03.04.2013 Views

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

En s’appuyant sur le principe d’une continuité territoriale, la construction d’une<br />

continuité de la dignité royale, au-delà de la personne du roi, contribue également à<br />

dépersonnaliser progressivement le lien entre le roi et ses vassaux. La<br />

dépersonnalisation du lien territorial entre le prince et sa principauté et son insertion<br />

dans une économie du règne, articulant la gloire divine et le gouvernement des hommes<br />

constitue alors sans doute un moment fondateur dans l’émergence du pouvoir<br />

souverain 20 . Si le gouvernement royal apparaît alors comme l’ensemble des dispositifs<br />

visant à organiser politiquement l’absence et l’invisibilité du roi, centre mobile de son<br />

royaume, le monument apparaît alors comme le lieu à travers lequel devient possible<br />

cette substitution des rapports personnels de pouvoirs par des rapports spatialisés. Parce<br />

qu’il devient le principal support de la représentation du pouvoir et de sa permanence<br />

territoriale, le monument acquiert une nouvelle fonction sociale, que traduisent les<br />

vastes chantiers de construction entrepris à cette date. Tandis que les demeures de<br />

villégiature permettaient au roi d’exercer sa domination sur l’espace par la pratique de<br />

la chasse, les fortifications marquaient le paysage de la puissance et de « l’idéologie »<br />

royale. L’ampleur de ce phénomène se caractérise par le fait qu’il touche l’ensemble des<br />

institutions sociales du Moyen Âge : l’Église comme la royauté. Entre le XI e et le XIII e<br />

siècles, de même que pour les églises 21 , la « monumentalisation » du pouvoir royal par<br />

les châteaux a non seulement constitué un mode de « personnification » spatialisé, mais<br />

a également fait advenir un réseau de constructions dont le maillage territorial permet<br />

d’encadrer les populations au niveau le plus local. Ce phénomène traduit ainsi l’enjeu<br />

central qu’est devenue la question de la visibilité, véritable épistémè qui se met en place<br />

autour de 1200 22 . De même que pour l’Église/église, l’architecture castrale fonde et<br />

perpétue la légitimité du pouvoir princier en le montrant et en mettant en scène la nature<br />

de sa domination 23 .<br />

La conscience du rôle structurant des constructions royales, qui apparaît très<br />

nettement chez un auteur comme Guillaume de Newburgh, lorsqu’il raconte le départ de<br />

Richard en Croisade, ne peut donc être sous-estimée 24 . Au début de la dernière décennie<br />

20<br />

Ibid.<br />

21<br />

IOGNA-PRAT, D., La maison Dieu, 2006.<br />

22<br />

RECHT, R., Le croire et le voir: l'art des cathédrales, XII-XVe siècle, 1999, notamment le chapitre 3<br />

(p. 97-145).<br />

23<br />

RENOUX, A., « Les fondements architecturaux du pouvoir princier en France (fin IXe - début XIIIe<br />

siècle) », dans Les Princes et le Pouvoir au Moyen Âge. Actes du XXIIIe congrès de la SHMESP, 1993, p.<br />

167-194.<br />

24<br />

GUILLAUME DE NEWBURGH, Chronicles <strong>of</strong> the reigns <strong>of</strong> Stephen, Henry II, and Richard I, 1884,<br />

I, p. 331 : Idem rex ut superius dictum est, ad Orientalem egrediens expeditionem, Eliensi episcopo<br />

cancellario suo vices suas in administration regni commiserat cum eiusdem regni ossibus id est,<br />

646

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!