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développé sous l’impulsion des découvertes de l’archéologie médiévale, comme lieu de
réalisations et d’innovations techniques mais aussi de transmission de savoir-faire 7 . De
ce point de vue, le chantier peut être considéré une « structure innovante » c'est-à-dire
« une nouvelle forme d’organisation politique, économique et sociale d’un espace de
production, qui est en soi une innovation, et qui est aussi la condition nécessaire
d’apparition d’autres innovations dans ces différents secteurs » 8 .
Au début du règne d’Henri II, l’organisation de la gestion et de l’entretien des
châteaux royaux devient une préoccupation croissante qui se traduit par l’augmentation,
dans les rouleaux de l’Échiquier, des enregistrements signalant la structuration
progressive d’une « administration », encore embryonnaire, ne bénéficiant d’aucun
organe central. L’organisation des chantiers fonctionnait tout d’abord grâce à un
ensemble de mécanismes financiers permettant d’assurer le bon déroulement des
approvisionnements et la rémunération de la main d’œuvre. Comment les Plantagenêt
ont-ils financé leurs chantiers, quels sont les expédients utilisés ? Dans quelles
ressources ont-ils puisé ? Quelle part du budget global les dépenses de constructions
représentaient-elles ? Après avoir envisagé les ressources financières, nous verrons qui
était chargé de gérer le chantier au niveau local et quelle était leur place dans
l’institution royale. Nous tenterons ainsi de saisir le profil sociologique des agents du
roi actifs dans la construction de ses châteaux, qu’il s’agisse de gardiens permanents,
d’ingénieurs royaux ou d’hommes chargés d’attester les comptes de construction. Les
analyses factorielles exposées dans le chapitre 1 (graphique 1.8) ont montré que la
variation et le mode de rémunération des agents pouvaient renseigner sur le type de
charges exercées et in fine sur le statut social des individus. D’autres analyses seront
effectuées, non seulement pour saisir le fonctionnement des rémunérations des hommes
au service du roi et de ses châteaux, mais aussi pour cerner la manière dont leur mobilité
et leur pratique du territoire ont contribué à renforcer l’institution monarchique.
L’analyse des « ressources humaines » réalisable à partir des comptes de
l’Échiquier l’est également en ce qui concerne les « ressources matérielles ». La
JOHNSON, H. T., « Cathedral Building and the Medieval Economy », Explorations in Entrepreneurial
History, 4 (1966-67), p. 191-210, KRAUS, H., A prix d'or: le financement des cathédrales, 1991 [1979].
7 Parmi les ouvrages consacrés à cet aspect on peut citer REVEYRON, N. et BAUD, A. (eds.), Au fil du
chantier. Archéologie de la construction au Moyen Âge, 1997; BERNARDI, P., Métiers du bâtiment et
techniques de construction à Aix-en-Provence à la fin de l'époque gothique (1400-1550), 1995;
BRAUNSTEIN, P., « Maîtrise et transmission des connaissances techniques au Moyen Age », dans
History of Technology, 2000, p. 155-165.
8 THEIS, V., « Pratiques artisanales et politique de grands travaux: l'exemple du palais de Pont-de-
Sorgues au XIVe siècle », Cahiers d'histoire et de philosophie des sciences: Artisans, industrie. nouvelles
révolutions du Moyen Âge à nos jours, 52 (2004), p. 307-319.
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