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le paiement de £28 sur le rouleau du shérif du Kent en 1191, pour le transport de pierres et de bois du roi destinés à la construction d’un foyer à la Tour de Londres 259 . Marché de la pierre, stockage et mise en réseau des matériaux des chantiers royaux Si les chantiers royaux se sont généralement approvisionnés directement dans les carrières royales, plusieurs entrées dans les pipe rolls montrent que les achats de pierres ont également été effectués sur des marchés, comme celui Southampton (voir supra), mais aussi celui de Londres. Comment fonctionnaient ces marchés et quelle était leur place dans l’organisation de la circulation des matériaux en Angleterre ? Les nombreuses mentions d’achat de pierre sur la ferme de Southampton suggèrent que ce port était un marché de la pierre de taille en provenance de Normandie mais également de celles des carrières du sud de l’Angleterre, comme celle de Quarr. En 1179, il est question de « pierres à destination des travaux de la maison du roi de Winchester » 260 dont l’acquisition est déduite des comptes de Richard d’Ilchester évêque de Winchester qui tenait des terres sur l’île Wright, où se trouvaient les carrières de la célèbre pierre de Quarr (dite aussi pierre de Binstead, du nom du village à proximité duquel elle se trouve) 261 . Ces carrières étaient exploitées par les évêques de Winchester qui possédaient le droit d’extraire la pierre (lapides fodiendi) à Wright depuis le règne de Guillaume le Roux 262 . La pierre de Quarr est très proche en apparence du calcaire caennais mais n’avait pas une aire de diffusion aussi étendue que la pierre normande : elle s’étendait tout au plus jusqu’à Canterbury, où elle se retrouve aussi bien dans le donjon normand royal, le prieuré cathédrale de Christchurch et l’abbaye de Saint Augustin 263 . Selon Tim Tatton-Brown, les carrières de Quarr étaient 259 PR 3 Richard, p. 147 : £28 in attractu lapidem et bosci regis ad faciendam rogos ad opus Turris Londonie. 260 P.R. 25 H. II, p.110 : 15s. 4s pro tribus milaribus petre ad operatione domorum regis de Wintonie. 261 JOPE, E. M., « The Saxon building stone industry in South and Midland England », Medieval Archaeology, 8 (1964), p. 91-118. 262 Regesta Regum Anglo-Normannorum, 1066-1154. II. Regesta Henrici Primi, 1066-1135, 1968, p. 405, n° 412d; voir aussi GALBRAITH, V. H., « Royal Charters to Winchester », E.H.R., 35: 139 (1920), p. 382-400, n°IX : W[illelmus] rex Anglor[um] W.... vicecomiti de Insula salutem. Notum sit tibi et omnibus baronibus meis quod ego concessi Walkelino episcopo dimidiam hidam terre in Vecta Insula ad opus ecclesie sue sicut eam sibi pro anima sua concesserat pater meus die qua erat vivus et mortuus Nec solum autem ibi sed etiam per totam terram meam in eadem insula salvo gablo meo per planum per silvam sibi lapides fodiendi dedi licentiam si tamen silva tante parvitatis fuerit ut per eam transeuntis cornua cervi appareant. Hoc factum est apud Kenefare. 263 TATTON-BROWN, T., « The use of Quarr stone in London and East Kent », Medieval Archaeology, 24 (1980), p. 213-215. Les analyses des restes du donjon faites en 1978 par le Canterbury Archaeological Trust ont montré que la pierre de Quarr est utilisée de manière extensive dans les plinthes, en particulier pour les moulures chanfreinées et dans des fragments cassés des matériaux de remplissage. Mais toutes 584

