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Conclusion du chapitre<br />

Ce chapitre sur le rôle des itinéraires et des résidences dans la territorialisation<br />

du pouvoir Plantagenêt a donc tenté de montrer tout d’abord comment la mobilité et la<br />

dispersion du corps du roi ont contribué à former des espaces identitaires, articulant la<br />

mémoire des lieux, (loci des saints) et la mémoire royale, par son association au culte<br />

des reliques ou par sa propre sacralisation. Alors que pour Henri II, seule la personne<br />

royale a la capacité à faire tenir ensemble les territoires de l’empire, Richard met en<br />

œuvre une conception de l’empire plus globale. Moins que la personne même du roi,<br />

c’est ce qu’elle incarne qui fait réellement le lien : que ce soit une communauté de<br />

valeurs (la chevalerie), le fait de partager une culture et des mythes communs (la figure<br />

du roi Arthur), ou encore l’adhésion à la sacralité de son corps. Tout est en place à partir<br />

du règne de Richard pour que la notion de la majestas du roi coïncide avec son<br />

imperium. L’évolution du cérémonial de couronnement au cours de la période est sans<br />

doute la preuve la plus évidente des mutations que subit l’autorité royale, renforcée par<br />

la sanctification de la fonction au cours du XII e siècle, la sacralisation du corps du roi et<br />

la ritualisation des cérémonies l’exaltation de sa gloire 400 . L’émergence de la<br />

souveraineté du pouvoir résulterait, en ce sens, de la dépersonnalisation du lien<br />

territorial entre le prince et sa principauté et son insertion dans une économie du règne,<br />

articulant la gloire divine et le gouvernement des hommes 401 .<br />

Le gouvernement royal apparaît alors comme l’ensemble des dispositifs visant à<br />

organiser politiquement l’absence et l’invisibilité du roi, centre mobile de son royaume.<br />

L’organisation administrative de l’itinérance royale et son institutionnalisation<br />

constituent donc pleinement à cette date un mode de gouvernement, qui contient en lui<br />

sa propre croissance : alors que les déplacements royaux découlaient initialement des<br />

besoins de la cour, l’administration de la mobilité royale contribua à accroître le<br />

personnel et la machine gouvernementale des Plantagenêt. Quant à la question de la<br />

visibilité du pouvoir en l’absence de la personne du roi, la réponse apportée au XII e<br />

siècle – en même temps que la mise en place d’un maillage d’<strong>of</strong>ficiers parcourant le<br />

territoire du royaume (shérifs, juges royaux et sénéchaux) – s’est traduite par la mise en<br />

400 KANTOROWICZ, E. H., Les deux corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen âge, 2000<br />

[1957]; KANTOROWICZ, E. H., Laudes Regiae. Une étude des acclamations liturgiques et du culte du<br />

souverain au Moyen Âge, 2004.<br />

401 AGAMBEN, G., Homo Sacer II.2 Le règne et la gloire. Pour une généalogie théologique de<br />

l'économie et du gouvernement, 2008.<br />

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