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1.1.3- La chancellerie
Selon Raoul C. Van Caenegem, une chancellerie est un office dans lequel un
personnel régulier et spécialisé formule les actes du gouvernement sensu lato une
personne dont l’autorité publique est formulée par des documents authentiques qui
servent de témoignages ou de notification 71 . Parce que la chancellerie était l’institution
la plus proche du roi, elle était sans doute le meilleur reflet de sa volonté personnelle
dans son expression écrite et l’institution la plus à même de représenter la centralité de
son gouvernement 72 . De nombreuses chartes ont été publiées séparément, dans des
cartulaires ou des recueils de divers documents d’intérêt local. Concernant Henri II,
l’édition d’environ 800 chartes a été entreprise par Léopold Delisle et achevé par Élie
Berger au début du XX e siècle 73 . Depuis la fin des années 1960, Sir James C. Holt et
Nicholas Vincent ont cherché à compléter et à réactualiser le corpus des actes
d’Henri II 74 . Ces volumes qui comptaient 2452 actes en 1995 contiennent maintenant
près de 3200 chartes et notices de chartes perdues et devraient paraître en 2009 ou
2010 75 . Sur cet ensemble, près d’un tiers peut être daté des premières années du règne
d’Henri II, et en grande partie avant 1158, et plus de deux tiers de ces textes concernent
l’Angleterre 76 . On ne doit pas pour autant déduire de ce déséquilibre que les affaires
anglaises occupaient la majeure partie du temps de la chancellerie. En réalité, le système
de l’Échiquier obligeait la chancellerie à émettre de nombreuses lettres de paiements, de
compte ou de don (liberate, computate et perdono) dont très peu ont survécu. Le
déséquilibre chronologique et géographique s’explique également par le fait
qu’Henri II, aux lendemains de son accession au trône, confirma à tous les Earls
d’Angleterre le troisième sou des procès, une coutume qui n’avait aucun équivalent en
France où les récompense en faveur de laïcs ou d’officiers étaient extrêmement rares.
71
VAN CAENEGEM, R. C., Royal Writs in England from the Conquest to Glanvill : Studies in the Early
History of the Common Law, 1959, p. 136.
72
VINCENT, N., « Regional variations in the charters of King Henry II (1154-89) », dans Charters and
Charter Scholarship in Britain and Ireland, 2005, p. 70-119.
73
Recueil des actes de Henri II, roi d'Angleterre et duc de Normandie concernant les provinces
françaises et les affaires de France, DELISLE, L. et BERGER, E. (éds.), Paris, 1916-1920.
74
HOLT, J. C., « The writs of Henry II », dans The History of English Law Centenary Essays on 'Pollock
and Maitland', 1996, p. 47-64.
75
VINCENT, N., « Les Normands de l’entourage d’Henri II Plantagenêt », dans Angleterre et Normandie
au Moyen Âge. Actes du Colloque de Cerisy-la-Salle (4-7 octobre 2001), 2003, p. 75-88, p. 76 : annonce
la publication pour 2004, puis 2009.
76
VINCENT, N., « Regional variations in the charters of King Henry II (1154-89) », dans Charters and
Charter Scholarship in Britain and Ireland, 2005, p. 70-119; 2200 chartes concernent des bénéficiaires
anglais, 600 normands et 400 pour les autres territoires continentaux, dont moins de 50 pour l’Aquitaine.
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