pratiquement épuisées, au milieu du XII e siècle, signalant son usage abondant dans les chantiers anglais d’après la conquête 264 . Southampton a également été un lieu de redistribution des ardoises ou « mazereaux » provenant du Devon et de Cornouailles. Les pipe rolls enregistrent plusieurs mentions d’achat et de transport d’azesia, c'est-à-dire « pierre de couverture », un terme qui recouvrait sans doute l’ensemble des schistes argileux dont la découpe aplatie servait à la couverture des édifices. Les ardoises offraient une solution intermédiaire, entre le plomb et le bois ou le chaume, pour la couverture des bâtiments. À l’instar des tuiles, elles constituaient un matériau plus imperméable aux intempéries et plus résistant aux incendies. En 1212, le Liber custumarum réglementant la construction à Londres interdit d’ailleurs la couverture des bâtiments en roseau, paille, chaume ou autre matériau végétal (à l’exception de chaux plâtrée) 265 . Les ardoises en schiste bleu produites dans le Devon sont peu étudiées pour la période médiévale 266 . On sait néanmoins que des carrières aux alentours de Plymouth et de Totnes, qui ont une importante production à l’époque moderne, sont exploitées dès la fin du XII e siècle. À partir de 1172, en effet, des paiements sont enregistrés sur les pipe rolls pour approvisionner la demeure royale de Winchester. À cette date, trois entrées enregistrent d’abord 66s. 8d. pour 100 000 ardoises, puis £6 13s. 4d. (soit le double) pour vraisemblablement donc 200 000 ardoises ainsi que £4 17s. 8d. représentant le coût d’affrètement de deux nefs pour les amener jusqu’à Southampton 267 . Puis en 1175, 85 000 ardoises sont à nouveau envoyées à Winchester, 100 000 en 1176 et en 1181 268 . les œuvres de pierre de taille ayant survécu sont en pierre de Caen, utilisée dans les campagnes postérieures ; RENN, D. F., « Canterbury castle : a case study », dans Château Gaillard. 11: Études de castellologie médiévale, 1982, p. 253-255; RENN, D. F., « Canterbury castle in the early middle ages », dans Excavations at Canterbury Castle, 1982, p. 70-75. 264 TATTON-BROWN, T., « La pierre de Caen en Angleterre », dans L'architecture normande au Moyen âge, 2001, p. 305-314; TATTON-BROWN, T., « Building stone in Winchester cathedral », dans Winchester Cathedral Nine Hundred Years, 1093-1993, 1993, p. 37-46. TATTON-BROWN, T., « The use of Quarr stone in London and East Kent », Medieval Archaeology, 24 (1980), p. 213-215 : la pierre de Quarr est utilisée de manière intensive pendant une trentaine d’années, entre 1070 et 1120, dans les constructions du sud de l’Angleterre. 265 RILEY, H. T. (éd.), Munimenta Gildhallae Londoniensis Liber Albus, Liber Custumarum, et Liber Horn, 1970, II, p.86 et 328; SALZMAN, L. F., Building in England down to 1540. A Documentary History, 1967, p. 223. 266 Il existe cependant quelques études archéologiques, voir notamment JOPE, E. M. et DUNNING, G. C., « The use of blue slate for roofing in medieval England », Antiquaries Journal, 34 (1954), p. 209-217. HOLDEN, E. W., « Slate roofing in medieval Sussex - a reappraisal », Sussex Archaeological Collections, 127 (1989), p. 73-88. 267 PR 18 H.II, p. 99 : C miliarum azesiarum ad operiendas domos regis de Wintonie ; p. 98 : pro locandis navibus ad deferendas per mare predictas aszeisias usque ad Hantonie. 268 PR 21 H.II, p. 59 : £10 6s. pro Azeisis (/Azesiis) ad operiendam domos regis in castri de Wintonie ; p. 206 : £4 5s. pro locando duabus navibus quod portaverunt quater XX et V miliarum Azeisiarum ad 585

pratiquement épuisées, au milieu du XII e siècle, signalant son usage abondant dans les<br />

chantiers anglais d’après la conquête 264 .<br />

Southampton a également été un lieu de redistribution des ardoises ou<br />

« mazereaux » provenant du Devon et de Cornouailles. Les pipe rolls enregistrent<br />

plusieurs mentions d’achat et de transport d’azesia, c'est-à-dire « pierre de couverture »,<br />

un terme qui recouvrait sans doute l’ensemble des schistes argileux dont la découpe<br />

aplatie servait à la couverture des édifices. Les ardoises <strong>of</strong>fraient une solution<br />

intermédiaire, entre le plomb et le bois ou le chaume, pour la couverture des bâtiments.<br />

