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venir de la chaux d’Andover qui se situe non loin des forêts royales de Winchester pour réparer le château de Marlborough 321 . Le lieu de fabrication de la chaux dépendait donc de la proximité des matériaux de combustion nécessaires pour réduire les calcaires. Il est en outre moins onéreux de transporter de la chaux fabriquée à proximité des sylves, que le calcaire ainsi que le bois nécessaire à sa combustion. Les pipe rolls enregistrent parfois la construction de fours à chaux comme à Colchester en 1183, où près de £14 sont dépensées à cet effet 322 . À Château Gaillard, la confection de la chaux et son transport jusqu’au chantier par les chauliers (reatori) coûtent près de £ a 4010 323 . De même que la chaux, le fer était également un matériau de construction exigeant d’abondantes quantités de bois de combustion. 2.2.2- L’exploitation du fer et sa distribution dans le monde anglo-normand L’exploitation du fer destiné aux chantiers Plantagenêt : lieux et production L’essor de la production et du travail du fer à partir du XII e siècle en Occident a été l’objet d’importants travaux depuis les études de Bertrand Gille, à partir des années 1980, à la fois grâce aux découvertes archéologiques et au développement de l’histoire des techniques qui ont permis une meilleure connaissance de la sidérurgie et de la métallurgie médiévale 324 . Dans l’ensemble, ces recherches mettent en évidence un 321 PR 6 Richard, p. 211 : 7s. 3d. pro X careis locatis ad calcem trahendam ab Andevra usque Merlebergam ad reparationem eiusdem castelli. 322 PR 29 H.II, p. 19-20 : in operatione I rogi ad castellum de Colcestrie. 323 MRSN, II, p. 310 : reatoribus qui faciebant et apportabant calcem. 324 Les travaux sur la métallurgie médiévale ont considérablement enrichi la connaissance de cette activité médiévale, et ce, grâce aux apports de l’archéologie. Sur cet aspect que nous n’aborderons pas voir notamment GILLE, B., « L’organisation de la production du fer au Moyen Âge », Revue d’histoire de la Sidérurgie, 9 (1968), p. 95-110 ; BENOÎT, P. et BRAUNSTEIN, P. (eds.), Mines, carrières et métallurgie dans la France médiévale. Actes du colloque de Paris (19-21 juin 1980), 1983; BENOÎT, P. et CAILLEUX, D. (eds.), Moines et métallurgie dans la France médiévale. Actes du colloque, des 13 et 14 mars 1987, 1991; BELHOSTE, J. F.; LECHERBONNIER, Y. et ARNOUX, M. (eds.), La métallurgie normande : XIIe-XVIIe siècles : la révolution du haut fourneau, 1991; BENOÎT, P. (éd.), Mines et métallurgie, 1994; VERNA, C., Les mines et les forges des Cisterciens en Champagne méridionale et en Bourgogne du Nord, XIIe-XVe siècle, 1995; L'HÉRITIER, M., « L' utilisation du fer dans l'architecture gothique : les cas de Troyes et de Rouen », Thèse de doctorat, sous la dir. de Paul Benoît, 2007; BENOÎT, P., « Le fer et le plomb dans les cathédrales gothiques », dans L'homme et la matière: l'emploi du plomb et du fer dans l'architecture gothique, 2009, p. 51-59 ; et les travaux de Mathieu Arnoux sur la Normandie, qui propose une histoire sociale de la production de fer en insistant sur les liens étroits entre les forges et sur les droits d’usage des forêts : ARNOUX, M., « De la mine à la forge. Gisements potentiels des minerais normands », dans Corpus des objets domestiques et des armes en fer de Normandie du Ier au XVe siècle, 1987, p. 7-33 ; Id.., « Les métiers de férons dans le Normandie médiévale », Annales de Normandie, 38: 4 (1988), p. 334-336 ; Id.., « Forges et forêts au Moyen Âge: l'exemple normand », dans Forges et forêts. Recherches sur la consommation proto-industrielle de bois, 1990, p. 213-218; Id.., « Perception et exploitation d'un espace forestier: la forêt de Breteuil (XI-XVe 596

