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couverture du réfectoire de l’abbaye de Westminster, en vacance en 1175 167 (voir carte
6.12). La carrière bien connue d’Ailnoth se caractérise donc par une forte polyvalence et
une grande mobilité, toujours au service des constructions royales 168 . La carte 6.12
montre cependant que l’aire d’intervention d’Ailnoth reste concentrée dans le Sud-Est
de l’Angleterre, autour de Londres et Westminster. Ses fonctions de gardien qui
l’ancrent dans la vallée de la Tamise ne lui permettent sans doute pas de rayonner dans
un plus large périmètre. Ailnoth ne semble pas avoir effectué des fonctions classiques
de gardien des travaux du roi. Outre la supervision des chantiers, ses tâches ont plus
généralement consisté à coordonner et approvisionner des chantiers en matériaux, ce qui
suggère qu’il avait une bonne connaissance des ressources du territoire. En 1166, il est
ainsi chargé d’approvisionner la chambre du roi à Westminster avec des pierres de taille
venant des carrières de Reigate ; en 1175, il dirige un groupe de charpentiers missionnés
pour aller chercher du bois à Beckenham (Surrey) pour réparer la Tour de Londres, et en
1167, il fournit le palais royal de Windsor en plomb ainsi que la chapelle du roi à
Londres en 1176 (voir infra) 169 . La polyvalence d’Ailnoth est cependant exceptionnelle,
car aucun autre ingénieur mentionné dans les pipe rolls n’a été appelé à jouer un rôle
aussi complexe que lui, à l’exception peut être d’Elyas qui apparaît comme son véritable
successeur sur ce point. La figure de l’ingénieur telle qu’elle existera à la fin du Moyen
Âge, c'est-à-dire celle d’un « généraliste de la construction », un homme aux
compétences polyvalentes, prenant la responsabilité des choix techniques, coordonnant
les équipes de travailleurs, organisant la vie du chantier dans toutes ses implications
pratiques, s’occupant de l’achat des matériaux comme du financement des travaux,
apparaît donc déjà présente à la fin du XII e siècle 170 .
Dans les espaces qui n’étaient pas couverts par son ingénieur, le roi pouvait faire
appel à des professionnels actifs dans la région. C’est le cas de Richard de Wolviston,
167 PR 21 H.II, p. 80.
168 ROUND, J. H., « The staff of a castle in the twelfth century », E.H.R., 35: 137 (1920), p. 90-97,
CLAY, C. T., « The keepership of the old Palace of Westminster », E.H.R., 59: 233 (1944), p. 1-21;
HARVEY, J. H., « The medieval office of works », Journal of the British Archaeological Association,
3rd ser.: 6 (1942), p. 20-87; HARVEY, J. H., « The king’s chief carpenters », J.B.A.A., 3rd ser.: 11
(1949), p. 13-34; HARVEY, J. H., English Mediaeval Architects. A Biographical Dictionary down to
1550 Including Master Masons, Carpenters, Carvers, Building Contractors and Others Responsible for
Design, 1987; COLVIN, H. M.; BROWN, R. A. et TAYLOR, A. J., The History of the King's Works,
1963.
169 PR 12 H.II, p. 106 : pro lapidibus quadratus ad cameras Regis ; PR 21 H.II, p. 109 : pro locando
carpentariis ad faciendam materiem in bosco de Bekeham ad reparandam Turris Londonie ; PR 13 H.II,
p. 1 ; PR 22 H.II, p. 14 : pro plumbo ad operiendam capellam in Turri Londonie.
170 BOUCHERON, P., Le pouvoir de bâtir. Urbanisme et politiques édilitaire à Milan (XIII e -XV e siècle),
1998, p. 324.
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