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N. 260 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 447 pousseroient leur pointe avec tout autre vigeur que des Alliés ou des mercenaires. Il y a lieu d’esperer que le Roy ne refuseroit pas l’octroy à une telle compagnie, s’il y voyoit de l’apparence. Puisque Sa Majesté est si bien intentionnée pour le bien de l’Europe en general et de la nation en particulier et que sa propre gloire y est tant interessée. Cependant comme on pourra former des objections, il sera bon d’en considerer 5 quelques unes. On pourra dire par exemple, que cette compagnie demandera beaucoup d’hommes, et particulierement des mariniers, ce qui depeuplera l’Angleterre, comme l’Amerique a depeuplé l’Espagne; et nuira presentement à la flotte dont on a besoin, comme l’on sait que Messieurs les Estats pendant la derniere guerre ont esté souvent obligés de suspendre certaines navigations, pour un temps, à fin d’avoir des matelots. 10 A cela il n’est pas mal aisé de répondre. La Compagnie déchargeant le public d’un soin qu’il deuvroit autrement prendre luy meme, les mariniers ne sauroient jamais estre mieux employés. Et les deux nations combinées auront tousjours assez de matelots pour former une flotte suffisante en Europe qui doit estre proportionnée au besoin et à l’usage. Car de n’avoir des grandes flottes que pour se promener est faire une depense tres grande 15 et tres inutile. Et l’entreprise en question ne depeuplera point l’Angleterre, parce que des Ecossois et autres puissances de l’Allemagne et du Nord y concourront à former des colonies. Beaucoup d’autres raisons ont contribué à depeupler l’Espagne, qui n’auront jamais lieu en Angleterre dont la douceur du climat et du gouvernement est aussi attrayante, que l’Espagne est rebutante. 20 On dira peutestre encor que les deux Compagnies des Indes orientales ne sont que trop embarassantes pour l’Angleterre, pour croire qu’il seroit à propos d’y adjouter encor une nouvelle compagnie. Mais l’embarras des deux compagnies vient des raisons qui n’ont rien de commun avec nostre affaire. Et d’ailleurs la Compagnie d’Amerique seroit tout d’une autre importance et utilité. Car le commerce des Indes d’orient fait 25 sortir de l’argent, au lieu que celuy de l’Espagne et de leur Indes en apporte; et que cette compagnie seroit d’ailleurs une grande et puissante diversion des forces des Bourbons. On objectera encor que la compagnie sera reduite à rien par la paix, parce qu’alors on sera obligé de tout restituer aux Espagnols. Mais quand cette restitution seroit necessaire il y aura moyen de faire en sorte que la compagnie ne laisse pas de subsister et de demeurer 30 fleurissante; mais de plus il y a lieu d’esperer qu’une telle restitution ne se fera pas, à moins que toute la guerre ne soit bien malheureuse ce qu’il n’y a point de lieu de craindre 2 Roy: Wilhelm III. von Großbritannien. 21 deux Compagnies: die englische und die niederländische Ostindienkompanie. 18. 7. 2005

448 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 N. 260 si on s’y prend comme il faut. A considerer aussi que si l’Amerique [ou] son commerce seulement vient dans le pouvoir de la France et y demeure (comme il arrivera si nous ne faisons des grands efforts), le commerce d’Angleterre sera presque ruiné. Ainsi si la compagnie est malheureuse, 5 l’Angleterre ne le sera gueres moins. Par consequent rien ne sçauroit estre plus utile ny (j’ose dire) plus necessaire, que cette Compagnie, à moins que le Roy et la nation ne fassent ce que la Compagnie doit faire, à quoy il n’y a gueres d’apparence, puisqu’ on est assez occupé ailleurs. De sorte qu’on peut dire, que le bonheur de la Compagnie sera celuy de l’Europe, et par consequent rien ne sçauroit estre plus applaudi ny plus suivi, 10 si le monde est tant soit peu raisonnable. L’utilité de la compagnie estant si grande, il seroit tres apropos que le public luy donnât de l’assistance au commencement sur tout. Et il est raisonnable de la demander. Mais s’il y avoit trop de difficulté à l’obtenir, cela n’en deuvroit point arrester le dessein. On pourroit trouver peutestre des concessions qui ne cousteroient rien au public et se- 15 roient avantageuses à la compagnie. D’ailleurs il semble qu’il seroit convenable que le Roy et le parlement accordassent quelque pouvoir à la Compagnie dans les isles et colonies angloises, qui sont à portée, sauf la souveraineté du Roy et les revenus de la Couronne. Et cela seroit d’autant plus raisonnable, que les progrés de la compagnie augmenteront les mêmes revenus. 20 Comme les Ecossois ont grande envie d’envoyer des colonies en Amerique, et que les raisons qui peuvent avoir detourné le Roy et les Anglois de leur estre favorables cessent, depuis qu’on n’a plus sujet de menager les Espagnols tels qu’ils sont presentement; rien ne sçauroit venir plus à propos pour nostre Compagnie que cette bonne disposition de la nation Ecossoise, qui abonde en hommes propres aux colonies, et il y aura moyen de 25 l’unir au moins en cela avec la nation Angloise, en sorte que l’une et l’autre y trouve son compte. En quoy il faut en user cordialement et honnestement de part et d’autre sans hauteur et sans supercherie. Quant aux Hollandois, Hambourgeois, Bremois et autres Hanseatiques, aussi bien que les sujets du Roy de Prusse, et de la Maison de Bronsvic (sans parler des plus 30 septentrionaux) on pourroit encor entrer en certaines liaisons avec eux et trouver des expediens qui unissent leur interest de commerce avec celuy de l’Angleterre en cela, autant que leur interests en matiere d’estat et de religion se trouvent deja unis. Car 20 Ecossois: Zu den schottischen Kolonisierungsanstrengungen in Darien (Panama) vgl. T h e a t r u m Europaeum, 15, 1707, S. 640–641. 18. 7. 2005

