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(pyrénées atlantiques), par l'abbé bonnecaze - Amis du chemin de ...

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Je gar<strong>de</strong> un merveilleux souvenir <strong>de</strong>s horizons illimités que m’offraient les étapes <strong>du</strong> Chemin Maritime : <strong>du</strong><br />

haut <strong>de</strong>s falaises, sur ce sentier littoral, je dominais l’immensité <strong>de</strong> l’océan. Cette même vision avait incité ce<br />

peuple <strong>de</strong> marins intrépi<strong>de</strong>s à découvrir un nouveau mon<strong>de</strong> entraînant avec lui <strong>de</strong>s cohortes <strong>de</strong> pionniers, <strong>de</strong><br />

colons, d’émigrés : ils allaient, tout comme les Portugais, marquer <strong>de</strong> leur empreinte culturelle le développement<br />

<strong>de</strong> l’Amérique <strong>du</strong> Sud.<br />

Pour un peuple <strong>de</strong> marins, la mer n’est ni un obstacle, ni une limite, mais une ouverture vers d’autres horizons,<br />

d’autres contrées, d’autres aventures. Marins, pêcheurs, explorateurs, ces populations côtières ne redoutaient<br />

d’affronter ni les périls <strong>de</strong> la haute mer ni les dangers <strong>de</strong> l’inconnu au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’horizon. Aux yeux <strong>de</strong> ces<br />

hommes intrépi<strong>de</strong>s, l’océan ne représentait nullement une barrière infranchissable, mais un nouveau territoire<br />

qu’il fallait reconnaître.<br />

Dès la première étape, le pèlerin rencontre un sanctuaire consacré à Notre Dame <strong>de</strong> Guadalupe dont les pêcheurs<br />

et les marins venaient implorer la protection. Après Orio, (étape 4), à l’Ermita <strong>de</strong>l Calvario, il remarquera<br />

les maquettes <strong>de</strong> bateaux suspen<strong>du</strong>es dans la nef comme ex-voto. Depuis toujours, le Chemin <strong>de</strong> la Côte<br />

s’ouvre sur le mon<strong>de</strong> entier. Dès Getaria (étape 3), le pèlerin découvre une gigantesque figure <strong>de</strong> proue « Es<br />

la vera figura <strong>de</strong> nuestra buena aventura » et sur la place, sous la statue <strong>de</strong> Juan Sebastian Elkano, se lit sur<br />

un globe terrestre la légen<strong>de</strong> « et primus circun<strong>de</strong>disti me, » hommage à ce lieutenant <strong>de</strong> Magellan qui fut le<br />

premier capitaine dans l’Histoire <strong>de</strong> l’humanité à avoir complété le tour <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> (1519). A Bolibar, (étape<br />

5), berceau <strong>de</strong> la famille <strong>du</strong> Libérateur <strong>de</strong> l’Amérique, se trouve une chapelle consacrée à Nuestra Senora <strong>de</strong><br />

Coromoto, Sainte Patronne <strong>du</strong> Venezuela, qui était ap<strong>par</strong>ue au chef <strong>de</strong>s Indiens Coromoto au moment <strong>de</strong> la<br />

colonisation.<br />

Les passeurs sont une autre manifestation <strong>de</strong> la tradition maritime <strong>de</strong> cet itinéraire : A Pasajes, (étape 1), le<br />

premier estuaire sur cette voie ne se traverse pas sur un pont, mais grâce à la barque d’un passeur qui fait la<br />

navette entre San Juan et Pasajes <strong>de</strong> San Pedro. Dix jours plus tard, (étape 12), le pèlerin reprendra le bateau<br />

sur le quai <strong>de</strong> Puntal où, déjà au Moyen-âge, on s’embarquait pour gagner directement Santan<strong>de</strong>r plutôt que<br />

<strong>de</strong> contourner la baie à pied (étape 12). Cal<strong>de</strong>ron <strong>de</strong> la Barca, ce nom (très évocateur <strong>de</strong> son activité) <strong>de</strong> la plus<br />

célèbre <strong>de</strong> ces familles <strong>de</strong> passeurs établies à Requejada a survécu grâce à la littérature bien après qu’elle ait<br />

renoncé à l’activité en raison <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> ponts (étape 14).<br />

Le commerce maritime était florissant : les « quatre sœurs, » Laredo, Castro Urdiales, Santan<strong>de</strong>r et San Vicente<br />

<strong>de</strong> la Barquera doivent leur prospérité au monopole qu’elles <strong>par</strong>tageaient <strong>du</strong> commerce avec les Flandres<br />

(étape 10). La pêche à la baleine était également une pratique courante comme en témoignent les nombreuses<br />

tours <strong>de</strong> guet construites sur les crêtes pour signaler le passage <strong>de</strong>s cétacés.<br />

Llendo (étape 10) et Colombres (étape 16) témoignent <strong>par</strong> leur architecture <strong>de</strong> l’enrichissement <strong>de</strong>s émigrés<br />

Asturiens <strong>par</strong>tis chercher fortune en Amérique au XIXème siècle. « Retourné, plein d’usage et <strong>de</strong> raison, vivre<br />

entre ses <strong>par</strong>ents le reste <strong>de</strong> son âge, » plus d’un <strong>de</strong> ces « Indianos » donnera un caractère colonial d’inspiration<br />

exotique à l’architecture traditionnelle <strong>de</strong> son village natal comme à San Martin <strong>de</strong> Cigüenza (Iglesia <strong>de</strong><br />

San Martin <strong>de</strong> Tours, étape 14) ou à Colombres (la Quinta Guadalupe, étape 16).<br />

Sur ce Chemin <strong>de</strong> la Côte dont la vocation maritime se manifestait sous <strong>de</strong>s formes si diverses, il n’est donc<br />

pas étonnant <strong>de</strong> voir débarquer les pèlerins dans les ports : <strong>de</strong>vant le somptueux portail gothique <strong>de</strong> l’Eglise<br />

.<br />

Santa Maria <strong>de</strong> Guernika se retrouvaient aussi bien les pèlerins venus à pied d’Irun que ceux qui avaient<br />

débarqué au port <strong>de</strong> Bermeo tout proche.<br />

De même à Laredo, les pèlerins qui débarquaient <strong>de</strong> leur navire ancré dans le port rejoignaient ceux qui arrivaient<br />

à pied <strong>par</strong> la Porte <strong>de</strong> Bilbao près <strong>de</strong> laquelle s’élève encore l’Hôpital <strong>de</strong>l Santo Espiritu. Les pèlerins<br />

venus <strong>par</strong> la mer transitaient également <strong>par</strong> d’autres ports comme Santan<strong>de</strong>r, Santillana <strong>de</strong>l Mar, San Vicente<br />

<strong>de</strong> la barquera ou Riba<strong>de</strong>sella comme en témoigne la présence d’hospices pour les accueillir.<br />

De nos jours, l’activité touristique <strong>de</strong>s stations balnéaires (San Sebastian, Zarautz, La Playa <strong>de</strong> la Arena,<br />

la Plage <strong>de</strong> Las Arenillas) a profondément modifié le paysage : le Monastère bénédictin <strong>de</strong> San Antolin est<br />

aujourd’hui à l’abandon, mais les surfeurs ont découvert ce « spot » pour venir chevaucher les vagues (étape<br />

18).

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