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prélèvement de ses droits. Les fermiers devaient alors en rendre compte annuellement à l’Échiquier, ce qui permet de suivre l’évolution de leur dette au travers des pipe rolls 458 . Si le rôle du fermier des mines était centré sur l’organisation de la production, il semble également avoir été proche de celui des baillis. Cette charge incluait le droit de rendre la justice selon la juridiction propre aux mineurs, réglementée par des coutumes et dont la mise à l’écrit ne s’effectue qu’à la fin du XIII e siècle lors des inquisitiones quo warranto lancées par Edward I er 459 . La principale ferme est celle des « mines de Carlisle ». Elle regroupait plusieurs sites d’extraction, tous rattachés à la Monnaie de Carlisle, et les principaux gisements étaient situés à la frontière du Cumberland et du Northumberland 460 . À partir de 1163, leur extension juridictionnelle comprend également Yorkshire, comme le suggère la ferme des mines Carlisle, qui enregistre £20 supplémentaires de minaria de Everwiscira 461 . Des lettres de protection qu’Henri III accorde, en 1223, aux « mineurs royaux dépendants du bailliage des mines du Cumberland » incluent également ceux du Northumberland et du Yorkshire 462 . Les principaux sites en activité dans la seconde moitié du XII e siècle se situaient certainement autour d’Alston (Aldeneston), dont les mineurs reçoivent en 1234 des lettres de protection royale, leur assurant immunités et privilèges 463 . Les fouilles archéologiques de quelques sites d’extraction du plomb datant du XIII e siècle ont montré qu’ils étaient généralement loin des habitations, à proximité des forêts et des lieux où gisent les minerais et des sources d’approvisionnement, en bois, en eau et en vent 464 . 458 Je partage l’avis de Peter Claughton sur le fait qu’il s’agit bien d’un affermage des droits sur les mines et non des mines elles-mêmes. CLAUGHTON, P., « Mining law in England and Wales: understanding boundaries in the landscape », dans Sfruttamento tutela e valorizzazione del territorio dal diritto romano alla regolamentazione europea e internazionale, 2007, p. 303-317. Les fermiers avaient d’ailleurs vraisemblablement déjà des charges judiciaires conférées par les coutumes de mineurs. Cependant, la mise par écrit des coutumes des mineurs n’est effectuée qu’à la fin du XIII e siècle, lors des inquisitiones quo warranto lancées par Edward I er . Il est donc difficile de savoir si elles existaient sous cette même forme à la fin du XII e siècle, étant donnée l’évolution de la production minière au cours de ce siècle. 459 V.C.H., Yorkshire, II, p.351. 460 FERGUSSON, R., History of Cumberland, 1890, p.145. 461 PR. 9 H.II. p. 10. 462 MAXWELL-LYTE, H. C. et BLACK, J. G., Calendar of the Patent Rolls preserved in the Public Record Office, 1901, I (1216-1225), p. 366. [1223]. De Protectione minitores domini Regis de comitatu Ebroaci et Northumberande pertinentes ad bailliam minerie de comitatu Cumberlande habent litteras de protectio usque ad etatem domini regis. Teste H. etc. apud Huntindun, xvi Feburario anno vii, per eundem. 463 Ibid., III, [1234] p. 7 : pro minitoribus de Aldeneston. Henricus Dei gratia rex Angliae &c. omnibus ballivis et fidelibus suis as quos presentes litterae pervenerint. Salutem. Sciatis quod sucepimus in protectionem et defensionem nostram minitores nostros de Aldeneston … 464 BEVAN, B., « Medieval leads : archaeological excavation and conservation of a lead working site, Howden Clough, Bradfield, South Yorkshire », Transactions of the Hunter Archaeological Society, 20 624

Si l’on en croit le récit de Robert de Torigni, l’essor des mines du Northumberland ne semble pas être antérieur à l’année 1133. Il raconte alors que les fabuleuses découvertes d’argent aux marges septentrionales du royaume étaient capables de produire £500 annuellement 465 . Mais entre 1135 et 1157, la région passe sous la domination du roi d’Écosse, avant de retourner dans les domaines anglais, lorsque Henri II défait Malcolm IV (1154-1165) à Carlisle, en 1157. Le changement de domination n’entraîne pas de rupture puisqu’à partir de 1158, lors de la frappe de la nouvelle monnaie, la ferme des mines de Carlisle est attribuée à William fils d’Erkembald (ou FitzErembald) qui frappait déjà la monnaie à Carlisle pour David I er d’Écosse 466 . Il rend désormais compte à l’Échiquier de 100 marcs d’argent, qui deviennent £100 l’année suivante. En 1164, la ferme passe à £200 annuelles et en 1166 à 500 marcs 467 , équivalent au revenu « de deux mines » 468 . Toutefois, cet essor doit être regardé essentiellement comme le fruit des difficultés rencontrées par les fermiers pour s’acquitter de leur ferme. En 1170, par exemple, le shérif du Northumberland, William de Vesci, reçoit 65 marcs pour se procurer le « plomb du roi », mais il lui faut six ans pour être quitte devant l’Échiquier, sans parvenir à remplir entièrement sa mission. Un tel délai pose la question de la solvabilité des mines de Carlisle à cette date 469 . On s’aperçoit en effet que dès 1167, lorsque William d’Erkembald reprend la ferme des mines (affermées entre temps à William Holdegar), il entre dans un processus d’accumulation de dettes qu’il ne parviendra jamais à éponger. Il cesse presque tout paiement à l’Échiquier à partir de 1176 et ses arriérés enflent jusqu’en 1191 – date probable de son décès – où ils atteignent alors le montant de £2154 13s. 4d. Son report figure dans les rolls du Northumberland tout au long du XIII e siècle ! Plusieurs facteurs permettent d’expliquer la faillite du fermier des mines de Carlisle. En premier lieu, la révolte du roi d’Écosse Guillaume le Lion (1165-1214) dont l’armée dévaste la région en 1173 et 1174 provoquant de sérieux dommages dans les (1999), p. 31-51, p. 37. L’introduction, depuis plusieurs années, des nouvelles techniques de prospection a orienté, les recherches archéologiques vers l’analyse des paysages des mines de plomb. ROE, M., « Lead mining archaeology in the Yorkshire Dales », Landscapes, 4: 1 (2003), p. 65-78. 465 TORIGNI, I, p. 192 : Hoc etiam tempore, vena argentia reperta fuerat apud Carluil ; unde investigatores qui eam in visceribus terrae quaerebant, quingentas libras regi Henrico annuatim persolvebant. 466. DOHERTY, H., « Robert de Vaux and Roger de Stuteville, sheriffs of Cumberland and Northumberland, 1170-1185 », dans A.N.S., 2005, p. 65-102, p. 65-102, voir notamment p. 97. 467 Soit £333 13s. 4d. 468 PR 4. H.II., p. 120, et 5 H.II, p. 33 ; 10 H.II., p. 2 ; 12 H.II. p. 89. 469 PR16 H.II, p. 49 ; 22 H. II, p. 138. 625

