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N. 262 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 455 par le torrent, et suivans le panchant naturel de la paresse et de leur aises, se flattent et s’endorment sur la trompeuse Esperance que les Bourbons se pourront brouiller un jour, ou que la providence trouvera d’autres voyes inconnues pour nous sauver. Raisonnement tres contraire à la raison, mais qui devient fort à la mode; et que les faux ou foibles devots appellent mal à propos une confiance en Dieu, la quelle n’a lieu, que lors qu’on fait son 5 devoir. (15) C’est sans doute ce desespoir venu en partie de la resolution des Anglois lors qu’ils se desarmerent qui a fait que l’Electeur de Baviere n’esperant pas de se pouvoir soutenir aux Paysbas, s’est jetté entre les bras de la France, ce qui a fort contribué à determiner cette couronne à violer le traité de partage. Je crois même que cela joint à 10 l’age a fort contribué au mauvais parti que le Roy de Portugal a pris. (16) Toutes ces considerations font voir que les affaires, si nous les laissons aller, iront de mal en pis; et se termineront dans la ruine de la liberté de la religion, car nous sommes bien malheureux, si nostre salut n’est fondé que sur les beveues que les Bourbons pourront faire un jour. 15 (17) Il est encor possible et même vraisemblable, de nous sauver et nostre posterité et de mettre l’ennemi à la raison; mais il ne faut point perdre du temps; il faut faire tous les efforts imaginables à la fois; et il faut travailler à eviter les fautes des guerres passées. (18) Il est visible que la France se trouve extremement embarassee en Italie, parce qu’elle ne s’est point attendue là à des actions si hardies et si vigoureuses, qui sont dues 20 à ce que l’Empereur se pîque personnellement de reparer les delais passés. Ainsi pour peu que Sa M té Imperiale y fut aidée, elle s’y maintiendroit jusqu’au temps qu’on puisse faire diversion en sa faveur. (19) Il paroist aussi que les peuples non encor accoutumés au joug et craignant l’avenir sont tres disposés à se revolter contre les Bourbons, de sorte qu’apresent la 25 France avec toute sa puissance est assez embarassee quand il s’agit de garder les vastes espaces d’une monarchie delabrée et mal en ordre. Ce qui epuise les tresors de la France et dissipe ses forces. (20) Il y a encore cette raison tres considerable qui doit animer les Anglois et les Hollandois, c’est que dans les guerres passées contre la France il n’y avoit rien à gagner, 30 car cette Monarchie est close et couverte comme une coquille et elle n’a pas trop de vais- 8 Electeur: Max II. Emanuel. 10 traité: Der 2. Teilungsvertrag für die spanische Monarchie zwischen Frankreich und den Seemächten vom März 1700. 11 Roy de Portugal: Peter II. stand auf der Seite Frankreichs. 18. 7. 2005

456 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 N. 262 seaux en mer si non pour pirater. Au lieu que la Monarchie Espagnolle est extremement dispersée, et toutes les richesses luy viennent par mer de sorte que la guerre se pourroit nourrir elle meme en quelque façon comme dans l’ancienne guerre de 80 ans entre les Espagnols et les Estats. 5 (21) Même si les choses alloient un peu mieux, les provinces des Paysbas Espagnols pourroient estre données en proye en partie aux princes d’Allemagne que ce leurre animeroit. (22) C’est encor une importante affaire, que par le grand et principal interest que l’Empereur prend dans cette guerre, et la neutralité des Italiens, le Catholicisme est encor 10 partagé un peu. (23) De plus l’Empereur diverti extremement par les Turcs dans la guerre passée, a maintenant les mains libres, et ses forces sont augmentées de la moitié par la grande conqueste de la Hongrie sans la quelle il n’auroit garde de faire ce qu’il fait presentement. (24) Pour eviter les fautes passées, il faut considerer qu’une des plus grandes a esté 15 qu’on a consumé ses forces successivement et à petit feu. En quoi on a fait à peu pres, comme si pour prendre une place d’emblée on envoyoit une compagnie apres l’autre pour se faire tuer. Dans la guerre commencée en 1672 on en a fait la triste experience. Aujourdhuy venoit Brandebourg, demain l’Empereur, apres demain Lunebourg, etc. Et les Anglois meme voulurent venir post festum, lors que la paix de Nimwegue estoit autant 20 que faite. (25) Dans la derniere guerre on tourna les depenses inutilement du costé des flottes qui se promenoient, et n’asseuroient pas même le commerce. On se contentoit du costé du Rhin d’estre sur la defensive. Une bonne partie des princes d’Allemagne n’agissoit pas ou n’agissoit qu’en mercenaires. Les Espagnols n’ont point voulu s’incommoder, et 25 ont mieux aimé de devenir esclaves comme ils sont à present, que de souffrir une petite portion de ce qui leur arrivera maintenant. Il estoit impossible à l’Angleterre et à la Hollande de continuer long temps de cette façon, et sur tout l’Angleterre d’envoyer tous les ans incomparablement plus d’argent hors du pays, qu’il n’en pouvoit rentrer. Ainsi la paix de Riswick fut faite à des conditions que la valeur et conduite Heroique du Roy de 30 la Grande Bretagne a rendu incomparablement meilleures qu’on n’avoit osé esperer au commencement de la rupture. Mais aussi la France a voulu reculer pour mieux sauter, afin que le Roy d’Espagne mourant en temps de Paix, elle en put mieux profiter, comme en effect elle a trouvé l’heure du berger. Mais comme elle en veut trop avoir, cela pourroit 11 guerre passée: der Pfälzische Krieg. 18. 7. 2005

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