Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free
anglaise explique en partie pourquoi la biographie, au moment où elle était délaissée par les historiens des Annales, fut le principal mode d’interrogation historique de cette période. Même s’ils avaient tendance à reproduire les défauts qu’avaient stigmatisés les historiens des Annales, comme l’appréciation des qualités d’hommes d’État, parfois sur un mode psychologiques 294 , les historiens britanniques n’en pratiquaient pas moins une histoire politique profondément marquée le droit et l’analyse des institutions. L’influence de l’anthropologie historique dans les années 1970 n’a pas radicalement changé ces perspectives. James C. Holt a ainsi montré tout l’intérêt du droit et de sa fonction dans les modes de gouvernement ainsi que dans les rapports sociaux et les rapports de parenté au Moyen Âge 295 . Les approches sociologiques et prosoprographiques ont également contribué à renouveler l’histoire politique 296 . John Gillingham a ainsi tenté de construire une véritable sociologie politique du monde Plantagenêt, en s’intéressant aux représentations politiques et aux valeurs, notamment à la chevalerie et au rapport à la guerre 297 . Malgré le déséquilibre bibliographique sur les Plantagenêt en faveur de l’historiographie britannique, cette étude propose de prendre en compte l’apport de l’historiographie française sur la notion d’espace – qui est d’abord une anthropologie sociale – pour tenter d’expliquer les processus de territorialisation à l’œuvre dans l’empire Plantagenêt et leur rôle dans la formation d’un territoire politique. L’analyse des pratiques spatiales, et notamment des modes d’appropriations du territoire et de circulation des biens et des personnes ainsi que des représentations qu’elles engendraient, s’impose donc pour comprendre comment les Plantagenêt ont organisé, marqué et « construit » leurs territoires. Le concept de territorialisation permet en effet de remettre au centre le rôle des acteurs dans la construction du territoire, c’est pourquoi 294 GALBRAITH, V. H., « Good Kings and Bad Kings in Medieval English History », dans Kings and chroniclers, 1982. VINCENT, N., « Twelfth and Thirteenth-Century Kingship. An Essay in Anglo- French Misunderstanding », dans Les idées passent-elles la Manche. Savoirs, représentations, pratiques (France-Angleterre, Xe-XXe siècles), 2007, p. 21-36 cite Sir Richard Southern à propos de la biographie d’Henri III de Sir Maurice Powicke : « a book that has no plot. Instead, the reader is taken through English history from 1216 to 1272… » (p. 25). 295 HOLT, J. C., « Politics and property in early medieval England », Past & Present, 57 (1972), p. 3-52; HOLT, J. C., Colonial England, 1066-1215, 2003. 296 CHURCH, S. D., The household knights of King John, 1999 ; BOORMAN, J., « The sheriffs of Henry II and their role in civil litigation 1154-89, PhD in History soutenu à l’University of Reading, 1989; HEISER, R. R., « Castles, constables, and politics in the late twelfth century English governance », Albion,, 32 : 1 (2000), p. 19-36; HARPER-BILL, C. et VINCENT, N. (eds.), Henry II: New Interpretations, 2007. 297 GILLINGHAM, J., The English in the Twelfth Century :Iimperialism, National Identity and Political Values, 1999; GILLINGHAM, J., Richard Coeur de Lion: Kingship, Chivalry and War in the Twelfth Century, 1994. 94
Martin Vanier propose de définir la territorialisation comme un « ensemble de processus engagés par les systèmes d’acteurs et /ou d’agents, par les organisation sociales et politiques, par les dispositifs et procédures ad hoc, par les rapports de force et les mises en tension, par des déterminants économiques et structurels par des configurations génériques existantes et/ou des configurations particulières émergentes, permettant de faire advenir le territoire, le faire exister, se maintenir et parfois devenir opératoire » 298 . La problématique de notre démarche s’inscrit donc dans la compréhension des rapports entre l’espace et le pouvoir au XII e siècle, en considérant l’exercice du pouvoir par le contrôle des constructions pour marquer et maîtriser le territoire. Comment s’articulent ces actions locales avec les processus globaux d’organisation du politique et dans quelle mesure le concept d’« empire » offre-t-il une certaine pertinence analytique pour comprendre ces processus ? L’emploi de ce vocable ayant fait l’objet de nombreux débats, depuis la fin du XIX e siècle, il convient d’en présenter les enjeux anciens et actuels. 