prélèvement de ses droits. Les fermiers devaient alors en rendre compte annuellement à<br />

l’Échiquier, ce qui permet de suivre l’évolution de leur dette au travers des pipe rolls 458 .<br />

Si le rôle du fermier des mines était centré sur l’organisation de la production, il semble<br />

également avoir été proche de celui des baillis. Cette charge incluait le droit de rendre la<br />

justice selon la juridiction propre aux mineurs, réglementée par des coutumes et dont la<br />

mise à l’écrit ne s’effectue qu’à la fin du XIII e siècle lors des inquisitiones quo warranto<br />

lancées par Edward I er 459 .<br />

La principale ferme est celle des « mines de Carlisle ». Elle regroupait plusieurs<br />

sites d’extraction, tous rattachés à la Monnaie de Carlisle, et les principaux gisements<br />

étaient situés à la frontière du Cumberland et du Northumberland 460 . À partir de 1163,<br />

leur extension juridictionnelle comprend également Yorkshire, comme le suggère la<br />

ferme des mines Carlisle, qui enregistre £20 supplémentaires de minaria de<br />

Everwiscira 461 . Des lettres de protection qu’Henri III accorde, en 1223, aux « mineurs<br />

royaux dépendants du bailliage des mines du Cumberland » incluent également ceux du<br />

Northumberland et du Yorkshire 462 . Les principaux sites en activité dans la seconde<br />

moitié du XII e siècle se situaient certainement autour d’Alston (Aldeneston), dont les<br />

mineurs reçoivent en 1234 des lettres de protection royale, leur assurant immunités et<br />

privilèges 463 . Les fouilles archéologiques de quelques sites d’extraction du plomb datant<br />

du XIII e siècle ont montré qu’ils étaient généralement loin des habitations, à proximité<br />

des forêts et des lieux où gisent les minerais et des sources d’approvisionnement, en<br />

bois, en eau et en vent 464 .<br />

458<br />

Je partage l’avis de Peter Claughton sur le fait qu’il s’agit bien d’un affermage des droits sur les mines<br />

et non des mines elles-mêmes. CLAUGHTON, P., « Mining law in England and Wales: understanding<br />

boundaries in the landscape », dans Sfruttamento tutela e valorizzazione del territorio dal diritto romano<br />

alla regolamentazione europea e internazionale, 2007, p. 303-317. Les fermiers avaient d’ailleurs<br />

vraisemblablement déjà des charges judiciaires conférées par les coutumes de mineurs. Cependant, la<br />

mise par écrit des coutumes des mineurs n’est effectuée qu’à la fin du XIII e siècle, lors des inquisitiones<br />

quo warranto lancées par Edward I er . Il est donc difficile de savoir si elles existaient sous cette même<br />

forme à la fin du XII e siècle, étant donnée l’évolution de la production minière au cours de ce siècle.<br />

459<br />

V.C.H., Yorkshire, II, p.351.<br />

460<br />

FERGUSSON, R., History <strong>of</strong> Cumberland, 1890, p.145.<br />

461<br />

PR. 9 H.II. p. 10.<br />

462<br />

MAXWELL-LYTE, H. C. et BLACK, J. G., Calendar <strong>of</strong> the Patent Rolls preserved in the Public<br />

Record Office, 1901, I (1216-1225), p. 366. [1223]. De Protectione minitores domini Regis de comitatu<br />

Ebroaci et Northumberande pertinentes ad bailliam minerie de comitatu Cumberlande habent litteras de<br />

protectio usque ad etatem domini regis. Teste H. etc. apud Huntindun, xvi Feburario anno vii, per<br />

eundem.<br />

463<br />

Ibid., III, [1234] p. 7 : pro minitoribus de Aldeneston. Henricus Dei gratia rex Angliae &c. omnibus<br />

ballivis et fidelibus suis as quos presentes litterae pervenerint. Salutem. Sciatis quod sucepimus in<br />

protectionem et defensionem nostram minitores nostros de Aldeneston …<br />

464<br />

BEVAN, B., « Medieval leads : archaeological excavation and conservation <strong>of</strong> a lead working site,<br />

Howden Clough, Bradfield, South Yorkshire », Transactions <strong>of</strong> the Hunter Archaeological Society, 20<br />

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