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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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Gaillard et de Radepont (£ a 534 au total) 72 . Une taille est également levée cette année-là<br />

dans « l’honneur des comtes d’Evreux pour faire faire les fossés et restaurer les murs de<br />

la cité » 73 . Elle permet de couvrir les coûts de « la réfection de ces dits fossés et le<br />

rehaussement des murs dudit château » qui s’élèvent à £ a 190 2s. 3s.<br />

Selon Vincent Moss, ce type de taille, que l’on rencontre assez couramment dans<br />

les rouleaux de 1195 et 1198, ne collectaient souvent que des sommes assez modestes.<br />

Elles n’en constituaient pas moins un élément clé de ce qu’il appelle la « révolution<br />

fiscale normande » 74 . Le cœur de cette révolution fiscale reposait, en effet, sur<br />

l’accroissement des revenus des tailles et des prêts. En 1198, le montant des tailles<br />

levées sur les bailliages s’élevait à plus de £ a 19600, alors qu’en 1180, le montant de la<br />

taille levée sur la ville de Lyons-la-Forêt ne dépassait pas £ a 66 soit près de 0,05% des<br />

revenus. En 1198, il n’y a pas moins de cinq tailles fiscalement significatives, dont celle<br />

qui a pour but de financer la construction des fortifications d’Eu et qui s’étend sur deux<br />

ans.<br />

Afin d’administrer le chantier de Château Gaillard, dont le financement mobilise<br />

de nombreuses sources de revenus, Richard fait appel à trois hommes : Sawale fils<br />

d’Henri, Robert fils d’Herman et Mathieu fils d’Enard. Sur les comptes de 1198, ils<br />

apparaissent comme des sortes de maîtres d’œuvre chargés de collecter les fonds et de<br />

gérer l’approvisionnement du chantier. Le détail de la comptabilité du chantier constitue<br />

à ce titre un document tout à fait exceptionnel pour la fin du XII e siècle, par la précision<br />

des détails concernant les dépenses au sein même du chantier. Le tableau 6.8, qui<br />

propose une ventilation des revenus et des dépenses des constructions des Andelys en<br />

1197 et 1198, donne un aperçu du fonctionnement d’un chantier au XII e siècle. La<br />

manière dont les comptes sont rendus à l’Échiquier laisse penser qu’ils étaient un<br />

résumé de comptabilités multiples, organisées en secteurs d’activités : la maçonnerie (in<br />

maconnereia), les travaux de la forge (fabris et in carbone forgiarum), la charpenterie<br />

(qui operabantur predicta maremia postquam fuerunt in plantea apportata), etc. Le rôle<br />

de Sawale et de ses compagnons visait donc vraisemblablement à recruter, diriger et<br />

coordonner les différentes équipes composant le chantier. Parce qu’ils impliquaient la<br />

réorganisation du marché du travail à l’échelle locale, la mise en route d’un chantier, et<br />

a fortiori, de plusieurs chantiers en même temps, comme dans la vallée de la Seine,<br />

72<br />

MRSN, II, p. 429 : de taillagio facto in baillia de Archa ad fossata de Augo ; p. 447, 457 : de taillagio<br />

facto ad fossata de Augo.<br />

73<br />

MRSN, II, p. 464 : de tallagio facto in honore ad fossata Ebroicum reficiendum et muros hordanda.<br />

74<br />

MOSS, V., « The Norman fiscal revolution 1193-1198 », dans Crisis, Revolutions and Self-Sustained<br />

Growth, Essays in European Fiscal History 1130-1830, 1999, p. 38-57.<br />

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