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soit un édifice accolé (comme à Angers, Angoulême) 215 , devient, à la fin du XII e siècle,
un élément intégré du complexe résidentiel souvent non loin de la grange, de l’écurie et
de l’étable 216 . Ainsi lorsque Richard fait construire un château à vocation
essentiellement militaire sur la roche d’Orival, il y inclut néanmoins un complexe
résidentiel composé d’« une chapelle, de chambres, d’une cuisine, d’un cellier,
d’écuries, de murs et tous les nombreux autres travaux nécessaires » 217 . Les grands
complexes comprenaient même plusieurs cuisines comme c’est le cas à Westminster, où
il est question en 1181 « des cuisines du roi » 218 . La cuisine n’était cependant pas
systématiquement intégrée au castrum comme le montre le cas de Tinchebray en
Normandie où Henri II fait construire en 1180 « une cuisine à l’extérieur de la porte du
château » 219 . Le développement des cuisines au cours du XII e siècle, n’est pas un
phénomène exclusif des demeures aristocratiques, les monastères s’en sont également
dotés. À Fontevraud et à Glastonbury par exemple, elles constituaient un édifice
autonome des bâtiments claustraux afin de limiter les risques de propagation des
incendies (illustrations 5.17) 220 .
Enfin, un dernier aspect du phénomène de résidentialisation est la réhabilitation
d’anciens donjons abandonnés en résidence royale. C’est le cas par exemple de
Ludgarshall (Wiltshire), que Richard avait donné à son frère dès 1189. Les travaux du
château ne sont cependant enregistrés dans les pipe rolls qu’à partir de 1199, date à
laquelle il s’agit de restaurer le castellum, puis des appartements à partir de 1202 et
enfin la clôture du parc royal qui l’entourait 221 . Les larges murs en pierres de la tour
sont à nouveau l’objet de travaux en 1211 222 . Tous ces éléments montrent que l’enclos
du château était un espace densément occupé dans lequel hommes et bêtes se
215
RENOUX, A., « Espaces et lieux de pouvoirs royaux et princiers en France (fin XIe-début XIIIe
siècle): changement et continuité », dans Palais royaux et princiers au Moyen Âge, 1996, p. 17-42.
216
PR 3 Richard, p. 64: £95 13s.11d. in operatione castelli de Oxineford et aule in castello et camerarum
et coquine et stabuli ; PR 6 Richard, p. 16 £50 : in operatione i camere et i coquine et i granarii et in
emendatione aliarum domorum in castello de Warengeford.
217 a
MRSN, II, p. 311 : £ 769 6s. 8d. in operatione domorum regis de Roka de Oireval, scilicet capella,
cameris, coquina, cellariis, stabulis, muris et aliis multis operationibus.
218
PR 27 H.II ; p. 156 £32 in operatione coquinarum regis de Westmonasterio.
219 a
MRSN, I, p. 52: £ 22 in coquina facienda extra portam castri.
220
LEVALET, M., « Quelques observations sur les cuisines en France et en Angleterre au Moyen Âge »,
Archéologie médiévale, 8 (1978), p. 225-244.
221
PR 1 Jean, p. 174 : £53 in operatione castelli de Lutegareshall ; PR 4 Jean, p. 124 : £12 8s. 10d. in
operatione castelli de Lutegaresham et domorum in eo ; PR5 Jean, p. 161: £4 2s. 5d. in reparatione
clausure regis parci de Lutegareshal.
222
PR 13 Jean, p. 84 : £37 16s. in operatione muris turris de Lutegareshal et in refectione murorum et in
una camera in turri.
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