3.1.2- L’espace des Plantagenêt : un empire ? L’invention de l’expression « Angevin empire » par l’historienne britannique Kate Norgate, en 1887, était, comme l’a bien montré Alban Gautier, une manière de postuler l’existence d’une structure politique unifiée au XII e siècle à l’encontre des conceptions finalistes (ou fatalistes) qui ne pouvaient concevoir l’histoire de l’Angleterre et de la France en dehors du cadre de l’entité préexistante et sous-jacente de toute évolution historique qu’est l’État-Nation 299 . Ensuite, et tout au long du XX e siècle, le terme « empire angevin » ou « empire Plantagenêt » a été employé pour exprimer une certaine conception de l’histoire de l’Europe féodale, sous-tendue par des idéaux politiques. L’acceptation ou le refus du vocable d’empire par les historiens ne reflète, en effet, rien d’autre que le sens qu’ils accordaient à ce concept, comme le révèle la crispation des débats autour de l’accusation d’anachronisme ou de la revendication de sa valeur heuristique pour comprendre la réalité médiévale. L’histoire de ce débat résume ainsi parfaitement l’évolution sémantique qu’a connue le concept d’empire tout au long du XX e siècle. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Après un rapide 298 VANIER, M. (éd.), Territoires, territorialité, territorialisation. Controverses et perspectives, 2009, p. 12. 299 GAUTIER, A., « L'empire angevin: une invention des historiens? », Mémoire de Maîtrise d'histoire médiévale, sous la direction de Philippe Contamine et Frédérique Lachaud, 1996, Paris, chapitre 3 envoie à NORGATE, K., England under the Angevin kings, 1887. 95
- Page 43 and 44: d’Alphonse de Poitiers menée en
- Page 45 and 46: inclus dans les Rotuli Curiae Regis
- Page 47 and 48: mais aussi avec les biens matériel
- Page 49 and 50: attendre les années 1170 pour que
- Page 51 and 52: Yorkshire, bien que Roger soit un c
- Page 53 and 54: d’offrir un réel contrepoint aux
- Page 55 and 56: Thomas Wykes (vol.4) 170 . Ces anna
- Page 57 and 58: sur des auteurs latins qui occupent
- Page 59 and 60: annuelle de congrès archéologique
- Page 61 and 62: d’Anne-Marie Flambard-Héricher s
- Page 63 and 64: Tableau 1 : arbre relationnel de la
- Page 65 and 66: L’inconvénient de ce processus d
- Page 67 and 68: 2.1.2- Les tables d’inventaire L
- Page 69 and 70: L’individu le plus souvent mentio
- Page 71 and 72: permet pas de saisir, par une simpl
- Page 73 and 74: CNQ 185 13 sites conquis H+R 36 3 T
- Page 75 and 76: Concernant le codage de la variable
- Page 77 and 78: GAS 61 8 69 IRL 33 12 12 2 3 9 71 L
- Page 79 and 80: « centraux » et « périphéries
- Page 81 and 82: l’administration des châteaux (F
- Page 83 and 84: 3- Espace féodal et construction t
- Page 85 and 86: l’affaiblissement des relations d
- Page 87 and 88: est continu ; 2- il est infini ; 3-
- Page 89 and 90: nation 262 , pour ensuite proposer
- Page 91 and 92: Changer d’échelle : l’analyse
- Page 93: D’une certaine manière c’est l
- Page 97 and 98: Richard (Bérengère de Navarre) et
- Page 99 and 100: Les débats sur la nature de « l
- Page 101 and 102: d’intérêt (la res publica) para
- Page 103 and 104: large étendue de terre par ses vic
- Page 105 and 106: témoignent précisement les luttes
- Page 107 and 108: d’Orose et d’Isidore de Sévill
- Page 109 and 110: Si la base de la connaissance du ro
- Page 111 and 112: universalistes de l’Église (le p
- Page 113 and 114: est donc la place qu’occupaient l
- Page 115 and 116: l’occident féodal 375 . Les just
- Page 117 and 118: l’Occident féodal se sont constr
- Page 119 and 120: cartographie de l’Angleterre à p
- Page 121 and 122: transformées cartes en cartes chor
- Page 123 and 124: l’itinérance et des choix résid
- Page 125 and 126: féodale dont ils occupaient le som
