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défaillantes 195 . Pour Philippe Braunstein et Patrick Boucheron, les ingénieurs ont ainsi joué un rôle dans la genèse de l’Etat moderne, en permettant la transmission et l’utilisation d’un savoir pratique dans quelques secteurs clés de la vie économique et de l’organisation de l’État, avant que la glorification de sa créativité individuelle ne serve à distinguer l’ingenium politique du prince 196 . L’implication des locaux ne constitue cependant un système institutionnalisé seulement en Angleterre, où le fonctionnement de la reddition annuelle des comptes permettait une réelle intégration. Ailleurs, c’est surtout d’un point de vue économique que les chantiers articulent local et global. L’administration des chantiers en réseau, en offrant une gestion de l’approvisionnement des matériaux et en mobilisant toutes les ressources de l’empire, contribue notamment à élargir leur intégration économique à une échelle impériale. 195 THEIS, V., « Pratiques artisanales et politique de grands travaux: l'exemple du palais de Pont-de- Sorgues au XIVe siècle », Cahiers d'histoire et de philosophie des sciences: Artisans, industrie. nouvelles révolutions du Moyen Âge à nos jours, 52 (2004), p. 307-319. 196 BRAUNSTEIN, P., « Les techniciens et le pouvoir à la fin du Moyen Âge : une direction de recherche », dans Travail et entreprise au Moyen Âge, 2004, p. 35-72 ; BOUCHERON, P., Le pouvoir de bâtir. Urbanisme et politiques édilitaire à Milan (XIII e -XV e siècles), 1998. 568
2- L’économie des chantiers Plantagenêt : les ressources matérielles et leur circulation au sein de l’empire Les chantiers de construction, qu’il s’agisse des vastes fondations monastiques ou des grandes forteresses féodales, constituent un phénomène marquant du paysage anglais depuis la conquête de 1066 197 . À leur arrivée, les conquérants entreprennent en effet l’édification d’un vaste réseau de constructions qui reconfigure l’espace selon les schémas et les modes de la domination féodale. En remodelant le paysage rural et urbain et en restructurant les centres de pouvoir et leurs réseaux, ces constructions ont contribué à ordonner spatialement le nouvel ordre féodal. Jusque dans la dernière décennie du XII e siècle, qui marque le début d’un sensible ralentissement des constructions, ces gigantesques chantiers ont également imposé une réorganisation économique en relation avec les ressources continentales. Cette dimension continentale de l’espace anglo-normand s’accentue encore avec la conquête du pouvoir par Henri II en 1154. La transformation du paysage urbain et rural occidental est avant tout marqué par sa « pétrification ». L’approvisionnement en matériaux de ces vastes chantiers impliquait l’exploitation et la circulation plus intensives des ressources nécessaires à la construction : de la pierre, mais aussi du bois et des métaux. Élément caractéristique des édifices normands, la pierre de taille témoigne des moyens mis en œuvre par l’aristocratie normande pour imposer sur le territoire anglais la puissance de ses donjons. Cependant les bâtiments en pierre ne se substituent que progressivement aux constructions en bois, qui étaient majoritaires à l’époque anglo-saxonne 198 . Les métaux constituent également un composant essentiel et trop souvent négligé des édifices médiévaux. Leur usage abondant sur les chantiers a pourtant eu des implications majeures dans l’essor économique et technique du Moyen Âge. Si la documentation nous permet de suivre les circuits d’approvisionnement du fer, c’est surtout 197 FERNIE, E. C., The Architecture of Norman England , 2000; CREIGHTON, O. H., Castles and Landscapes. Power, Community and Fortification in Medieval England, 2002. 198 Le débat sur l’importation des châteaux en Angleterre depuis la conquête est lancé par ARMITAGE, E. S., The Early Norman Castles of the British Isles, 1971 et continué par BROWN, R. A., English Medieval Castles, 1954. Pour une synthèse de ces discussions voir : COULSON, C. A., Castles in Medieval Society. Fortresses in England, France, and Ireland in the Central Middle Ages, 2003, introduction. 569
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La transformation du paysage urbain et rural occidental est avant tout marqué<br />
par sa « pétrification ». L’approvisionnement en matériaux de ces vastes chantiers<br />
impliquait l’exploitation et la circulation plus intensives des ressources nécessaires à la<br />
construction : de la pierre, mais aussi du bois et des métaux. Élément caractéristique des<br />
édifices normands, la pierre de taille témoigne des moyens mis en œuvre par<br />
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donjons. Cependant les bâtiments en pierre ne se substituent que progressivement aux<br />
constructions en bois, qui étaient majoritaires à l’époque anglo-saxonne 198 . Les métaux<br />
constituent également un composant essentiel et trop souvent négligé des édifices<br />
médiévaux. Leur usage abondant sur les chantiers a pourtant eu des implications<br />
majeures dans l’essor économique et technique du Moyen Âge. Si la documentation<br />
nous permet de suivre les circuits d’approvisionnement du fer, c’est surtout<br />
197 FERNIE, E. C., The Architecture <strong>of</strong> Norman England , 2000; CREIGHTON, O. H., Castles and<br />
Landscapes. Power, Community and Fortification in Medieval England, 2002.<br />
198 Le débat sur l’importation des châteaux en Angleterre depuis la conquête est lancé par ARMITAGE,<br />
E. S., The Early Norman Castles <strong>of</strong> the British Isles, 1971 et continué par BROWN, R. A., English<br />
Medieval Castles, 1954. Pour une synthèse de ces discussions voir : COULSON, C. A., Castles in<br />
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