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Dans l’Angleterre du Domesday Book, la surface boisée représentait environ 15% du royaume, tandis qu’au début du XIII e siècle, les forêts royales recouvrent plus d’un quart du territoire 286 . La superposition entre « sylve » et forêt est donc loin d’être évidente 287 . Les domaines réservés à la chasse, parcus, forestas ou haiae incluaient à la fois des espaces boisés, des clairières et des prairies. Selon Olivier Rackham, les principales surfaces boisées se trouvaient dans les parcs, qui se distinguaient des forêts et des haies par les fossés et les clôtures qui les délimitaient. Le Domesday book enregistre 35 parcs en Angleterre en 1086, un nombre qui atteint 3200 au début du XIV e siècle 288 . Leur statut juridique était différent des forêts royales 289 . Selon Richard FitzNigel, « les forêts ont leurs propres lois, fondées non sur le droit commun, mais sur la décision arbitraire du roi » 290 . Cette organisation avait été mise en place par Guillaume le Conquérant qui avait introduit en Angleterre cette juridiction spécifique afin de protéger des espaces propices à la chasse au cerf. La brutalité avec laquelle cette nouvelle loi est renforcée par Henri I er est relatée par les chroniques anglo-saxonnes qui dénoncent la destruction de villages de paysans innocents 291 . La mise en place d’une administration et d’une justice spécifique aux forêts est donc l’œuvre d’Henri I er , Henri II ne faisant que mettre par écrit les lois régissant ces espaces réservés lors des prima assisa (sans doute en 1166) puis lors des « Assises de la Forêt », tenues à 286 RACKHAM, O., « The growing and transport of timber and underwood », dans Wood Working Technics before A.D. 1500, 1982, p. 199-218; RACKHAM, O., « Trees and woodland in the British Landscape. The complete history of Britain’s trees, woods, and hedgerows », (1995 [1976]); BAZELEY, M. L., « The extent of the English forest in the thirteenth century », T.R.H.S., 4 (1921), p. 140-172; YOUNG, C. R., The Royal Forests of Medieval England, 1979, p.VII. La proportion des surfaces boisées descendra jusqu’à 10% du royaume en 1350. 287 Nous reprenons le néologisme de Jean-Pierre Drevoey, afin d’éviter les problèmes liés à la notion médiévale de forestum et à son étymologie controversée. DEVROEY, J., Économie rurale et société dans l'Europe franque (VIe-IXe siècles), 2003, p ; 29 ; MORSEL, J., « Construire l'espace forestier sans la notion d'espace. Le cas du Salzforst (Franconie) au XIVe siècle », dans Construction de l'espace au Moyen Âge: pratiques et représentations, 2007, p. 295-316. 288 SAMPER, P., « Woods and parks », dans The Countryside of Medieval England, 1988, p. 128-148; dans les pipe rolls ; on peut dénombrer 14 parcs royaux ayant fait l’objet d’une intervention (Berkley, Bolsover, Stowe, Clipstone, Eye, Tewkesbury, Guilford, Havering, Ludgershall, Melbourne, Northampton, Nottingham, Richangham et Woodstock) et 3 en Normandie (Rouen, Néhou, Parc d’Anxtot). 289 PETIT-DUTAILLIS, C. et RHODES, W. E., Studies and Notes supplementary to Stubbs' Constitutional History, 1930 , II, p. 760. 290 RICHARD FITZNIGEL, Dialogus de Scaccario (and) Constitutio Domus Regis, 1983, p. 59-62 : legibus quidem propriis subsistit quas non communi regni iure sed voluntaria principum institutione subnixas dicunt. 291 CRONNE, H. A., « The royal forest in the reign of Henry I », dans Essays in British and Irish History in Honour of James Eadie Todd, 1949, p. 1-23 ; YOUNG, C. R., « Conservation policies in the royal forests of medieval England », Albion, 10: 2 (1978), p. 95-103 ; WHITELOCK, D.; DOUGLAS, D. C. et TUCKER, S. I. (eds.), The Anglo-Saxon Chronicle. A Revised Translation., 1961, p. 165. 590

