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(pyrénées atlantiques), par l'abbé bonnecaze - Amis du chemin de ...

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L’hospitalité envers les pèlerins <strong>de</strong> Compostelle se rencontre au Monastère <strong>de</strong> Cenarruza (étape 5), havre <strong>de</strong><br />

paix, <strong>de</strong> silence, <strong>de</strong> sérénité, au milieu d’un ensemble <strong>de</strong> bâtiments harmonieux : leur beauté impressionnante<br />

rési<strong>de</strong> tout entière dans la pureté, la simplicité et le dépouillement. Dans le cadre certes moins prestigieux <strong>de</strong> sa<br />

maison <strong>de</strong> famille, à Güemes, (étape 11), dans la « Cabanera <strong>de</strong>l Abuelo Peuto, » Don Ernesto accueille avec<br />

chaleur, générosité, compréhension et sympathie les pèlerins et les personnes en difficulté. Ce patriarche à la<br />

barbe fleurie et à l’œil pétillant <strong>de</strong> malice est souriant, bienveillant, charismatique et débordant d’énergie pour<br />

ai<strong>de</strong>r son prochain et soulager la misère <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

Le pèlerin va abandonner le Chemin <strong>de</strong> la Côte avec regret car cette <strong>de</strong>rnière étape va l’éblouir encore une<br />

fois avec une vision magnifique : en contrebas d’un <strong>chemin</strong> forestier, l’Eglise préromane <strong>de</strong> San Salvador <strong>de</strong><br />

Val<strong>de</strong>dios édifiée en 893 et l’architecture classique <strong>de</strong> l’imposant monastère <strong>de</strong> Santa Maria où les moines<br />

perpétuent la tradition d’accueil et d’hébergement (Etape 21).<br />

Après Sebrayo, je prends une décision cruciale au sens étymologique <strong>du</strong> terme et quitte définitivement le Chemin<br />

Maritime pour l’intérieur : autrefois <strong>de</strong>s cohortes <strong>de</strong> pèlerins abandonnaient le Camino Francès à la sortie<br />

<strong>de</strong> Leon pour rejoindre, non sans avoir d’abord franchi à grand peine à 1379 mètres le col <strong>de</strong> Pajares, OVIEDO<br />

dont la cathédrale construite à l’emplacement <strong>de</strong> l’église San Salvador abritait <strong>de</strong>s reliques inestimables à<br />

leurs yeux. Ce formidable détour était à leurs yeux un impératif qui se résumait en une formule lapidaire : «<br />

Quien va a Santiago, y no va al Salvador, visita al criado y <strong>de</strong>ja al Senor. » Il faut avoir présent à l’esprit qu’au<br />

Moyen-âge, Oviedo était pour les Chrétiens, au même titre que Saint Jacques <strong>de</strong> Compostelle, l’un <strong>de</strong>s buts <strong>de</strong><br />

pèlerinage les plus importants, après Jérusalem et Rome.<br />

Maintenant, il me faut encore <strong>par</strong>courir une douzaine d’étapes à travers les Asturies et la Galice pour rejoindre<br />

Compostelle et bientôt retrouver mes propres traces sur le Camino Francès à Meli<strong>de</strong>. J’ai choisi <strong>de</strong> tourner le<br />

dos à la mer, d’abandonner le Chemin <strong>de</strong> la Côte, la route que recomman<strong>de</strong> le gui<strong>de</strong> d’Angel Gonzàlez : mon<br />

itinéraire emprunte le Chemin Primitif <strong>du</strong> Roi <strong>de</strong>s Asturies, Alphonse II le Chaste.<br />

L’horizon est maintenant limité, les paysages enserrés <strong>par</strong> la montagne ; loin <strong>de</strong> rêver d’aventures lointaines,<br />

le pèlerin retrouve le silence et la solitu<strong>de</strong>, tout l’incite à se tourner vers l’intérieur, à se recentrer, à méditer<br />

