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vendue au roi, car rien d’indique que son frère Waléran qui lui succéda comme comte de Warwick entra également en possession du Gower 176 . Dès 1187, Henri II entreprend de fortifier sa nouvelle acquisition : 20 marcs sont dépensées pour la réparation du château de Swansea. Le paiement des gardes enregistré dans les pipe rolls montre cependant que le château passa rapidement aux mains des Gallois (dès 1193). La fortification de cette marche méridionale n’a rien de fortuit : la conquête de l’Irlande à partir de 1171 avait en effet considérablement accru l’importance stratégique de cet espace, et notamment l’axe Gloucester - Carmarthen 177 . Or, sous le règne de Richard, la couronne perd progressivement le contrôle de cette marche au profit des Gallois d’une part, mais aussi des barons, en particulier de Roger Mortimer et Guillaume de Briouze 178 . À l’avènement de Richard, une nouvelle série de troubles déstabilise la région. Selon Roger de Hoveden, c’est l’attitude de Richard qui met le feu aux poudres, par son refus de respecter l’étiquette qui avait gouverné les relations anglo- galloises sous Henri II 179 . L’idée que Richard est le principal responsable de la réouverture des hostilités en 1189 a été véhiculée par Lewis Warren et Rees Davies. À leur encontre, John Gillingham pense que les tensions n’avaient cessées de s’accumuler depuis la fin du règne d’Henri II, critiquant ainsi l’idée d’une « détente » entre Henri II et Rhys 180 . La politique de fortification des marches galloises jusqu’en 1189 supporte largement cette seconde hypothèse. Giraud de Barri raconte également que des raids sont lancés par les Gallois dès l’annonce de la mort d’Henri II. Le Pembrokeshire ainsi 176 REES, W., « Gower and the March of Wales », Archaeolgia Cambrensis, CX (1961), p. 1-29 : Ce qui s’est passé n’est pas très clair et probablement litigieux, puisque les Warwick seront toujours engagés dans une procédure contre les Briouze au XIV e siècle concernant le Gower. Cependant un abrégé du Domesday Book établit que ‘Earl William, because of the debt he owed those people and was unable to pay and desiring to do as little harm as he could by the sale of Gower, approaches King Henry and sold him the land of Gower” (cité p.10). 177 ROWLANDS, I. W., « King John and Wales », dans King John. New Interpretations, 1999, p. 237- 287 178 HOLDEN, B. W., « King John, the Braoses, and the Celtic Fringe, 1207-1216 », Albion: A Quarterly Journal Concerned with British Studies, 33: 1 (2001), p. 1-23. 179 HOVEDEN, III, p. 23: Eodem mense (Octobris), Resus filius Griffini, regulus de Suthwales, venit in Angliam usque Oxeneford, per conductum Johannis comitis Moretonii fratris regis, et quia rex Angliae noluit occurrere illi, sicut rex pater suus solebat, indignatus est valde, et reversus est in terram suam sine allocutione regis (ce mois là Rhys ap Gruffyp, roitelet des Galles du sud, vint en Angleterre jusqu’à Oxford, sous la garde de Jean comte de Mortain, le frère du roi. Mais parce que le roi d’Angleterre ne voulut par se présenter à lui, comme le faisait le roi son père, Rhys fut grandement indigné et repartit sur ses terres, sans avoir parlé au roi). 180 DAVIES, R. R., The Age of Conquest Wales 1063-1415, 1991, p. 288-90; WARREN, W. L., Henry II, 2000, p.169 : “within a few months of Henry’s death Richard I’s stupid mishandling of Rhys put the whole position in south Wales in jeopardy”; GILLINGHAM, J., « Henry II, Richard I and the Lord Rhys », Peritia. Journal of the Medieval Academy of Ireland, 10 (1996), p. 225-236. 358

