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n’excèdent pas la proportion établie pour l’alliage. Et s’ils les
attrapaient, ils les punissaient pour décourager les autres. 14
Emilie Amt a montré combien avait été forte l’attention accordée, dès le début
du règne, à l’accroissement régulier des revenus royaux et aux réparations des
dommages causés pendant la guerre civile. La remise en ordre des affaires du royaume
donne des effets dès les premières années, comme le montre l’augmentation rapide des
revenus entre 1155 et 1159. À partir des années 1160, la tendance reste à la hausse sur
le long terme mais avec de fortes fluctuations. Cependant les revenus de l’Échiquier
n’atteignent que rarement au cours de la période le niveau qu’ils avaient sous le règne
d’Henri I er15 . Tandis que le revenu moyen pour la décennie 1165-74 est de £18 500,
sous Jean, il atteint environ £32 000, soit une augmentation de 73% sur 40 ans. Ce
résultat s’explique en partie par l’inflation des prix : entre les années 1160 et la seconde
décennie du XIII e siècle, le prix du bœuf augmente de 128% et le prix du blé de 138% 16 .
Selon Robert Bartlett, l’inflation doit en effet être considérée comme un facteur
essentiel de la croissance des revenus royaux comptabilisés à l’Échiquier 17 . Sous le
règne de Jean, si les recettes avaient un montant de trois quart supérieur à celles de son
père dans les premières années de son règne, la nourriture et le cheptel coûtaient en
revanche deux fois plus cher. La capacité de Jean à étendre les sources de revenus a
ainsi constitué un élément central des discussions autour de son règne et de sa gestion
des affaires publiques. Alors que pour Sir Francis Powicke, Jean n’avait fait que
dilapider les ressources qu’Henri II avait réussi à amasser au cours de son règne, le
14 RICHARD FITZNIGEL, Dialogus de Scaccario (and) Constitutio Domus Regis, 1983, p. 42-43 : Licet
enim in numero et pondere videretur satisfactum non tamen in materia. Consequentes enim non erat ut, si
pro libra una numerates xxx solidos etiam libre ponderi respondentes soluisset, consequenter libram
soluisset argenteam. Poterat enim cupro vel quovis ere mixtam soluisse, cum non fieret examinatio. Ut
igitur regie simul et publice provideretur utilitati, habeti super hoc ipso regis consilio, constitutum est ut
fieret ordine predicto firme combustio vel examinatio. (…) Sentiens enim vicecomes se pregravari per
combustionem deterioris monete, cum firmam est soluturus, sollicitam adhibet diligentiam ut monetarii
sub eo constitui legis constitue fines non excedant. Quos cum deprehenderit sic puniuntur ut eorum
exemplo ceteri terreantur.
15 AMT, E., The Accession of Henry II in England : Royal Government Restored : 1149-1159, 1993.
16 HARVEY, P. D. A., « The English inflation 1180-1220 », Past & Present, 61 (1973), p. 3-30;
FARMER, D. L., « Some price fluctuations in Angevin England », The Economic History Review, 9: 1
(1956), p. 34-43; FARMER, D. L., « Prices and wages », dans The Agrarian History of England and
Wales. 2 1042-1350, 1988, p. 715-817 ; LATIMER, P., « Wages in late twelfth and early thirteenthcentury
England », H.S.J., 9 (1997), p. 185-205.
17 BARTLETT, R. J., England under the Norman and Angevin Kings 1075-1225, 2000, p. 176.
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