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janvier 1194, alors que Richard est toujours détenu en captivité, Jean sans terre cède, lors de la paix de Paris, de nouvelles positions dans la marche berrichonne (Loches, Buzançais et Châtillon-sur-Indre), une paix qui restera cependant sans effet avec le retour de Richard quelques mois plus tard 407 . Le Berry était alors contrôlé par l’un des fidèles de Richard, André de Chauvigny, qu’il avait marié à Denise de Déols en 1190. À son retour, Richard y envoya Mercadier, le plus redoutable des chefs de mercenaires, qui détruisit aussitôt Issoudun et ses faubourg avant de refortifier la place pour le roi d’Angleterre 408 . Selon les historiens du Berry, on peut sans doute attribuer le début de la construction de la fameuse « Tour Blanche » à cette mention de fortification, même si elle ne fut achevée qu’en 1202 par Philippe Auguste 409 . À cette date, il est en effet capable de la faire couvrir de plomb, ce qui témoigne de l’achèvement du chantier 410 . C’est la seule mention de travaux de construction que l’on possède pour cette région dans la seconde moitié du XII e siècle. Cependant, étant donné le nombre d’interventions militaires, il demeure probable que des campagnes de reconstruction et de fortifications y ont été menées. Le 12 novembre 1195, Richard et Philippe Auguste se rencontrent entre Issoudun et Chârost, indiquant ainsi l’espace de marche entre les deux mouvances à cette date 411 . Les accords de cette trêve sont formalisés par le traité de Gaillon qui marque le retour incontestable de Richard en Berry. Philippe Auguste renonçait en effet 407 DEVAILLY, G., Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe, 1973 p. 422 cite Foedera, I, p.185 : Castellum vero de Lochis cum pertinentiis suis regis Franciae et castellum de Castellione cum pertinentiis suis et castellum de Busencois cum pertinentiis suis Regi Franciae remanebunt ; la version des Layettes ne donne cependant pas le nom de Buzençais ; Layettes, I, p. 175-176, n°412. 408 RIGORD et GUILLAUME LE BRETON, Oeuvres, 1882-1885, p.132 : Merchaderius tunc duc Cotarellorum existens, cum suis in pago Bituricensi suburbium Eisoldun destruxit et ipsam munitionem cepit et de suis ad opus regis Anglie munivit. 409 DEVAILLY, G., Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe, 1973, p.424, cite CHAUDRU DE RAYNAL, L. H., Histoire du Berry depuis les temps les plus anciens jusqu'en 1789, 1847, II, p. 95 et CHAPU, P., « Les châteaux en Berry » (non consulté) ; Les récentes études archéologiques ont cependant attribué la totalité de l’ouvrage au roi capétien, refusant de voir une quelconque influence de Richard sur la construction : CORVISIER, C., « Les châteaux de Richard Coeur de Lion ou l'oeuvre de pierre comme démonstration de force », dans Richard coeur de Lion roi d'Angleterre, duc de Normandie 1157-1199, 2004, p. 199-228 cite BEAUSSIER, P., La Tour blanche d’Issoudun. Un donjon capétien unique (1187- 95 / 1202-3), 1995; ERLANDE-BRANDENBURG, A., « La Tour Blanche à Issoudun », dans Congrès archéologique de France, 1987, p. 129-138. 410 LOT, F. et FAWTIER, R., Le Premier budget de la monarchie française. Le Compte général de 1202- 1203, 1932, p. CLIV1 : ad faciendum coopertorium turris Exolduni XVIII L. pro MXL plumbi ad turri tegendam VIII xx L. pro ducendo plumbo ad Exoldunum IIII L. 411 ROUSSEAU, E. et DÉSIRÉ DIT GOSSET, G., « Le Traité de Gaillon (1196): Édition critique et traduction », dans Richard coeur de Lion roi d'Angleterre, duc de Normandie 1157-1199, 2004, p. 67-74 ; Layettes I, p.183, n°431. Nos volumus quod hoc sunt conventiones pacis inter nos et dominum nostrum Philippum illustrem regem Francie, facte in vigilia sancti Nicolaï, inter Exoldunum et Charrocium videlicet. 404