que le Gower, Carmarthen, Laugharne et Llanstephan sont alors dévastés 181 . C’est Jean, en tant que comte de Gloucester, qui est chargé de reconquérir les territoires perdus tandis que Giraud de Barri est envoyé mener les négociations avec Lord Rhys 182 . Sur le rouleau de 1190, plus de £527 sont dépensées pour la garde des châteaux de Swansea, Carmarthen et Llanwaddyn 183 . Mais l’absence prolongée du roi, retenu en captivité, constitue une brèche dans la continuité de l’autorité royale, dans laquelle les Gallois vont s’engouffrer pour lancer une reconquête des marches. Les dépenses sont alors surtout attribuées aux constructions défensives. Entre 1187 et 1193, près de £200 sont dépensées pour la fortification des remparts d’Hereford, tandis que £136 sont attribuées à White Castle (Dale) entre 1184 et 1188 ; £63 à Skenfirth entre 1187 et 1193, et £16 seulement à Grosmont entre 1184 et 1193, les trois châteaux protégeant l’accès aux littoraux méridionaux. À l’avènement de Jean, le retour en force de la présence royale est menée sur deux fronts : à la fois par une politique de répression baronniale et par un renforcement des fortifications royales. Dès 1207, Jean tente de réduire le pouvoir des barons dans cette marche en leur retirant leur titre de shérif. En février 1207, il substitue Foulque de Bréauté à Guillaume de Briouze dans le Glamorganshire et lui ordonne de fortifier ses trois principales places fortes : Neath, Newbury et Cardiff, puis, en avril, c’est au tour de Guillaume le Maréchal qu’il remplace par Richard de Mucegros puis Gérard d’Athée 184 . En 1205 et 1208, des travaux de fortifications sont entrepris à Cardigan, que Jean avait conquis en 1199 à la faveur de troubles internes à la dynastie du Deheubarth. Avec la confiscation de l’honneur de Guillaume de Briouze en 1208, Jean se rendait maître de l’un des honneurs les plus étendus du Pays de Galles 185 . Les seigneuries de la famille de Briouze constituaient en outre un ensemble compact s’étendant du centre (Brecon) au sud du Pays de Galles 186 . En 1210, la fortification de Swansea montre que 181 GIRAUD DE BARRI, Opera. 6, Itinerarium Kambriae et descriptio Kambriae, 1861-1891, p.80; GIRAUD DE BARRI, Opera. 1, De rebus a se gestis libri III. Invectionum libellus. Symbolum electorum, 1861-1891, p. 24. 182 PETERBOROUGH, II, p. 87-88; Annales Cambriæ, AB ITHEL, J. W. R. (éd.), 1860, p.57: Castellum Kaermerdin obsedit; sed adventiente Johanne comite filio Henrici Regis, cum exercitu totius Angliae relicta est obsidio. 183 PR 2 Richard, p. 48. 184 Rot. Lit. Pat., p. 68:, 71, 75, 78 ; PR 9 Jean, p. 221 : £58 18s. 6 d. in operatione trium castellorum scilicet Caerdif, Nofburgo et Neth; 185 ROWLANDS, I. W., « William Braose and the lordship of Brecon », Bulletin of the Board of the Celtic Studies, 1-2 (1982), p. 123-133. 186 Il comprenait Builth, Radnor, Brecon, Abergavenny, Elfael depuis 1195 et s’étendait jusque dans le Glamorgan que Jean lui concéda ainsi que la terram de Guher en 1203. OTWAY-RUTHVEN, A. J., « The Constitutional Position of the Great Lordships of South Wales », T.R.H.S., 8 (1958), p. 1-20, cite CLARK, G. T. (éd.), Cartæ et alia munimenta quæ ad dominium de Glamorgan pertinent ..., 1910, II, 359

vendue au roi, car rien d’indique que son frère Waléran qui lui succéda comme comte<br />

de Warwick entra également en possession du Gower 176 . Dès 1187, Henri II entreprend<br />

de fortifier sa nouvelle acquisition : 20 marcs sont dépensées pour la réparation du<br />

château de Swansea. Le paiement des gardes enregistré dans les pipe rolls montre<br />

cependant que le château passa rapidement aux mains des Gallois (dès 1193).<br />

