9ème série (numéro 81 à 90). - Histoire de la Gâtine poitevine et de ...

La Grande Querelle du chef-lieu : une assemblée électorale entre tractations et affrontements (1/7)
La Grande Querelle du chef-lieu : une assemblée électorale entre tractations et
affrontements (1/7).
À la lumière de nouveaux documents exhumés des archives, il convient de revenir sur ce qui s'est
passé lors de la première assemblée électorale (évoquée dans le n° 87), du 7 au 29 juin 1790.
Il importe de préciser que cette assemblée était sensée rassembler 425 électeurs, mais ils ne seront
jamais plus de 380. Ces électeurs proviennent des districts (plus petits que nos actuels
arrondissements) du tout nouveau département ; soit 94 pour Niort, 66 pour Melle, 82 pour Saint-
Maixent, 64 pour Parthenay, 57 pour Châtillon (Mauléon) et 62 pour Thouars. La plupart de ces
hommes ne se connaissent pas mais il existe toutefois des affinités : membres de loges
maçonniques, clans familiaux, anciens élèves de collèges, communautés de marchands…
La séance d'ouverture est marquée par une altercation évoquée dans le n° 87. Les conséquences de
ce premier incident se retrouvent dans les urnes. En effet, les résultats du premier vote, qui doivent
déterminer le futur président de séance, mettent dos-à-dos Louis Alexandre Jard-Panvillier, maire
de Niort avec 164 voix et Bonaventure Charles Bruneau, avocat et procureur de la commune de
Saint-Maixent, avec 176 voix. Michel-Ange Allard, maire de Parthenay, n'obtient que 3 voix,
comme de nombreux autres électeurs. Le 9 juin, Bruneau obtient 206 voix et Jard-Panvillier 186
voix. À travers ces résultats, on ressent déjà les effets de tractations et d'arrangements. En fait, Jard-
Panvillier ne rassemble que les voix des districts de Niort et de Melle, plus quelques voix éparses.
Bruneau prend donc la présidence, et l'avantage de cette première « joute » est au bénéfice des
districts du nord qui se liguent contre ceux de Niort et de Melle. L'élection du secrétaire bénéficie à
Martin Dereiguié, lieutenant de police de la ville de Melle, qui obtient 244 voix. Pour la
nomination des scrutateurs, Jard-Panvillier recueille 249 voix et Allard, maire de Parthenay, 201
voix. Trotouin, de Thouars, est élu avec 258 voix au 2e tour.
Le 11 juin, débutent les élections chargées de nommer le corps administratif des Deux-Sèvres
(équivalent au conseil général), mais de nombreux électeurs demandent que l' on débatte d'autres
sujets. La première préoccupation est financière : quelle indemnité les électeurs vont-ils recevoir ?
Jard-Panvillier considère que ce n'est pas à l'assemblée d'en débattre. Habitant Niort, il n'a bien sûr
pas de frais particuliers à supporter. Mais que dire de tous ceux qui demeurent dans la moitié nord
? Trotouin, de Thouars, prend le contre-pied et insiste sur le fait que les électeurs du nord, qui n'ont
pas de fortune, ne pourront pas rester s'ils ne sont pas aidés financièrement. Il coule de source que
le départ de ces électeurs apporterait la majorité au parti de Jard-Panvillier ! Ce dernier parvient
pourtant à obtenir que ce sujet soit tranché par l'Assemblée nationale. Possible manière de
repousser une échéance et d'amener certains électeurs à retourner chez eux !
file:///G|/@travail/la%20plume/second-site/fil_histoire/90_assemble_elect_1.htm (1 sur 2) [14/09/2007 09:21:39]