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En 1179, la ferme des mines de Carlisle mentionne en effet que frère Simon est chargé
de recevoir 100 carretata de plomb pour les travaux de l’église de Clairvaux, tandis que
£8 sont dépensées pour affréter les bateaux chargés de transporter le plomb de
Newcastle à Rouen 424 . Puis en 1180, il est question de « 40 carretata de plomb que le
roi a donné aux moines cisterciens 425 » et en 1181, un certain Reiner est chargé de
recevoir les 235 carretata de plomb pour l’abbaye de saint Bernard 426 . Les pipe rolls
enregistrent également le coût du transport de 241 carretata de plomb de York à Rouen,
la même année 427 . Enfin, la dernière mention de plomb à destination de Clairvaux
apparaît dans le rouleau de 1188, où il est encore question de 100 carretata de plomb
pour les travaux de la demeure des moines de Clairvaux 428 . Au total, entre 1179 et 1188,
475 carretata de plomb (soit près de 280 tonnes) ont donc circulé entre les mines
d’Angleterre et l’abbaye cistercienne. En reconnaissance de ce formidable don, l’abbé
décide de faire parvenir au roi la relique d’un doigt de saint Bernard 429 .
La comparaison de ces 475 carretata de plomb destinées à l’abbaye de
Clairvaux avec les 18 à 20 tonnes qu’André Guillerme estime nécessaires pour couvrir
la cathédrale de Chartres, à la même époque, apparaît sans commune mesure 430 .
L’expression employée par l’abbé de Clairvaux est celle de lamina plumbi, un terme
générique que l’on peut traduire par plaque ou table de plomb 431 . À partir du modèle
proposé par Viollet-le-Duc concernant la mise en œuvre et le mode de fixation des
tables de plomb pour couvrir les toitures médiévales, une nouvelle tentative pour
évaluer le don d’Henri II peut être proposée 432 . Selon Viollet-le-Duc, les tables en
424
PR 25 H.II, p. 27 et 30 : £66 13s. 4d. pro C carretatis plumbi liberatis fratri Simoni ad operatione
ecclesie Clarevall’.
425
PR 26 H.II, p. 137 : pro XL carretatis plumbi quas Rex dedit monachis Cysterciencibus.
426
PR 27 H.II p. 65 : pro caretatis plumbi liberatis Reinero ad opus ecclesie de Clarevalle.
427
PR 27 H.II, p. 47 : £23 4s. 8d. in custamento ducendi CCXLI caretatas plumbi ab Everwick usque
Rothomagum quod Rex dedit ecclesie Clarevalle.
428
PR 34 H.II, p. 199 : £33 6s. 8d. pro C carretatis plumbi quas rex dedit monachis de Clarevalle ad
operiendas domos suas.
429
Ibid., p. 219-220, n°177; PL, CLXXXIV, p. 627 ; PL, CCIV, p. 220; KINDER, T. N., « Les églises
médiévales de Clairvaux : probabilité et fiction », dans Histoire de Clairvaux, 1991, p. 205-229, p. 218.
430
GUILLERME, A., « Sur l’histoire du plomb au Moyen Âge », Milieux, 7-8 (1981-1982), p. 58-61.
Toutefois, Paul Benoît a refait les calculs et propose une estimation proche de 115 tonnes. BENOÎT, P.,
« Le fer et le plomb dans les cathédrales gothiques », dans L'homme et la matière: l'emploi du plomb et
du fer dans l'architecture gothique, 2009, p. 51-59.
431 e
Pour une représentation médiévale de ces tables assemblées sur les toitures du XII siècle, voir
également le plan Christchurch à Canterbury du Psautier d’Eadwin, voir SKELTON, R. A. et HARVEY,
P. D. A., Local Maps and Plans from Medieval England, 1986.
432
VIOLLET-LE-DUC, E., « plomberie », dans Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe
au XVe siècle, 1854, p. 209-220. Il élabore ses schémas à partir de l’observation des toitures de la
cathédrale de Chartes, avant l’incendie de 1835. Les tables sont datables selon lui du XIII e siècle. voir
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