448 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 N. 260<br />

si on s’y prend comme il faut.<br />

A considerer aussi que si l’Amerique [ou] son commerce seulement vient dans le<br />

pouvoir de la France et y demeure (comme il arrivera si nous ne faisons des grands efforts),<br />

le commerce d’Angleterre sera presque ruiné. Ainsi si la compagnie est malheureuse,<br />

5 l’Angleterre ne le sera gueres moins. Par consequent rien ne sçauroit estre plus utile ny<br />

(j’ose dire) plus necessaire, que cette Compagnie, à moins que le Roy et la nation ne<br />

fassent ce que la Compagnie doit faire, à quoy il n’y a gueres d’apparence, puisqu’ on<br />

est assez occupé ailleurs. De sorte qu’on peut dire, que le bonheur de la Compagnie sera<br />

celuy de l’Europe, et par consequent rien ne sçauroit estre plus applaudi ny plus suivi,<br />

10 si le monde est tant soit peu raisonnable.<br />

L’utilité de la compagnie estant si grande, il seroit tres apropos que le public luy<br />

donnât de l’assistance au commencement sur tout. Et il est raisonnable de la demander.<br />

Mais s’il y avoit trop de difficulté à l’obtenir, cela n’en deuvroit point arrester le dessein.<br />

On pourroit trouver peutestre des concessions qui ne cousteroient rien au public et se-<br />

15 roient avantageuses à la compagnie. D’ailleurs il semble qu’il seroit convenable que le Roy<br />

et le parlement accordassent quelque pouvoir à la Compagnie dans les isles et colonies<br />

angloises, qui sont à portée, sauf la souveraineté du Roy et les revenus de la Couronne.<br />

Et cela seroit d’autant plus raisonnable, que les progrés de la compagnie augmenteront<br />

les mêmes revenus.<br />

20 Comme les Ecossois ont grande envie d’envoyer des colonies en Amerique, et que les<br />

raisons qui peuvent avoir detourné le Roy et les Anglois de leur estre favorables cessent,<br />

depuis qu’on n’a plus sujet de menager les Espagnols tels qu’ils sont presentement; rien<br />

ne sçauroit venir plus à propos pour nostre Compagnie que cette bonne disposition de<br />

la nation Ecossoise, qui abonde en hommes propres aux colonies, et il y aura moyen de<br />

25 l’unir au moins en cela avec la nation Angloise, en sorte que l’une et l’autre y trouve son<br />

compte. En quoy il faut en user cordialement et honnestement de part et d’autre sans<br />

hauteur et sans supercherie.<br />

Quant aux Hollandois, Hambourgeois, Bremois et autres Hanseatiques, aussi bien<br />

que les sujets du Roy de Prusse, et de la Maison de Bronsvic (sans parler des plus<br />

30 septentrionaux) on pourroit encor entrer en certaines liaisons avec eux et trouver des<br />

expediens qui unissent leur interest de commerce avec celuy de l’Angleterre en cela,<br />

autant que leur interests en matiere d’estat et de religion se trouvent deja unis. Car<br />

20 Ecossois: Zu den schottischen Kolonisierungsanstrengungen in Darien (Panama) vgl. T h e a t r u m<br />

Europaeum, 15, 1707, S. 640–641.<br />

18. 7. 2005

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