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de pouvoir en Anjou et en Poitou, c’est à Chinon qu’Henri II installe son trésor sous la
garde du sénéchal 125 . Le trésor n’était cependant pas encore fixé dans un lieu déterminé
à cette date, ni sur le continent ni en Angleterre où R.A. Brown a montré qu’il était
encore largement itinérant 126 . Bien que traditionnellement installé à Winchester, où
Henri II fait construire une chambre du trésor dans les années 1170 127 , les pipe rolls
indiquent à plusieurs reprise les coûts de transport du trésor d’un lieu à un autre 128 .
L’article de R.A. Brown vise cependant à montrer comment le lieu « initial » du trésor
est passé au cours de la période de Winchester à Londres (à la Tour mais aussi au
Temple et à Westminster). Alors que la ville était restée plutôt aux marges qu’au centre
des activités de la cour tout au long de la période, Londres devient progressivement le
point focal autour duquel l’administration royale tend progressivement à se concentrer.
L’Échiquier se trouvait en effet à Westminster depuis le début du XII e siècle. La
migration du trésor, achevée à la fin du règne d’Henri II, contribue ainsi à une certaine
forme de centralisation, à partir de laquelle se développe sous le règne de Jean une
nouvelle organisation faisant du Trésor installé à Londres le centre d’un réseau de
châteaux susceptibles d’accueillir, en fonction de l’itinérance royale, les recettes de
l’Échiquier et de la Chambre 129 . Ce processus correspond ainsi parfaitement à ce que
Bernard Guenée décrivait comme « la centralisation médiévale (…) qui centralise moins
la décision que le contrôle » 130 . Toutefois, l’absence prolongée du roi à Londres, est tout
au long du Moyen Âge, un obstacle pour la ville qui a beaucoup plus de mal que Paris à
s’imposer comme capitale du royaume 131 . C’est seulement à partir des règnes d’Henri
III et d’Edward I er que la duopole royale prend réellement forme, lorsque ces deux rois
125
BOUSSARD, J., Le Comté d'Anjou d'Henri Plantegenêt à la conquête de Philippe Auguste, 1932,
p. 20 ; Rot. Lit. Claus. I. 1204-1224, 1833, p. 75 : Gaufrido filio Petri etc. Mandamus vobis quod W.
archidiacono Tantonie faciatis computari ad scaccarium nostrum duo millia marcarum quas liberavit in
camera nostra in Pictavia apud Rupella in festo Omnium sanctorum anno etc octo.
126
BROWN, R. A., « The 'Treasury' of the later Twelfth Century », dans Studies presented to Sir Hilary
Jenkinson, 1957, p. 35-49.
127 PR 18 H.II, p.84: £30 ad operiendam domus thesauri et ad gaiolam faciendam.
128
PR 12, p. 101 : 48s. 2d. in operatione domorum de Hessenburna et pro conductum thesauro regis ad
Hantonie et ad Clarendon et ad Oxineford per totum annum. voir également les exemples cités R.A.
BROWN comme PR 2-4, H.II, p. 52: £4 10s. 8d. pour deux chariots et deux chevaux ad conducendum
thesaurum regis ad Cricchelad.
129
JOLLIFFE, J. A., « The Chamber and the castle treasures under King John », dans Studies in medieval
history presented to Frederick Maurice Powicke, 1969, p. 117-142.
130
GUENÉE, B., « L'histoire de l'Etat en France à la fin du Moyen Âge, vue par les historiens française
depuis cent ans », Revue historique, 232 (1964), p. 331-360, (p. 347), cité par BOUCHERON, P. et al.,
« Formes d’émergence, d’affirmation et de déclin des capitales : rapport introductif », dans Les villes
capitales, 2006, p. 1-43, (p. 45-46).
131
GENET, J.-P., « Londres est-elle une capitale ? », dans Les villes capitales au Moyen Âge. XXXVIe
Congrès de la Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur, 2006, p. 155-184.
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