Woodstock en 1184 292 . Désormais, les forestiers du roi doivent rendre compte de leur administration devant l’Échiquier, ce qui permet d’en connaître les principaux revenus. L’extension de la juridiction des forêts royale sous Henri II repose principalement sur la justification de la reforestation d’aires défrichées sous le règne Étienne de Blois 293 . Au XIII e siècle, l’espace soumis à la loi de la forêt couvrait ainsi près d’un tiers du royaume, tandis que l’espace de la sylve, représentait à peine 3% de l’Angleterre 294 (voir carte 6.24). En somme, le roi possédait des arbres dans seulement la moitié de ses forêts. Les principales forêts capables de fournir des ressources matérielles pour approvisionner ses chantiers royaux en bois sont alors les forêts de Dean (Gloucestershire), de Windsor (Berkshire), de Sherwood (Nottinghamshire), de Gillingham (Dorset) et de Kingswood (Essex) 295 . En Normandie, Maïté Billoré a décompté 18 forêts ducales, comprenant une cinquantaine de bois et de dépendances 296 . Dans le reste de l’empire, il n’y avait pas de régime juridique spécifique aux forêts des domaines ducaux et comtaux, autre que celui de la réserve. Les principaux parcs et forêts des domaines Plantagenêt sont ceux de Bercé près du Mans 297 , de Chinon, de Saumur et de Loches en Anjou, la forêt de Moulière aux abords de Poitiers, la forêt d’Orbestier 298 , de Chizé, d’Argenson, et d’Oléron. En Aquitaine, les ducs ne possédaient que très peu de domaines, en dehors de la région de Bordeaux et la côte littorale 299 . L’exploitation et circulation du bois de charpente 292 CORNER, D. J., « the texts of Henry’s Assizes », dans Law-Making and Law-Makers in British History, 1980, p. 7-20. Il existe trois textes pour ces assises : les prima assisa datant sans doute de 1166- 67 ou 1175-76, les assises de Woodstock de 1184 et les assises de 1198 qui reprennent celles de 1184. Le texte est reproduit dans HOVEDEN, II, p. 243-247. 293 YOUNG, C. R., The Royal Forests of Medieval England, 1979; VINCENT, N., « New charters of king Stephen with some reflections upon the royal forests during the Anarchy », E.H.R., 114: 458 (1999), p. 899-928. 294 RACKHAM, O., « The forest: woodland and wood-pasture in medieval England », dans Archaeological approaches to medieval Europe, 1984, p. 70-101; RACKHAM, O., « The growing and transport of timber and underwood », dans Wood Working Technics before A.D. 1500, 1982, p. 199-218. 295 RACKHAM, O., « Woodland management, products and uses since 1250 », dans Ancient Woodland : Its History, Vegetation and Uses in England, 2003, p. 137. 296 BILLORÉ, M., « Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe - début XIIIe siècles). De l'autocratie Plantagenêt à la domination capétienne », Thèse de doctorat, sous la dir. de Martin Aurell, 2005, non publiée, p. 422-424 et annexes p. 104-105. 297 Henri II y installe des grandmontains (voir chapitre 2). 298 Richard y vient souvent chasser et il y installe les grandmontains de Lieu-Dieu en Jard (voir chap. 2). 299 Voir la reconstitution du domaine ducal dans BOUTOULLE, F., Le duc et la société : pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au XIIe siècle, 2007, p. 59-69. 591

Woodstock en 1184 292 . Désormais, les forestiers du roi doivent rendre compte de leur<br />

administration devant l’Échiquier, ce qui permet d’en connaître les principaux revenus.<br />

L’extension de la juridiction des forêts royale sous Henri II repose principalement sur la<br />

justification de la reforestation d’aires défrichées sous le règne Étienne de Blois 293 . Au<br />

XIII e siècle, l’espace soumis à la loi de la forêt couvrait ainsi près d’un tiers du<br />

royaume, tandis que l’espace de la sylve, représentait à peine 3% de l’Angleterre 294<br />

(voir carte 6.24). En somme, le roi possédait des arbres dans seulement la moitié de ses<br />

forêts. Les principales forêts capables de fournir des ressources matérielles pour<br />

approvisionner ses chantiers royaux en bois sont alors les forêts de Dean<br />

(Gloucestershire), de Windsor (Berkshire), de Sherwood (Nottinghamshire), de<br />

Gillingham (Dorset) et de Kingswood (Essex) 295 .<br />

En Normandie, Maïté Billoré a décompté 18 forêts ducales, comprenant une<br />

cinquantaine de bois et de dépendances 296 . Dans le reste de l’empire, il n’y avait pas de<br />

régime juridique spécifique aux forêts des domaines ducaux et comtaux, autre que celui<br />

de la réserve. Les principaux parcs et forêts des domaines Plantagenêt sont ceux de<br />

Bercé près du Mans 297 , de Chinon, de Saumur et de Loches en Anjou, la forêt de<br />

Moulière aux abords de Poitiers, la forêt d’Orbestier 298 , de Chizé, d’Argenson, et<br />

d’Oléron. En Aquitaine, les ducs ne possédaient que très peu de domaines, en dehors de<br />

la région de Bordeaux et la côte littorale 299 .<br />

L’exploitation et circulation du bois de charpente<br />

292 CORNER, D. J., « the texts <strong>of</strong> Henry’s Assizes », dans Law-Making and Law-Makers in British<br />

History, 1980, p. 7-20. Il existe trois textes pour ces assises : les prima assisa datant sans doute de 1166-<br />

67 ou 1175-76, les assises de Woodstock de 1184 et les assises de 1198 qui reprennent celles de 1184. Le<br />

texte est reproduit dans HOVEDEN, II, p. 243-247.<br />

293 YOUNG, C. R., The Royal Forests <strong>of</strong> Medieval England, 1979; VINCENT, N., « New charters <strong>of</strong> king<br />

Stephen with some reflections upon the royal forests during the Anarchy », E.H.R., 114: 458 (1999),<br />

p. 899-928.<br />

294 RACKHAM, O., « The forest: woodland and wood-pasture in medieval England », dans<br />

Archaeological approaches to medieval Europe, 1984, p. 70-101; RACKHAM, O., « The growing and<br />

transport <strong>of</strong> timber and underwood », dans Wood Working Technics before A.D. 1500, 1982, p. 199-218.<br />

295 RACKHAM, O., « Woodland management, products and uses since 1250 », dans Ancient Woodland :<br />

Its History, Vegetation and Uses in England, 2003, p. 137.<br />

296 BILLORÉ, M., « Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe - début XIIIe siècles). De l'autocratie<br />

Plantagenêt à la domination capétienne », Thèse de doctorat, sous la dir. de Martin Aurell, 2005, non<br />

publiée, p. 422-424 et annexes p. 104-105.<br />

297 Henri II y installe des grandmontains (voir chapitre 2).<br />

298 Richard y vient souvent chasser et il y installe les grandmontains de Lieu-Dieu en Jard (voir chap. 2).<br />

299 Voir la reconstitution du domaine ducal dans BOUTOULLE, F., Le duc et la société : pouvoirs et<br />

groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au XIIe siècle, 2007, p. 59-69.<br />

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