You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
compétition Hors-série De L’HeBDo | été 2012<br />
m2 en mer<br />
reportage Quatorze catamarans de la<br />
classe m2 se sont retrouvés à Hyères, fin mai,<br />
pour goûter à l’eau salée. Les équipages ont<br />
apprécié cette escapade méditerranéenne<br />
tempétueuse, malgré les contraintes logistiques<br />
importantes.<br />
vincent gillioz<br />
Hyères, à côté de Toulon, jeudi de l’Ascension.<br />
Les derniers équipages ont rejoint le<br />
port dans la nuit. Ils s’activent dès l’aube au<br />
montage de leur voilier: les premières<br />
courses doivent commencer en début<br />
d’après-midi. Etienne David, chargé de la<br />
coordination logistique du Grand-Prix de<br />
Méditerranée des M2, s’affaire tous azimuts,<br />
carnet de notes à la main. Un rendez-<br />
secoués<br />
«safram», dont<br />
«L’Hebdo» est cosponsor,<br />
a remporté le grandprix<br />
de méditerranée<br />
à Hyères, la première<br />
sortie en mer des m2. ici<br />
à la lutte avec «gsmn<br />
genolier».<br />
vous avec le grutier par-ci, un coup de main<br />
pour caser une remorque par-là. «Certains<br />
travaillent depuis trois jours pour être prêts,<br />
alors que d’autres n’ont besoin que d’une<br />
matinée. C’est une question d’expérience.<br />
Plusieurs équipes ont découvert le montage<br />
et le démontage du voilier pour cette<br />
rencontre.»<br />
La série de catamarans hi-tech, créée en<br />
2005 par Rodolphe Gautier et Christian<br />
Favre, fait pour la première fois une excursion<br />
en mer, entre deux courses sur le<br />
Léman. Les M2 disputaient, jusqu’en 2011,<br />
leur championnat entre celui-ci et le lac de<br />
Neuchâtel. Les bateaux étaient transportés<br />
par hélicoptère de l’un à l’autre, ce qui n’était<br />
bien sûr pas envisageable pour rejoindre<br />
Hyères.<br />
DynamiQue De cLasse Le terre-plein se<br />
vide: la grue met à l’eau les bateaux les uns<br />
après les autres. Plusieurs équipages<br />
déballent du matériel neuf, gilets de sauvetage<br />
autogonflants, radio VHF, ancre.<br />
Antoine Thorens, skipper de TeamWork:<br />
«Cela surprend un peu de naviguer avec une<br />
robin christol/safram team work m2 speed tour<br />
ancre, mais tout le monde est logé à la même<br />
enseigne!»<br />
Les M2 disputent cinq manches de 30 à<br />
40 minutes, avec une jolie brise de force<br />
4-5, avant de regagner le port vers 18 heures.<br />
Safram, barré par Jean-Christophe Mourniac,<br />
ressort en tête de cette première journée.<br />
Le comité de course, qui vient d’organiser<br />
la Semaine olympique nationale et le<br />
Championnat du monde de Star, connaît la<br />
musique. «Quatorze bateaux, ce n’est pas<br />
grand-chose pour nous. Nous recevons souvent<br />
des événements avec plus de cent<br />
concurrents», rappelle Régis Bérenguier, le<br />
directeur de course.<br />
Etienne David, qui gère aussi le matériel de<br />
rechange, est intervenu une seule fois entre<br />
deux régates pour changer le safran (pièce<br />
immergée du gouvernail) de TeamWork.<br />
«Nous avons en supplément un mât, une<br />
dérive et un safran. Cela permet de régler<br />
quelques dégâts, mais il ne faudrait pas qu’il<br />
y en ait trop…»<br />
Le soir, la plupart des équipes se retrouvent<br />
pour un verre au Sax, le bar du port.<br />
Quelques critiques émergent. «Fallait-il<br />
vraiment venir ici, alors que le vent n’est<br />
pas si différent du lac? Le jeu en vaut-il la<br />
chandelle?» La convivialité d’un tel déplacement<br />
est pourtant relevée. «C’est important<br />
pour la dynamique de la classe. Elle<br />
soude les gens», note Nicolas Rossier,<br />
équipier de Patrimonium.<br />
Baston Vendredi de l’Ascension: deuxième<br />
jour de course. Le vent d’est annoncé souffle<br />
autour de vingt nœuds. Les quatorze voiliers<br />
sortent sous une pluie battante, trois<br />
courses musclées sont lancées. Les équipiers<br />
sont secoués dans tous les sens et<br />
deux d’entre eux, Darius Golchan et Nicolas<br />
Denervaud, s’offrent même une baignade<br />
involontaire.<br />
Le ciel se dégage en même temps que le vent<br />
gagne un cran. Le comité envoie encore un<br />
parcours côtier d’une quinzaine de milles,<br />
en sachant que ce sera impossible samedi:<br />
la météo annonce un renforcement des<br />
conditions. La mer est blanche, et 30 nœuds<br />
s’affichent sur les anémomètres. C’est «baston»,<br />
comme disent les marins. Trois<br />
bateaux abandonnent en cours de matinée,<br />
un pour avarie, les autres par prudence.<br />
«Nous ne sommes pas prêts pour ces conditions,<br />
explique Bertrand Imobersteg, équipier<br />
sur Alpha.ch. Nous préférons rentrer<br />
que casser du matériel.»<br />
De retour au port, les participants ont le<br />
visage souriant et blanchi de sel. Charles<br />
Favre, vainqueur du parcours côtier sur<br />
Spam: «Ce genre de navigation est assez<br />
limite... Mais de temps en temps, c’est vraiment<br />
génial.» Les critiques de la veille sont<br />
oubliées. Même si la troisième journée de<br />
course ne pourra être disputée, en raison du<br />
vent tempétueux, tous sont convaincus de<br />
la griserie offerte par la mer. Et d’aller voir si<br />
l’ora ou le ponal, airs de vallée du lac de<br />
Garde où aura lieu en septembre la dernière<br />
étape du championnat des M2, vaut le vent<br />
d’est et les embruns salés.√<br />
14 15