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cette temporalité est une moyenne, le roi et quelques familiares pouvaient en revanche
se déplacer beaucoup plus vite, comme c’est le cas lorsque Jean parcourt une distance
de 240 km, entre Marlborough et Lincoln, en seulement trois jours après la défaite de
son armée devant le roi d’Écosse, le 22 novembre 1200. Cette célérité pouvait être un
atout militaire, lorsque les Plantagenêt cherchaient à prendre leurs ennemis par
surprise : ils quittaient ainsi le cortège de la cour et apparaissaient là où on ne les
attendaient pas. Si seuls les itinéraires de Jean permettent de saisir cette vitesse de
déplacement, les chroniques ne manquent pas d’anecdotes narrant la rapidité du roi 99 .
Si le topos de la célérité royale suscitant l’admiration était assez répandu dans
les œuvres de cour comme celle de Robert Wace, son négatif assimilant la cour à un
enfer ne l’était pas moins 100 . Ce thème commun à la littérature des XII e -XIII e siècle
reposait essentiellement sur la critique des mauvaises conditions matérielles qu’imposait
l’itinérance de la cour et sur sa métaphore filant le thème de la dépravation morale et de
la perversion de l’âme, à l’image de la mesnie Hellequin 101 :
La mesnie Hellequin a été aperçue pour la dernière fois, au pays de
Galles, à Hereford, la première année du règne d’Henri II, vers midi.
Ils voyageaient comme nous, avec des chariots et des chevaux de
sommes, avec des bâts et des paniers, des oiseaux et des chiens,
hommes et femmes mêlés […]. Depuis ce jour, cette troupe ne s’est
plus montrée, comme si elle nous avait transmis à nous, pauvres fous,
les errances dans lesquelles nous usons nos vêtements, nous dévastons
des royaumes, nous épuisons nos corps et ceux de nos montures sans
avoir le temps de guérir nos âmes malades. 102
Selon Gauthier Map, l’agitation perpétuelle de la cour d’Henri II trouve là son
explication : dans le transfert du sortilège et la substitution d’Henri II au roi Herla.
Outre le risque de déperdition, Pierre de Blois raconte également les risques réels que
couraient les membres de la cour sur des chemins parfois dangereux :
« almost incredible » (p. 125) ; BILLORÉ, M., « Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe - début
XIIIe siècles). De l'autocratie Plantagenêt à la domination capétienne », Thèse de doctorat, sous la dir. de
Martin Aurell, 2005, non publiée, p. 446.
99 TORIGNI, I, p. 330 : rex inquam Henricus, percepto exinde nuncio, non expectatis sociis suis, illuc
properavit (Henri II, apprenant la nouvelle, partit en toute hâte, sans attendre les siens).
100 BILLORÉ, M., « Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe - début XIIIe siècles). De l'autocratie
Plantagenêt à la domination capétienne », Thèse de doctorat, sous la dir. de Martin Aurell, 2005, non
publiée, p. 447.
101 HARF-LANCNER, L., « L'enfer de la cour: la cour d'Henri II Plantagenêt et la Mesnie Hellequin »,
dans L'État et les aristocraties (France, Angleterre, Écosse XIIe-XVIIe siècle), 1989, p. 27-50.
102 GAUTHIER MAP, De nugis curialium / Courtiers' trifles, 1983, IV, p. 13 ; cité et traduit par HARF-
LANCNER, L., « L'enfer de la cour: la cour d'Henri II Plantagenêt et la Mesnie Hellequin », dans L'État
et les aristocraties (France, Angleterre, Écosse XIIe-XVIIe siècle), 1989, p. 27-50, (p. 39).
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