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N. 340 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 611
15 Novemb. 1701
Je ne m’emanciperois pas, Monsieur, d’ecrire cecy, si ce n’estoit pas à bonnes enseignes
que je le sais, comme vous pourrés bien juger par la source de ce que j’ay eu
l’honneur de vous dire déja.
On croit tres important et tres utile que Milord Raby soit renvoyé à Berlin, où il a 5
esté si agreable, que le Roy meme a dit, qu’il souhaiteroit qu’on ne luy envoyât point
d’autre et où il auroit moyen de rendre des grands services en contribuant à faire prendre
des promtes resolutions dans cette cour là pour faire bientost et bien efficacement, ce qui
sans cela n’iroit peut-estre que d’une maniere plus lente et moins vigoureuse. Car quoyque
le Roy de Prusse dont les forces bien employées seront de grand poids, soit entierement 10
dans le bon parti, neanmoins il importe extremement d’abreger le temps; d’autant qu’on
a à faire à des puissances dont tout l’interest est de le gagner.
Le grand point seroit d’obtenir cet hyver la declaration de l’Empire, de telle sorte,
que ses forces bien unies puissent agir sans delay la campagne qui vient. On se croit
asseuré de la pluralité des voix dans le College Electoral, et on l’espere dans celuy des 15
princes. Mais une declaration ne suffit pas, il faudroit estre en estat d’agir en même temps.
Cependant ce grand corps se remue tard, si quelques uns des plus puissans membres ne
luy donnent de la chaleur, comme fit le feu Electeur de Brandebourg en 1672. ce qui
seroit d’autant plus necessaire que les forces de l’Empereur sont àpresent occupées en
Italie, et que la France travaille à gagner un Roy, qui se mettant avec ce qu’elle a dèja 20
à sa devotion pour la neutralité, formeroit une bande dans l’Empire capable de donner
de l’Embarras, et de rendre une bonne partie des forces de l’Allemagne inutiles. Ce coup
pourroit estre prevenu, et toutes les mesures que la France pourroit encor trouver le
moyen de prendre là dessus, seroient rompues, si le Roy de Prusse augmentant ses forces,
et les unissant autant qu’il faut avec celles de l’Electeur de Bronsvic, du Duc de Zelle et 25
du Landgrave de Cassel (tous bien intentionnés) achevoit d’attirer ceux qui manquent
encor dans les cercles de la haute et basse Saxe et de la Westfalie, ce qui se pourroit avant
l’ouverture de la Campagne pour faire tout agir par apres avec concert, et sans obstacle.
Mais il est bien visible qu’il faudroit que l’affaire se fit au plus tost. Et 100 mille ecus
ou quelque somme à proportion employée dans une telle occasion extraordinaire vaudroit 30
3 source: Anspielung auf Leibniz’ gute Kontakte zu Sophie Charlotte, über die er Blathwayt in
N. 327 berichtet hatte. 6 Roy: Friedrich I. 13 declaration: Die Kriegserklärung des Reichs gegen
Frankreich erfolgte im Herbst 1702. 18 Electeur: Friedrich Wilhelm. 20 Roy: Gemeint ist August
der Starke; vgl. N. 363.
18. 7. 2005