Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Pour retrouver l’importance de ces lieux sacrés dans l’espace parcouru par les
Plantagenêt, il faut donc s’abstraire de la géographie fondée sur la représentation des
« place-date ». L’absence d’enregistrement du passage de Jean à Bury-St-Edmunds le
jour de la Pentecôte 1199, dans l’itinéraire établi par Thomas Duffus Hardy montre en
effet l’importance des lacunes que ce type de source peut induire. En outre, la
représentation de l’espace parcouru à partir des lieux pose également un problème de
sens. Plus qu’une multiplicité de résidences, ne faut-il pas plutôt considérer les lieux de
passages avant tout comme des « étapes » d’une incessante itinérance. Moins que dans
leurs résidences, les Plantagenêt passaient en effet le plus clair de leur temps à cheval,
sur les routes de leur empire. La route n’est-elle donc pas ce qui constitue au fond le
« lieu » principal de leurs itinéraires ?
1.2- La route royale et les pérégrinations de la cour : les conditions
de voyages et les modes de vie
Contrairement à la carte représentant les sites des principales résidences royales
(cartes 5.4), la modélisation des itinéraires royaux, en fonction des étapes successives,
permet de distinguer les routes de prédilection des Plantagenêt. Alors que la carte des
principales résidences d’Henri II donne l’impression que la route Barfleur – Bayeux –
Caen – Alençon – Le Mans – Angers – Chinon est l’une des plus parcourues, la
modélisation des itinéraires montre qu’il n’en est rien. En réalité lorsque Henri II
arrivait à Barfleur, il traversait le plus souvent d’abord la Normandie jusqu’à Rouen
après avoir profité des forêts du Cotentin et ensuite, descendait vers Le Mans et Angers
ou Poitiers, soit directement, soit en passant par Gisors et les châteaux de la vallée de
l’Epte. En Angleterre, la route menant de Southampton à Londres est le parcours le plus
souvent emprunté ; les variations apparaissant dans les étapes, dont les principales sont
Winchester, Marlborough et Windsor, suggérant un passage par les forêts du Wiltshire
et du Berkshire (cartes 5.6). Quant aux itinéraires de Richard, le principal trajet
représenté est la route qui va des Andelys à Lyons-la-Forêt (36 fois) et vice versa. De
multiples trajets montrent également que le roi n’a cessé de sillonner la vallée de la
Seine. Ces itinéraires permettent de se rendre compte de l’importance des étapes
« forestières » et de la place de la chasse dans la pratique de l’espace des Plantagenêt,
un aspect qui ne transparaît pratiquement pas du tout dans les cartes de type « place-
date ».
Selon cette méthode, les itinéraires du règne de Jean sont moins significatifs
visuellement. En revanche la carte produite par Brian Hindle est plus lisible, même si
442