique, soit le système<br />
à l’échelle fahrenheit ou à l’échelle celsius. L’odonymie des deux villes, l’une axée sur<br />
l’accomplissement national et l’<strong>au</strong>tre sur l’accomplissement local dénote une différence<br />
dans le sens des valeurs chez les deux populations. Il en est de même de la<br />
célébration des jours fériés à des dates différentes et dédiée à des personnages ayant<br />
un sens que pour l’une ou pour l’<strong>au</strong>tre des populations. <strong>Le</strong> choix de symboles<br />
différents dans les deux sociétés confirme <strong>au</strong>ssi la présence de significations<br />
particulières chez les deux populations.