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probablement aussi bien aux moines qu’à lui-même ou à ses représentants et qui ont été
vraisemblablement occupés par Aliénor dans les dernières années de sa vie 291 . Dans
l’abbaye Notre-Dame du Vœu à Cherbourg, fondation augustinienne de Mathilde, c’est
Osbert de la Hose, le gardien du château de Cherbourg qui fait aménager en 1185, dans
l’abbaye même, une demeure royale en plus des appartements dont il avait lui même
l’usage 292 . Quant à Beaulieu, la fondation cistercienne de Jean, elle est tout simplement
installée sur le site d’une loge de chasse des forêts royales du Hampshire, que Jean
venait de faire restaurer à grands frais en 1203 293 . En 1211-12, alors que les pipe rolls
enregistrent plus de £590 pour ériger la nouvelle fondation, Jean fait aménager des
demeures dans l’abbaye 294 . Reading et Eynsham sont également des abbayes fondées
après la conquête sur le site d’anciens manoirs royaux, dont les appartements ont sans
doute été conservés pour accueillir les séjours du roi 295 .
La coutume de résider dans les monastères reposait sur l’usage du servicium
regis, auquel étaient astreints les monastères à l’instar de tous les vassaux du roi 296 . Ce
droit de logis qui était en usage à la même époque chez les Capétiens impliquait
cependant le développement d’un patronage royal susceptible de compenser au moins
symboliquement la ponction sur les ressources des feudataires 297 . S’il est difficile de
savoir dans quelle mesure Henri II et Richard ont mis à profit ce droit, le détail des
itinéraires permet de voir qu’ils en ont usé aussi bien en Angleterre que sur le continent.
Il est très possible que ce droit résulte de l’inféodation d’anciennes villae regiae anglo-
saxonne, après la conquête, comme c’est le cas de Wedmore par exemple, concédé à
291
PAVILLON, B., La vie du bienheureux Robert d’Arbrissel patriarche des solitaires de la France et
instituteur de l’ordre de Fontevraud, 1666, p. 583-84 : Interea officinas nostras valde angustas plurimum
ampliare curavit insuper S Lazari structuras renovavit et B. Mariae Magdalenae aedificiae casura
reaedificavi (il s’occupa également de nos appartement étroits les augmentant de beaucoup et rénova les
structures de S Lazare et réédifia les bâtiments de la celle de Ste Marie Madeleine).
292
TORIGNI, II, p. 134-135 : Quidam enim stabularius domini regis Henrici, Osbertus de Hosa nomine,
qui castrum Caesaris Burgis, cum patria quae ad illus pertinet, custodiebat jussu domini regis Henrici,
aedificavit in eadem abbatia de Voto domum pulcherrimam, officinas idoneas in se continentem, ad opus
suum ; in qua post administrationem domini regis, quamdiu vixit, satis honeste conversatus est (voir
chapitre 2).
293
PR 5 Jean, p. 161: £74, 14s. 9d. in operatione domorum regis Belli Loci in Nova foresta.
294
PR 13 Jean, p. 274 : 103s. 6d. in emendatione domorum in predicta abbatia.
295
SAWYER, P., « The Royal tun in pre-Conquest England », dans Ideal and Reality in Frankish and
Anglo-Saxon Society, Studies presented to J.M. Wallace-Hadrill, 1983, p. 273-299. De même, pour
Reading (qui accueille la sépulture de Henri I er , Faversham (celle d’Etienne de Blois), Farindgon
(fondation de Jean), etc.
296
BERNHARDT, J. W., Itinerant Kingship and Royal Monasteries in Early Medieval Germany, c. 936-
1075, 1993.
297
GUYOTJEANNIN, O., « Résidences et palais des premiers Capétiens en Ile-de-France », dans
Vincennes aux origines de l'état moderne, 1996, p. 123-136.
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