Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

désormais plus impressionnante 382 . Au-delà de la monumentalité, qui est donc un
phénomène courant à cette date, quels sont donc les détails architecturaux relevés par
les archéologues qui permettent d’identifier une certaine mise en œuvre comme
spécifiquement « Plantagenêt » ?
Les « innovations » techniques des constructions Plantagenêt ou l’architecture
comme expression des valeurs chevaleresque
Selon Jean Mesqui et Marie-Pierre Baudry, les châteaux des Plantagenêt
présentent des caractéristiques architecturales qui les distinguent des autres
constructions contemporaines et qui permettent ainsi de les identifier. Les conclusions
du colloque de Poitiers en 2000 consacré à cette question soulignent l’idée que la
période du règne d’Henri II et de ses fils constitue une phase d’expérimentation visant à
améliorer le potentiel défensif des sites 383 . L’introduction dans les années 1160 de toute
une série d’innovations a ainsi retenu l’attention des archéologues : les tours de
flanquement, d’une part, d’abord rectangulaires, sur modèle dit « anglais » (Douvres,
Gisors), puis semi-circulaires pleines (Loches, Poitiers, Niort, Talmont), circulaires
(Château Gaillard, Chinon, Arques, Falaise), voire polygonales ; la forme des archères
d’autre part, lorsqu’elles étaient pourvues d’étriers à la base de la fente et de croisillons
perpendiculaires augmentant la capacité de tir des archers mais fragilisant l’architecture
des tours 384 . Le motif du « talus angevin » a également été signalé comme un trait
significatif de cette architecture. Il s’agit d’un profil de tour à base rectangulaire qui
s’élève en pans coupés pour former un plan circulaire au sommet et que l’on retrouve
aussi bien à Chinon, qu’à Douvres, Niort, Château Gaillard et à la Bell Tower à
Londres 385 . Ces édifices datant du règne de Richard, la question de l’influence des
382 JONES, M., « The defence of medieval Britany: a survey of the establishment of fortified town, castle
and frontiers form the gallo-roman period to the end of Middle Ages », The Archaeological Journal, 132
(1981), p. 149-204, Outre l’exemple paradigmatique de Fougères, Michael Jones cite entre autre les cas
du château de Lehon, de Clisson, de Chateaubriand et de Vitré.
383 BAUDRY, M.-P. et al. (eds.), Les fortifications dans les domaines Plantagenêt, XIIe-XIVe siècles.
Actes du colloque international tenu à Poitiers, les 11-13 novembre 1994, 2000; BAUDRY, M.-P., Les
fortifications des Plantagenêts en Poitou, 1154-1242, 2001 ; BAUDRY, M.-P., « La politique de
fortification des Plantagenêt en Poitou 1154-1242 », dans A.N.S., 2002, p. 43-70 ; MESQUI, J., Châteaux
et enceintes de la France médiévale : de la défense à la résidence. 1, Les organes de la défense, 1991.
384 BAUDRY, M.-P., « La politique de fortification des Plantagenêt en Poitou 1154-1242 », dans A.N.S.,
2002, p. 43-70 ; RENN, D. F., « Plantagenet Castle-Building in England in the Second Half of the
Twelfth Century », dans Les Fortifications dans les domaines Plantagenêt, XIIe-XIVe siècles, 2000, p.
15-22 ; MESQUI, J., « Les tours à archères dans le domaine Plantagenêt français 1160-1205 », dans Ibid.,
p. 77-88 ; BAUDRY, M.-P., « Les premières tours à archères dans les châteaux Plantagenêt (1160 -
1190) », dans Cinquante années d'études médiévales à la confluence de nos disciplines, 2005, p. 71-108.
385 BAUDRY, M.-P., « La politique de fortification des Plantagenêt en Poitou 1154-1242 », dans A.N.S.,
2002, p. 43-70.
511