... à élever son âme ... mais aussi son enveloppe charnelle pour passer les cols et franchir les crêtes. Dès la<br />

sortie d’Oviedo, impossible d’oublier la présence <strong>de</strong> la montagne : Mi-avril, à l’ouest, la neige qui recouvre<br />

les sommets brille au soleil. : L’Alto <strong>de</strong> Piedratecha (740 m) n’est plus qu’à une cinquantaine <strong>de</strong> kilomètres.<br />

Sera-t-il possible <strong>de</strong> franchir les cols et dans quelles conditions ? Après Tineo, une alternative permet <strong>de</strong> regagner<br />

la côte Cantabrique à Canero : cette variante éviterait d’avoir à franchir les cols <strong>de</strong> la Sierra <strong>de</strong> Ranadoira<br />

qui prolonge celle <strong>de</strong> Los Ancares où s’élève le Cebreiro (1293 m) <strong>par</strong> lequel passe le Camino Francès. Une<br />

météorologie clémente se révèlera finalement assez favorable pour que les étapes <strong>de</strong> montagne se déroulent<br />

dans <strong>de</strong>s conditions acceptables <strong>de</strong> sécurité : Le Puerto <strong>de</strong>l Palo (1146 mètres) où un vent glacial souffle en<br />

rafales, l’Alto <strong>de</strong> Acebo et ses 1030 mètres battus <strong>par</strong> une pluie incessante, exigeront cependant volonté, courage,<br />

en<strong>du</strong>rance. Le Chemin Primitif tracé en pleine nature est ru<strong>de</strong>, sauvage, austère, mais il sait récompenser<br />

le pèlerin avec son « chapelet » <strong>de</strong> monuments prestigieux qui atteste <strong>de</strong> son authenticité historique et <strong>de</strong> son<br />

empreinte <strong>de</strong> spiritualité : Le Monastère <strong>de</strong> San Salvador <strong>de</strong> Cornellana, le monastère <strong>de</strong> Santa Maria la Real<br />

<strong>de</strong> Obona fondé vers 789, l’ermitage <strong>du</strong> petit village isolé <strong>de</strong> Montefurado, Grandas <strong>de</strong> Salime et sa Collégiale<br />

El Salvador <strong>du</strong> XIIème siècle où Saint Jacques veille sur la réunion <strong>de</strong>s <strong>chemin</strong>s <strong>de</strong> Galice, <strong>de</strong> Pola et <strong>de</strong> la<br />

Côte et réconforte les pèlerins :<br />

« A veces el Camino se hace <strong>du</strong>ro, y por eso te ruego me accompanes siempre, Se mi <strong>de</strong>fensa a my refugio ...<br />

Que Santiago a cuyo sepulcro accedo, Me ayu<strong>de</strong> en esta peregrinacion. ULTREIA ! »<br />

Lugo enfin où en 1734, l’architecte Galicien Fernando <strong>de</strong> Casas y Novoa, qui réalisa la faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Obradoiro,<br />

« symbole universel <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Saint Jacques <strong>de</strong> Compostelle, » ajouta à la Cathédrale qui remonte au<br />

XIIème siècle son cloître et la célèbre « Capela da Virxe dos Ollos Gran<strong>de</strong>s. » Meli<strong>de</strong> où le « Camino Primitivo<br />

» va se fondre avec le « Camino Francès » ne se trouve plus qu’à 50 km, et selon certains récits, les pèlerins<br />

<strong>par</strong>couraient cette étape en une seule journée, certainement « transportés <strong>de</strong> joie » à l’idée d’être si proches <strong>de</strong><br />

Santiago. Une fois la muraille franchie <strong>par</strong> la Puerta <strong>de</strong> Santiago où veille le Matamoros à l’ombre <strong>du</strong> <strong>chemin</strong><br />

<strong>de</strong> ron<strong>de</strong>, l’itinéraire actuel suivrait le tracé <strong>de</strong> l’ancienne voie romaine qui menait <strong>de</strong> Lucus Augusti (Lugo) à<br />

Compostelle et même jusqu’à Iria Flavia (Padron).<br />

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