258 - Up

452 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 N. 261
s’attendroit peut-estre pas à ce coup, il seroit d’autant plus faisable. Le fondement de la
declaration seroit que le cercle de Bourgogne estant un cercle de l’Empire, et le Milanois
en estant un fief, l’Empire est le juge de la succession et se trouve obligé d’assister
l’Empereur contre l’usurpation.
5 Pour faire cet effect auprès du Roy de Prusse, il faut deux choses, l’une d’asseurer la
paix entre luy et la Suede, l’autre d’aider le Roy de Prusse par des subsides à fin de faire
plus que les Traités avec l’Empereur et les Estats ne portent. Pour l’asseurer du Costé de
la Suede, je ne doute point que l’Angleterre et la Hollande ne fassent leur possible déja,
ou pour gagner la Suede, ou pour l’engager au moins dans quelque traité de neutralité,
10 où le Roy de Prusse soit compris, et que ces puissances garantiront de part et d’autre.
Et si pour mieux reussir en cela on pouvoit envoyer extraordinairement dans le Camps
meme du Roy de Suede quelque personnage de grand poids, il semble qu’il seroit bon de
le faire.
Cela posé fait ou faisable, comme je crois en effect qu’il ne sera point difficile
15 d’empecher la rupture et de rétablir quelque intelligence entre ces deux Rois; il ne s’agit
plus que de penser principalement à mettre la Cour de Prusse dans l’estat où on la
demande. Or le moyen le plus promt et le plus seur de le faire est l’argent, qu’on ne
doit jamais moins plaindre, que si on peut reussir dans cette occasion. Car ce seroit une
épargne pour l’avenir. Cela se pourroit faire par un nouveau traité entre l’Angleterre et
20 luy, où Messieurs les Estats et d’autres puissances pourroient intervenir. Mais il seroit
juste qu’on prist ses seuretés à l’egard des termes et des payemens, à des conditions raisonnables,
quand telle ou telle chose seroit faite. Il ne seroit point necessaire de continuer
long temps ces subsides; car si le coup reussissoit les affaires seroient fort avancées, et le
Roy de Prusse joint à la Maison de Bronsvic devenant l’arbitre d’une bonne partie de
25 l’Allemagne et obtenant apparemment des assignations de l’Empereur, seroit en estat
par apres de se passer d’une partie de ces subsides.
Rien ne pouvant estre ny plus utile à la cause commune, ny plus avantageux au
parti protestant, ny plus glorieux ou plus utile à ce Roy, il semble que si l’affaire estoit
conduite comme il faut, elle pourroit reussir. A quoy on pourroit joindre beaucoup de
30 considerations, que la vive voix doit suppléer.
18. 7. 2005