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campagne sont décisives pour la maîtrise de l’Irlande et l’extension du pouvoir royal.
En mai 1214, à la suite du comte rendu d’Henri de Londres, l’archevêque de Dublin, sur
l’état de l’Irlande, qui présentait d’importantes avancées irlandaises, Jean ordonne à son
Justicier de s’assurer que tous les barons d’Irlande aient fortifié leurs terres dans les
marches avant la saint Michel 284 . À la fin du règne de Jean, les Anglais et les Irlandais
étaient donc en guerre. On peut ainsi douter de l’optimisme souvent présent chez les
historiens qui, à l’instar de Lewis Warren, ont affirmé que « le règne de Jean fut le plus
réussi que l’Irlande médiévale ait jamais eue » 285 .
Après avoir consacré les vingt premières années de son règne à étendre sa
domination, Henri II se tourne à partir du milieu des années 1170 vers une politique de
stabilisation des marches et de négociations des frontières. Alors que les traités de la
seconde moitié des années 1170, qui établissent les termes et les limites de la
domination des Plantagenêt en Écosse, en Irlande et en Pays de Galles, manifestent
clairement la volonté d’Henri II de construire les termes juridiques de sa domination
territoriale, il doit également lutter pour intégrer le comté de Toulouse et le duché de
Bretagne au sein de son imperium.
2.2- Les frontières de contacts : entre militarisation et négociation
2.2.1- L’instabilité des frontières du comté de Toulouse et la revendication d’une
principauté convoitée
La guerre de « quarante ans »
Le 18 mai 1152, lorsqu’il épouse, Aliénor d’Aquitaine, Henri II prend
possession d’un duché aux limites floues et à la territorialité confuse 286 . L’Aquitaine
était alors composée du comté de Poitou, de la Gascogne, de l’Angoumois, du Périgord,
du Limousin, de l’Auvergne et théoriquement du comté de Toulouse, revendiqué depuis
Guillaume IX d’Aquitaine (v. 1070 - 1127), en vertu de son mariage avec Philippa, la
284 SWEETMAN, H. S. (éd.), Calendar of documents relating to Ireland, preserved in Her Majesty's
Public Record Office, 1875, n°574 ; Rot. Lit. Claus., p .218 : Mantadus est Justicarius Hibernie quod sub
festinatione percipiat omnibus baronibus militibus et aliis qui terras habent in Hibernia quam firment
terras suas quas habent in marchia citra festum Sancti Michaeli anno regni domino regis xvii et quod
omnes terras illorum qui terras suas in Marchia firmare noluerint in manum domini regni capiat
computendas talibus qui eas infra terminum rotabilem firmare voluerint.
285 WARREN, W. L., « King John and Ireland », dans England and Ireland in the Later Middle Ages :
Essays in Honour of Jocelyn Otway-Ruthven, 1981, p. 26-42 (esp. p. 39) cité par DUFFY, S., « John and
Ireland: the origins of England’s irish problem », dans King John. New Interpretations, 2003, p. 221-245.
286 BOUTOULLE, F., « La Gascogne sous les premiers Plantagenêts (1152-1204) », dans Plantagenêts et
Capétiens: Confrontations et Héritage, 2006, p. 285-318.
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