nombre croissant d’ateliers de production ou de travail du fer à partir du XII e siècle. Cet essor est étroitement lié à la croissance démographique et agricole et à la diffusion de l’énergie hydraulique (la première mention d’une forge hydraulique est celle de l’abbaye de Cîteaux en 1135, mais les vestiges de la plus ancienne forge hydraulique ont été retrouvés à Bordelsey). Pour se développer, la métallurgie nécessite non seulement des sous-sols richement minéralisés, mais aussi de la proximité de cours d’eau et de forêts, dans lesquels l’installation de forges ne pouvait se faire sans la concession d’importants droits d’usages 325 . Le développement des forges est alors étroitement lié au renforcement de l’encadrement seigneurial sur les communautés d’habitants. Dans l’empire Plantagenêt, les mines de fer exploitées et connues par la documentation écrite du XII e siècle se trouvent essentiellement en Normandie et en Angleterre. Bien que des mines et des forges existent dans les autres territoires, car les gisements de fer en surface sont abondants en Europe, aucun document ne permet à cette date de savoir comment elles étaient reliées aux chantiers royaux 326 . En Normandie, les principaux gisements ferreux se trouvent essentiellement dans les zones où affleure le massif armoricain ainsi qu’en bordure du bassin parisien 327 . Le fer représente une ressource naturelle dont l’exploitation est développée de manière rationnelle dans six centres principaux, à des époques différentes. Les autres minerais et notamment le cuivre et l’étain ne sont connus en Normandie que dans quelques gisements dispersés, rarement et faiblement exploités. En Angleterre, en revanche, l’abondante production d’étain dans le Devon et en Cornouaille était étroitement contrôlée par la Couronne, mais ce matériau était peu utilisé dans la construction. Les pipe rolls ne témoignent d’aucun approvisionnement en étain 328 . Comme en Normandie, les centres d’exploitation du fer connus en Angleterre après 1086 sont dispersés (tableau siècles) », Médiévales, 18 (1990), p. 17-32; Id.., Mineurs, férons et maîtres de forge : études sur la production du fer dans la Normandie du Moyen âge, XIe-XVe siècles, 1993. 325 ARNOUX, M., « Forges et forêts au Moyen Âge: l'exemple normand », dans Forges et forêts. Recherches sur la consommation proto-industrielle de bois, 1990, p. 213-218. 326 BENOÎT, P., « La production de fer au temps des cathédrales », dans L'homme et la matière: l'emploi du plomb et du fer dans l'architecture gothique, 2009, p. 77-82. 327 ARNOUX, M., « De la mine à la forge. Gisements potentiels des minerais normands », dans Corpus des objets domestiques et des armes en fer de Normandie du Ier au XVe siècle, 1987, p. 7-33. 328 Sur ce sujet voir les travaux de HATCHER, J., English Tin Production and Trade before 1550, 1973; GREEVES, T. A. P., « The archeological potential of the Devon tin industry », dans Medieval Industry, 1981, p. 85-95; GERRARD, S., The Early British Tin Industry, 2000; CLAUGHTON, P., « Silver Mining in England and Wales 1066-1500 », unpublished, PhD, Exeter, 2003. 597

nombre croissant d’ateliers de production ou de travail du fer à partir du XII e siècle. Cet<br />

essor est étroitement lié à la croissance démographique et agricole et à la diffusion de<br />

l’énergie hydraulique (la première mention d’une forge hydraulique est celle de<br />

l’abbaye de Cîteaux en 1135, mais les vestiges de la plus ancienne forge hydraulique<br />

ont été retrouvés à Bordelsey). Pour se développer, la métallurgie nécessite non<br />

seulement des sous-sols richement minéralisés, mais aussi de la proximité de cours<br />

d’eau et de forêts, dans lesquels l’installation de forges ne pouvait se faire sans la<br />

concession d’importants droits d’usages 325 . Le développement des forges est alors<br />

étroitement lié au renforcement de l’encadrement seigneurial sur les communautés<br />

d’habitants.<br />

Dans l’empire Plantagenêt, les mines de fer exploitées et connues par la<br />

documentation écrite du XII e siècle se trouvent essentiellement en Normandie et en<br />

Angleterre. Bien que des mines et des forges existent dans les autres territoires, car les<br />

gisements de fer en surface sont abondants en Europe, aucun document ne permet à<br />

cette date de savoir comment elles étaient reliées aux chantiers royaux 326 . En<br />

Normandie, les principaux gisements ferreux se trouvent essentiellement dans les zones<br />

où affleure le massif armoricain ainsi qu’en bordure du bassin parisien 327 . Le fer<br />

représente une ressource naturelle dont l’exploitation est développée de manière<br />

rationnelle dans six centres principaux, à des époques différentes. Les autres minerais et<br />

notamment le cuivre et l’étain ne sont connus en Normandie que dans quelques<br />

gisements dispersés, rarement et faiblement exploités. En Angleterre, en revanche,<br />

l’abondante production d’étain dans le Devon et en Cornouaille était étroitement<br />

contrôlée par la Couronne, mais ce matériau était peu utilisé dans la construction. Les<br />

pipe rolls ne témoignent d’aucun approvisionnement en étain 328 . Comme en Normandie,<br />

les centres d’exploitation du fer connus en Angleterre après 1086 sont dispersés (tableau<br />

siècles) », Médiévales, 18 (1990), p. 17-32; Id.., Mineurs, férons et maîtres de forge : études sur la<br />

production du fer dans la Normandie du Moyen âge, XIe-XVe siècles, 1993.<br />

325 ARNOUX, M., « Forges et forêts au Moyen Âge: l'exemple normand », dans Forges et forêts.<br />

Recherches sur la consommation proto-industrielle de bois, 1990, p. 213-218.<br />

326 BENOÎT, P., « La production de fer au temps des cathédrales », dans L'homme et la matière: l'emploi<br />

du plomb et du fer dans l'architecture gothique, 2009, p. 77-82.<br />

327 ARNOUX, M., « De la mine à la forge. Gisements potentiels des minerais normands », dans Corpus<br />

des objets domestiques et des armes en fer de Normandie du Ier au XVe siècle, 1987, p. 7-33.<br />

328 Sur ce sujet voir les travaux de HATCHER, J., English Tin Production and Trade before 1550, 1973;<br />

GREEVES, T. A. P., « The archeological potential <strong>of</strong> the Devon tin industry », dans Medieval Industry,<br />

1981, p. 85-95; GERRARD, S., The Early British Tin Industry, 2000; CLAUGHTON, P., « Silver Mining<br />

in England and Wales 1066-1500 », unpublished, PhD, Exeter, 2003.<br />

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