À l’instar des tuiles, elles constituaient un matériau plus imperméable aux intempéries<br />

et plus résistant aux incendies. En 1212, le Liber custumarum réglementant la<br />

construction à Londres interdit d’ailleurs la couverture des bâtiments en roseau, paille,<br />

chaume ou autre matériau végétal (à l’exception de chaux plâtrée) 265 .<br />

Les ardoises en schiste bleu produites dans le Devon sont peu étudiées pour la<br />

période médiévale 266 . On sait néanmoins que des carrières aux alentours de Plymouth et<br />

de Totnes, qui ont une importante production à l’époque moderne, sont exploitées dès la<br />

fin du XII e siècle. À partir de 1172, en effet, des paiements sont enregistrés sur les pipe<br />

rolls pour approvisionner la demeure royale de Winchester. À cette date, trois entrées<br />

enregistrent d’abord 66s. 8d. pour 100 000 ardoises, puis £6 13s. 4d. (soit le double)<br />

pour vraisemblablement donc 200 000 ardoises ainsi que £4 17s. 8d. représentant le<br />

coût d’affrètement de deux nefs pour les amener jusqu’à Southampton 267 . Puis en 1175,<br />

85 000 ardoises sont à nouveau envoyées à Winchester, 100 000 en 1176 et en 1181 268 .<br />

les œuvres de pierre de taille ayant survécu sont en pierre de Caen, utilisée dans les campagnes<br />

postérieures ; RENN, D. F., « Canterbury castle : a case study », dans Château Gaillard. 11: Études de<br />

castellologie médiévale, 1982, p. 253-255; RENN, D. F., « Canterbury castle in the early middle ages »,<br />

dans Excavations at Canterbury Castle, 1982, p. 70-75.<br />

264 TATTON-BROWN, T., « La pierre de Caen en Angleterre », dans L'architecture normande au Moyen<br />

âge, 2001, p. 305-314; TATTON-BROWN, T., « Building stone in Winchester cathedral », dans<br />

Winchester Cathedral Nine Hundred Years, 1093-1993, 1993, p. 37-46. TATTON-BROWN, T., « The<br />

use <strong>of</strong> Quarr stone in London and East Kent », Medieval Archaeology, 24 (1980), p. 213-215 : la pierre de<br />

Quarr est utilisée de manière intensive pendant une trentaine d’années, entre 1070 et 1120, dans les<br />

constructions du sud de l’Angleterre.<br />

265 RILEY, H. T. (éd.), Munimenta Gildhallae Londoniensis Liber Albus, Liber Custumarum, et Liber<br />

Horn, 1970, II, p.86 et 328; SALZMAN, L. F., Building in England down to 1540. A Documentary<br />

History, 1967, p. 223.<br />

266 Il existe cependant quelques études archéologiques, voir notamment JOPE, E. M. et DUNNING, G.<br />

C., « The use <strong>of</strong> blue slate for ro<strong>of</strong>ing in medieval England », Antiquaries Journal, 34 (1954), p. 209-217.<br />

HOLDEN, E. W., « Slate ro<strong>of</strong>ing in medieval Sussex - a reappraisal », Sussex Archaeological<br />

Collections, 127 (1989), p. 73-88.<br />

267 PR 18 H.II, p. 99 : C miliarum azesiarum ad operiendas domos regis de Wintonie ; p. 98 : pro locandis<br />

navibus ad deferendas per mare predictas aszeisias usque ad Hantonie.<br />

268 PR 21 H.II, p. 59 : £10 6s. pro Azeisis (/Azesiis) ad operiendam domos regis in castri de Wintonie ;<br />

p. 206 : £4 5s. pro locando duabus navibus quod portaverunt quater XX et V miliarum Azeisiarum ad<br />

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