- Page 127 and 128: 1- Confisquer et détruire : le pou
- Page 129 and 130: La dernière phrase montre que l’
- Page 131 and 132: À la mort de l’un de ses princip
- Page 133 and 134: À mes chers et fidèles G. de Nevi
- Page 135 and 136: siècle 43 . Les récentes réinter
- Page 137 and 138: Mais après la révolte de 1173, He
- Page 139 and 140: 1.2- Extension et normalisation des
- Page 141 and 142: s’exerçant pas uniquement au tra
- Page 143 and 144: elevés 79 , il est cependant peu p
anglaise explique en partie pourquoi la biographie, au moment où elle était délaissée par<br />
les historiens des Annales, fut le principal mode d’interrogation historique de cette<br />
période. Même s’ils avaient tendance à reproduire les défauts qu’avaient stigmatisés les<br />
historiens des Annales, comme l’appréciation des qualités d’hommes d’État, parfois sur<br />
un mode psychologiques 294 , les historiens britanniques n’en pratiquaient pas moins une<br />
histoire politique pr<strong>of</strong>ondément marquée le droit et l’analyse des institutions.<br />
L’influence de l’anthropologie historique dans les années 1970 n’a pas radicalement<br />
changé ces perspectives. James C. Holt a ainsi montré tout l’intérêt du droit et de sa<br />
fonction dans les modes de gouvernement ainsi que dans les rapports sociaux et les<br />
rapports de parenté au Moyen Âge 295 . Les approches sociologiques et<br />
prosoprographiques ont également contribué à renouveler l’histoire politique 296 . John<br />
Gillingham a ainsi tenté de construire une véritable sociologie politique du monde<br />
Plantagenêt, en s’intéressant aux représentations politiques et aux valeurs, notamment à<br />
la chevalerie et au rapport à la guerre 297 .<br />
Malgré le déséquilibre bibliographique sur les Plantagenêt en faveur de<br />
l’historiographie britannique, cette étude propose de prendre en compte l’apport de<br />
l’historiographie française sur la notion d’espace – qui est d’abord une anthropologie<br />
sociale – pour tenter d’expliquer les processus de territorialisation à l’œuvre dans<br />
l’empire Plantagenêt et leur rôle dans la formation d’un territoire politique. L’analyse<br />
des pratiques spatiales, et notamment des modes d’appropriations du territoire et de<br />
circulation des biens et des personnes ainsi que des représentations qu’elles<br />
engendraient, s’impose donc pour comprendre comment les Plantagenêt ont organisé,<br />
marqué et « construit » leurs territoires. Le concept de territorialisation permet en effet<br />
de remettre au centre le rôle des acteurs dans la construction du territoire, c’est pourquoi<br />
294 GALBRAITH, V. H., « Good Kings and Bad Kings in Medieval English History », dans Kings and<br />
chroniclers, 1982. VINCENT, N., « Twelfth and Thirteenth-Century Kingship. An Essay in Anglo-<br />
French Misunderstanding », dans Les idées passent-elles la Manche. Savoirs, représentations, pratiques<br />
(France-Angleterre, Xe-XXe siècles), 2007, p. 21-36 cite Sir Richard Southern à propos de la biographie<br />
d’Henri III de Sir Maurice Powicke : « a book that has no plot. Instead, the reader is taken through<br />
English history from 1216 to 1272… » (p. 25).<br />
295 HOLT, J. C., « Politics and property in early medieval England », Past & Present, 57 (1972), p. 3-52;<br />
HOLT, J. C., Colonial England, 1066-1215, 2003.<br />
296 CHURCH, S. D., The household knights <strong>of</strong> King John, 1999 ; BOORMAN, J., « The sheriffs <strong>of</strong> Henry<br />
II and their role in civil litigation 1154-89, PhD in History soutenu à l’University <strong>of</strong> Reading, 1989;<br />
HEISER, R. R., « Castles, constables, and politics in the late twelfth century English governance »,<br />
Albion,, 32 : 1 (2000), p. 19-36; HARPER-BILL, C. et VINCENT, N. (eds.), Henry II: New<br />
Interpretations, 2007.<br />
297 GILLINGHAM, J., The English in the Twelfth Century :Iimperialism, National Identity and Political<br />
Values, 1999; GILLINGHAM, J., Richard Coeur de Lion: Kingship, Chivalry and War in the Twelfth<br />
Century, 1994.<br />
94