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sœurs de l’abbaye de Fontevraud, un ordre angevin particulièrement favorisé par
Henri II, y sont installées 374 . Entre 1180 et 1185, 370 carretata de plomb 375 en
provenance des mines de Shelve dans le Shropshire sont envoyées vers Amesbury,
traduisant manifestement la volonté du roi de contribuer à la dignité de la nouvelle
fondation 376 . Amesbury devient ainsi une retraite de choix pour les femmes de
l’aristocratie à la fin du Moyen Âge. Cette donation semble avoir entièrement couvert
les besoins en plomb des bâtiments de l’abbaye, car aucune autre source ne mentionne
de don de plomb jusqu’en 1540, date à laquelle Henri VIII décide de dissoudre les
ordres monastiques de son royaume.
Des agents sont alors dépêchés pour récupérer le plomb des toitures des édifices
monastiques afin de pourvoir aux besoins de la guerre et des nouvelles demeures
royales. Dans les comptes de la cour de « l’Augmentation des revenus de la Couronne »,
créée en 1534 pour gérer les revenus et les possessions des monastères, se trouve, à la
date du 22 septembre 1540, une estimation de la valeur du plomb des bâtiments
monastiques d’Amesbury établie par les plombiers Christopher Dreye et George Hynde,
sous le commandement de Thomas Cumine, le plombier en chef du Roi: « le plomb
restant sur le chœur, les ailes, le clocher, les chapelles, la sacristie, le cloêtre, le "frater"
[réfectoire], le hall et les chambres avec les gouttières, tout ensemble est estimé à 230
foders », soit entre 218 et 227 tonnes 377 . Le foder ou fother est une unité de mesure de la
masse du plomb utilisée en Angleterre à l’époque moderne, dont le poids varie selon les
périodes entre 990 kg et 1 145 kg 378 . Il est également question dans le rapport de quatre
374 Amesbury est fondé par la reine Elfrida, femme du roi Edgar en 980 pour expier le meurtre de son
beau-fils Edward à Corfe. TALBOT, C. H., « Amesbury church. Reasons for thinking that it was not the
Church of the Priory », Wiltshire Archaeological and Natural History Magazine, 31 (1901), p. 9-29. Sur
les rapports entre Henri II et Fontevraud voir : BOASE, T. S. R., « Fontevrault and the Plantagenets »,
British Archaeological Association Journal, 32 (1969), p. 26-29; BIENVENU, J. M., « Henri II
Plantagenêt et Fontevraud », dans Henri II Plantagenêt et son temps, 1994, p. 25-32.
375 Pour le calcul des conversions voir infra.
376 Seules 200 carretata sont explicitement indiquées à destination de Amesbury, les deux autres entrées
sont présentés comme payées au roi et ad opus regis, mais sans plus de précision. Concernant la
conversion de la carreta voir infra.
377 TALBOT, C. H., « Amesbury church. Reasons for think that it was not the church of the priory »,
Wiltshire Archaeological and Natural History Magazine, 31 (1901), p. 9-29 ; KITE, E., « Notes on
Amesbury monastery, with an account of some discoveries on the site in 1860 », Wiltshire Notes and
Queries, 3 (1901), p. 114-119; 147-154; 221-227; 258-267 ; 289-305.
378 MARTIN, W., An Attempt to Establish Throughout his Majesty’s Dominions an Universal Weight and
Measure, Dependant on Each Other, etc. 1794. Selon E. Kite un fodder équivaut en 1540 à 19
Hundredweight (cwt) mais dans, BREWER, J. S.; BRODIS, R. H. et GAIRDNER, J. (eds.), Letters and
Papers, Foreign and Domestic of the Reign of Henry VIII, etc., 1965, XIX, II, 119, p. 54, l’équivalence
pour 1 fother est de 19 ½ cwt. Les subdivisions du fodder sont le hundredweight (cwt), le fotmal, le stone
et le wey, de sorte qu’un fodder équivaut à peu près à 12 weys, 19 cwt, 30 fotmal et 178 stones.
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