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survol de cette évolution, on s’interrogera sur ce que les définitions actuelles de<br />

l’empire peuvent apporter, à l’aube du XXI e siècle, à la compréhension de l’espace des<br />

Plantagenêt.<br />

Après une phase dominée par l’histoire de « l’entente cordiale », dans la<br />

première moitié du XX e siècle, représentée par Maurice Powicke, Charles Homer<br />

Haskins et Charles Petit-Dutaillis autour de l’idée que la France et l’Angleterre avaient<br />

au Moyen Âge une histoire commune, se met en place, dans les années 1950, avec John<br />

Le Patourel, une théorie des empires féodaux. À partir des exemples des empires<br />

normand et Plantagenêt, il formule l’idée que l’empire constitue sans doute l’unité<br />

politique la plus caractéristique de l’époque féodale, marquée par le morcellement<br />

régional et l’absence d’institution centrale pourvue d’une autorité effective 300 . C’est<br />

ainsi, qu’il justifie l’expression « Angevin Empire » : malgré son hétérogénéité<br />

particulièrement forte, il constitue une entité historique cohérente, une réalité politique,<br />

dans laquelle les facteurs d’unités lui paraissent plus fort que les facteurs de<br />

désagrégation 301 . Au même moment, des critiques de ce modèle unitaire émergent et se<br />

développent jusqu’aux années 1980 302 . En 1984, les historiens présents au colloque de<br />

Fontevraud statuent sur la non pertinence du vocable d’« empire », démontrant<br />

l’absence d’unité de cet espace, en dehors de celle que lui donne la personne de son<br />

souverain. Leur position est aussi marquée par le refus d’utiliser « empire » parce qu’il<br />

s’agit d’un concept historique trop culturellement daté et idéologiquement connoté pour<br />

appréhender la réalité médiévale. La formulation théorique d’un refus du terme<br />

« empire » constitue une étape décisive dans ce débat qui, dès lors devient plus vif. John<br />

Gillingham est le premier à juger cette position conservatrice et erronée, non seulement<br />

parce qu’elle part d’une définition anachronique et ethnocentrique de l’empire, mais<br />

aussi parce qu’elle déforme de la réalité : l’anglocentrisme de ces historiens n’est que le<br />

résultat de l’illusion documentaire dont ils sont victimes. En publiant en 1984, The<br />

Angevin Empire, le biographe de Richard Cœur-de-Lion, revendique la validité de la<br />

notion d’empire, en soulignant le rôle primordial de l’Aquitaine dans l’équilibre<br />

politique mais aussi économique de cet espace 303 . Les politiques matrimoniales de<br />

300<br />

LE PATOUREL, J. H., « Feudal Empires », dans Les Grands Empires, 1973, p. 281-307; GAUTIER,<br />

A., « L'empire angevin: une invention des historiens? », Mémoire de Maîtrise d'histoire médiévale, sous<br />

la direction de Philippe Contamine et Frédérique Lachaud, 1996, <strong>Paris</strong>.<br />

301<br />

LE PATOUREL, J. H., « Angevin succession and Angevin empire », dans Feudal empires : Norman<br />

and Plantagenet, 1984 art. IX.<br />

302<br />

GAUTIER, A., « L'empire angevin: une invention des historiens? », Mémoire de Maîtrise d'histoire<br />

médiévale, sous la direction de Philippe Contamine et Frédérique Lachaud, 1996, <strong>Paris</strong>.<br />

303<br />

GILLINGHAM, J., The Angevin empire, 1984, p. 45.<br />

96

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