à ses acquisitions : Issoudun, Graçay, Châteaumeillant et Souillac repassaient dans l’obédience des Plantagenêt de même que La Châtre, Saint-Chartier et le Châtelet qu’André de Chauvigny tenait jusqu’alors du roi de France. En se gardant la possibilité de fortifier Villeneuve-sur-Cher, Philippe Auguste instaurait cette rivière comme limite de l’extension de sa juridiction dans cet espace. À la reprise des hostilités, Richard tente à nouveau d’étendre ses positions en réclamant la suzeraineté sur Vierzon, qui dépendait d’Issoudun. Face au refus de son seigneur, Richard s’empare du château et incendie la ville 412 . La mort du roi d’Angleterre en 1199 va cependant changer la donne. Les défaites successives de Jean l’obligent en effet à céder ses droits en Berry. Après le traité du Goulet, plus aucune intervention militaire n’a lieu dans cet espace, qui entre dans la dot que Jean donne à sa nièce, Blanche de Castille, à l’occasion de son mariage avec Louis, le fils de Philippe Auguste 413 . Puis, la conquête de la Touraine en 1203 place les châteaux de Châtillon-sur-Indre, Buzançais et Villentrois sous le contrôle direct des Capétiens, alors que Jean ordonnait de faire détruire ses forteresses au cours de sa retraite à l’exception de Loches 414 . À cette date, Jean d’Athiès est chargé de faire un don de £ a 20 aux frères de la chartreuse du Liget, pour qu’ils réparent leur église sans doute endommagée pendant la campagne militaire 415 . Il est alors tentant de voir dans cette initiative une tentative pour conserver des soutiens dans une région basculant sous l’influence capétienne. 3.2.3- Les trêves entre Jean et Philippe Auguste de1194 à 1216 et la fixation de la frontière poitevine En mars 1194, alors que Pierre Bertin gouverne l’Aquitaine pour Richard, Geoffroy de Rancon et Bernard de Brosse rendent hommage pour leurs terres à Philippe Auguste créant une première brèche dans la continuité de la suzeraineté des Plantagenêt 412 DEVAILLY, G., Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe, 1973, cite la chronique de Vierzondans Le cartulaire de Vierzon, 1963, p. 251 : anno 1197 castrum virsionis destructuma rege Angliae. 413 DELABORDE, H. F. et al., Recueil des actes de Philippe Auguste, roi de France, 1916, II, n°633, p. 182 : Dedit autem rex Angliae in maritagio Ludovico filio nostro cum filia regis Castelle nepta sua feodum Exolduni et feodum Graceii et feodum Bituresii sicut Andreas de Calviniaco tenebat ea de rege Anglie. 414 Rot. Lit. Pat., p. 33: … vobis mandamus quod cum receperitis castrum illud de Montensor illud statim prosterni faciatis quia volumus quod tam illud quam alia quem super inimicos nostros adquieri poterunt, prosternantur salvis solumno castris de Luchis et aliis dominicis castris nostris quem in pertibus vostris sunt. 415 Rotuli normanniae in Turri londinensi asservati, HARDY, T. D. (éd.), 1835, p. 77 (1203) : G. de Atheciis etc. Mandamus vobis quod faciatis habere priori et fratribus de Chartusa juxta Luches XX librarum andeg. quas ei dedimus in elemosine ad reparacionem ecclesie sue. Teste me ipso apud Rothomago xiii die Februarie. 405

à ses acquisitions : Issoudun, Graçay, Châteaumeillant et Souillac repassaient dans<br />

l’obédience des Plantagenêt de même que La Châtre, Saint-Chartier et le Châtelet<br />

qu’André de Chauvigny tenait jusqu’alors du roi de France. En se gardant la possibilité<br />

de fortifier Villeneuve-sur-Cher, Philippe Auguste instaurait cette rivière comme limite<br />

de l’extension de sa juridiction dans cet espace. À la reprise des hostilités, Richard tente<br />

à nouveau d’étendre ses positions en réclamant la suzeraineté sur Vierzon, qui dépendait<br />

d’Issoudun. Face au refus de son seigneur, Richard s’empare du château et incendie la<br />

ville 412 . La mort du roi d’Angleterre en 1199 va cependant changer la donne. Les<br />

défaites successives de Jean l’obligent en effet à céder ses droits en Berry. Après le<br />

traité du Goulet, plus aucune intervention militaire n’a lieu dans cet espace, qui entre<br />

dans la dot que Jean donne à sa nièce, Blanche de Castille, à l’occasion de son mariage<br />

avec Louis, le fils de Philippe Auguste 413 . Puis, la conquête de la Touraine en 1203<br />

place les châteaux de Châtillon-sur-Indre, Buzançais et Villentrois sous le contrôle<br />

direct des Capétiens, alors que Jean ordonnait de faire détruire ses forteresses au cours<br />

de sa retraite à l’exception de Loches 414 . À cette date, Jean d’Athiès est chargé de faire<br />

un don de £ a 20 aux frères de la chartreuse du Liget, pour qu’ils réparent leur église sans<br />

doute endommagée pendant la campagne militaire 415 . Il est alors tentant de voir dans<br />

cette initiative une tentative pour conserver des soutiens dans une région basculant sous<br />

l’influence capétienne.<br />

3.2.3- Les trêves entre Jean et Philippe Auguste de1194 à 1216 et la fixation de la<br />

frontière poitevine<br />

En mars 1194, alors que Pierre Bertin gouverne l’Aquitaine pour Richard,<br />

Ge<strong>of</strong>froy de Rancon et Bernard de Brosse rendent hommage pour leurs terres à Philippe<br />

Auguste créant une première brèche dans la continuité de la suzeraineté des Plantagenêt<br />

412 DEVAILLY, G., Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe, 1973, cite la chronique de Vierzondans Le<br />

cartulaire de Vierzon, 1963, p. 251 : anno 1197 castrum virsionis destructuma rege Angliae.<br />

413 DELABORDE, H. F. et al., Recueil des actes de Philippe Auguste, roi de France, 1916, II, n°633,<br />

p. 182 : Dedit autem rex Angliae in maritagio Ludovico filio nostro cum filia regis Castelle nepta sua<br />

feodum Exolduni et feodum Graceii et feodum Bituresii sicut Andreas de Calviniaco tenebat ea de rege<br />

Anglie.<br />

414 Rot. Lit. Pat., p. 33: … vobis mandamus quod cum receperitis castrum illud de Montensor illud statim<br />

prosterni faciatis quia volumus quod tam illud quam alia quem super inimicos nostros adquieri poterunt,<br />

prosternantur salvis solumno castris de Luchis et aliis dominicis castris nostris quem in pertibus vostris<br />

sunt.<br />

415 Rotuli normanniae in Turri londinensi asservati, HARDY, T. D. (éd.), 1835, p. 77 (1203) : G. de<br />

Atheciis etc. Mandamus vobis quod faciatis habere priori et fratribus de Chartusa juxta Luches XX<br />

librarum andeg. quas ei dedimus in elemosine ad reparacionem ecclesie sue. Teste me ipso apud<br />

Rothomago xiii die Februarie.<br />

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