La fortification de cette marche méridionale n’a rien de fortuit : la conquête de<br />

l’Irlande à partir de 1171 avait en effet considérablement accru l’importance stratégique<br />

de cet espace, et notamment l’axe Gloucester - Carmarthen 177 . Or, sous le règne de<br />

Richard, la couronne perd progressivement le contrôle de cette marche au pr<strong>of</strong>it des<br />

Gallois d’une part, mais aussi des barons, en particulier de Roger Mortimer et<br />

Guillaume de Briouze 178 . À l’avènement de Richard, une nouvelle série de troubles<br />

déstabilise la région. Selon Roger de Hoveden, c’est l’attitude de Richard qui met le feu<br />

aux poudres, par son refus de respecter l’étiquette qui avait gouverné les relations anglo-<br />

galloises sous Henri II 179 . L’idée que Richard est le principal responsable de la<br />

réouverture des hostilités en 1189 a été véhiculée par Lewis Warren et Rees Davies. À<br />

leur encontre, John Gillingham pense que les tensions n’avaient cessées de s’accumuler<br />

depuis la fin du règne d’Henri II, critiquant ainsi l’idée d’une « détente » entre Henri II<br />

et Rhys 180 . La politique de fortification des marches galloises jusqu’en 1189 supporte<br />

largement cette seconde hypothèse. Giraud de Barri raconte également que des raids<br />

sont lancés par les Gallois dès l’annonce de la mort d’Henri II. Le Pembrokeshire ainsi<br />

176<br />

REES, W., « Gower and the March <strong>of</strong> Wales », Archaeolgia Cambrensis, CX (1961), p. 1-29 : Ce qui<br />

s’est passé n’est pas très clair et probablement litigieux, puisque les Warwick seront toujours engagés<br />

dans une procédure contre les Briouze au XIV e siècle concernant le Gower. Cependant un abrégé du<br />

Domesday Book établit que ‘Earl William, because <strong>of</strong> the debt he owed those people and was unable to<br />

pay and desiring to do as little harm as he could by the sale <strong>of</strong> Gower, approaches King Henry and sold<br />

him the land <strong>of</strong> Gower” (cité p.10).<br />

177<br />

ROWLANDS, I. W., « King John and Wales », dans King John. New Interpretations, 1999, p. 237-<br />

287<br />

178<br />

HOLDEN, B. W., « King John, the Braoses, and the Celtic Fringe, 1207-1216 », Albion: A Quarterly<br />

Journal Concerned with British Studies, 33: 1 (2001), p. 1-23.<br />

179<br />

HOVEDEN, III, p. 23: Eodem mense (Octobris), Resus filius Griffini, regulus de Suthwales, venit in<br />

Angliam usque Oxeneford, per conductum Johannis comitis Moretonii fratris regis, et quia rex Angliae<br />

noluit occurrere illi, sicut rex pater suus solebat, indignatus est valde, et reversus est in terram suam sine<br />

allocutione regis (ce mois là Rhys ap Gruffyp, roitelet des Galles du sud, vint en Angleterre jusqu’à<br />

Oxford, sous la garde de Jean comte de Mortain, le frère du roi. Mais parce que le roi d’Angleterre ne<br />

voulut par se présenter à lui, comme le faisait le roi son père, Rhys fut grandement indigné et repartit sur<br />

ses terres, sans avoir parlé au roi).<br />

180<br />

DAVIES, R. R., The Age <strong>of</strong> Conquest Wales 1063-1415, 1991, p. 288-90; WARREN, W. L., Henry II,<br />

2000, p.169 : “within a few months <strong>of</strong> Henry’s death Richard I’s stupid mishandling <strong>of</strong> Rhys put the<br />

whole position in south Wales in jeopardy”; GILLINGHAM, J., « Henry II, Richard I and the Lord Rhys<br />

», Peritia. Journal <strong>of</strong> the Medieval Academy <strong>of</strong> Ireland, 10 (1996), p. 225-236.<br />

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