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N. 330 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 587
Musique de la Chine perdue depuis 15. ou 20. siecles tout au moins, mais encore pour
recouvrer ce que nous avons perdu de celle des Grecs dont les trois genres ou systemes,
savoir la Diatonique, le Chromatique, et l’Enharmonique, peu connus de nos jours avec
tous leurs modes, se trouvent dans toute leur étendue, placés et arrangés dans ce systeme
d’une maniere si naturelle et si admirable, qu’il suffit de jetter la vue sur quelques figures 5
que j’ai dressées de ces mêmes nombres, pour resoudre avec évidence, et sans aucun
embarras, les problemes de la Musique, les plus difficiles qui ayent été agités depuis plus
de 1500. ou deux mille ans tant à la Chine qu’en Europe parmi les Savans.
Au reste le raport singulier que ce systeme numeraire me paroît avoir dans son tout
et dans ses parties avec celui de Pythagore et de Platon, assez mal entendu dès le tems 10
de Ciceron, puisque ce grand Orateur, quelque intelligent qu’on le crut dans ce genre
de Philosophie, voulant marquer l’obscurité de quelque chose, disoit id numero Platonis
obscurius, ce raport, dis-je, me fait croire, que c’est en effet le même systeme, et que
les nombres du systeme de Fo-hii sont ces nombres du systeme de Platon, où Ciceron
trouvoit une si grande obscurité. 15
Que si outre cela ces mêmes nombres conviennent encore avec les nombres du Sabat,
et des années jubilaires des Hébreux, et avec les autres nombres misterieux de leur ancienne
Kabale, non de la moderne, qui est pleine de superstitions et d’erreurs, comme
je trouve qu’il[s] conviennent très exactement, il me paroît comme hors de doute, que
ce systeme de Fo-hii, et l’ancienne Philosophie de la Chine, prise selon les principes 20
légitimes et solides, étant si conforme à la Philosophie du divin Platon, et à celle des
anciens Hébreux, c’est-à-dire de Moise et des anciens Patriarches, qui ont reçu cette
doctrine comme par revélation du Créateur, ne peut ni ne doit point passer pour une
science superstitieuse et corrompue, mais qu’elle doit au contraire être régardée comme
un instrument très propre pour reformer toutes les erreurs et superstitions, où l’ignorance 25
de cette légitime et solide Philosophie dans laquelle les Chinois sont tombés par la suite
des tems les a malheureusement précipités.
Je concluds de-là que ceux des Missionaires qui pour procurer la conversion de cette
nation; employent tout leur esprit et la meilleure partie de leur tems à l’étude des livres
1 f. Musique . . . perdu: Zu den Fünf kanonischen Schriften wird manchmal eine verloren gegangene
sechste Schrift, das Yüe-chi (Buch der Musik), gezählt. 12 f. id . . . obscurius: M. Tullius Cicero,
Epistolae ad Atticum, 7, 13, 5. 14 nombres . . . Platon: vgl. Platon, , 35a–36d. 28 ceux:
die Jesuitenmissionare.
18. 7. 2005