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l’empire Angevin » 115 . Pour verrouiller l’accès à Rouen, Richard fait également fortifier la Roche d’Orival. Certaines mentions de travaux comme à Damville et au Failly montre que Richard ne s’est pas limité à la fortification des châteaux ducaux mais a également subventionné des places frontalières tenues par de loyaux vassaux. À cause du coût considérable des fortifications durant ces années, Richard propose en 1198 à Philippe Auguste de partager la garde des châteaux de la terre qu’il dominait, sans doute pour alléger la charge des châteaux. Ce qui apparaissait alors comme une concession au roi de France était en réalité une stratégie dont Guillaume le Maréchal expose les principes : Prenez ore avant vostre terre Si laissiez les chasteals en gaige De si qu’a un autre passaige Quant riens en prendrea de la terre Ce li semblera une guere Des chasteals aveir a terni Se del suen li estuet garnir Issi ert, gel vos prend en main Bien si qu’il [re]vendrunt demain 116 Cette stratégie qui consiste à dissocier la possession d’un château de l’acquisition du dominium c'est-à-dire des droits seigneuriaux qui lui étaient rattachés montre bien qu’il pouvait exister localement différents niveaux de pouvoir. La délimitation frontalière au XII e siècle était donc bien plus complexe que la simple distribution des places fortes dans chaque camp opposé. 1.2.3- Du traité du Goulet à la perte de la Normandie (1200-1204) Au printemps 1199, lorsque Richard meurt de ses blessures, à Châlus en Limousin, la fortification de la Normandie apparaît pratiquement achevée. Les fragments de comptes pour les années 1201 et 1202, ne mentionnent en effet quasiment aucune dépense de fortification dans cette région. Pourtant, l’offensive de Philippe Auguste a repris de plus belle et le 22 mai 1200, il est en mesure d’imposer à Jean sans 115 GILLINGHAM, J., Richard Coeur de Lion: Kingship, Chivalry and War in the Twelfth Century, 1994, p. 353. 116 MEYER, P. (éd.), L'histoire de Guillaume Le Maréchal, comte de Striguil et de Pembroke, régent d'Angleterre de 1216 à 1219 : poème français, 1891-1901, II, p. 56, v. 11680-11688 : « Prenez donc votre terre et laissez lui les châteaux en gage d’ici à un autre passage. Quant il ne pourra rien tirer de la terre, entretenir et approvisonner les châteaux lui semblera aussi dur qu’une guerre, si bien que demain ils seront revenus entre vos mains ». 344
Terre une nouvelle paix. Cette paix dite du Goulet établit de nouvelles délimitations frontalières au profit du roi de France qui avait conquis la ville d’Évreux et une partie du comté, dans les limites suivantes : Des bornes sont posées au milieu de la route entre Évreux et Le Neubourg et tout ce qui est en deçà de ces bornes fait partie du royaume de France, de même que l’autre partie, du côté du Neubourg est au roi d’Angleterre. Le Neubourg reste au roi d’Angleterre et nous avons autant de terres vers Le Neubourg que nous en avons vers Conches et vers Aquigny en mesurant à partir du côté où se trouve l’abbaye de la Noé, où coule l’Iton. Quitteboeuf, et tout ce qui est autour nous appartient tandis que Tillières avec ses dépendances et Damville restent au roi d’Angleterre, de sorte que le seigneur de Brézolles ait ce qu’il doit avoir dans la seigneurie de Tillières et le seigneur de Tillières ce qu’il doit avoir dans la seigneurie de Brézolles. […] Malgré la précision toujours plus grande des découpages territoriaux émancipés de leur support naturel, ceux-ci n’impliquent cependant pas une séparation radicale des espaces puisque Damville et Tillières qui sont situés en deçà de l’Iton restent au roi d’Angleterre alors les terres au-delà d’Évreux sont au roi de France. Dans cet espace de positions partagées, le roi de France impose la destruction de toutes fortifications : Sachez que ni nous, ni le roi d’Angleterre ne peuvent fortifier à intérieur des bornes constituées entre Le Neubourg et Évreux, ni à Quitteboeuf, ni nous de notre coté, ni le roi d’Angleterre de son coté, ni les lieux fortifiés qui sont en deçà desdites bornes. Les fortifications de Portes et de Landes seront détruites immédiatement et aucune autre forteresse ne pourra y être réédifiée. […] Selon Daniel Power la paix du Goulet est le seul traité de la série qui établit une délimitation aussi exacte de la frontière entre les terres de Jean et de Philippe à travers l’Evreucin 117 . En s’interrogeant sur les raisons d’une telle précision en 1200, dans un territoire bien défini, il en déduit que cette démarcation est vraisemblablement le résultat d’un compromis entre Philippe, qui ne voulait pas renoncer à sa conquête de l’Evreucin, et Jean qui ne pouvait accepter de céder ce vaste comté dans son entier au roi de France. Pour que la paix soit viable, il fallait également que de larges zones soient démilitarisées et non plus un site comme les Andelys. C’est pourquoi, le traité prévoyait de faire détruire toutes les places fortes (mottes et châteaux) à l’intérieur de la zone 117 POWER, D. J., The Norman Frontier in the Twelfth and Early Thirteenth Centuries, 2004, p. 416 ; 345
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montre que Richard ne s’est pas limité à la fortification des châteaux ducaux mais a<br />
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À cause du coût considérable des fortifications durant ces années, Richard<br />
propose en 1198 à Philippe Auguste de partager la garde des châteaux de la terre qu’il<br />
dominait, sans doute pour alléger la charge des châteaux. Ce qui apparaissait alors<br />
comme une concession au roi de France était en réalité une stratégie dont Guillaume le<br />
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De si qu’a un autre passaige<br />
Quant riens en prendrea de la terre<br />
Ce li semblera une guere<br />
Des chasteals aveir a terni<br />
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Bien si qu’il [re]vendrunt demain 116<br />
Cette stratégie qui consiste à dissocier la possession d’un château de<br />
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montre bien qu’il pouvait exister localement différents niveaux de pouvoir. La<br />
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distribution des places fortes dans chaque camp opposé.<br />
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Au printemps 1199, lorsque Richard meurt de ses blessures, à Châlus en<br />
Limousin, la fortification de la Normandie apparaît pratiquement achevée. Les<br />
fragments de comptes pour les années 1201 et 1202, ne mentionnent en effet quasiment<br />
aucune dépense de fortification dans cette région. Pourtant, l’<strong>of</strong>fensive de Philippe<br />
Auguste a repris de plus belle et le 22 mai 1200, il est en mesure d’imposer à Jean sans<br />
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GILLINGHAM, J., Richard Coeur de Lion: Kingship, Chivalry and War in the Twelfth Century, 1994,<br />
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MEYER, P. (éd.), L'histoire de Guillaume Le Maréchal, comte de Striguil et de Pembroke, régent<br />
d'Angleterre de 1216 à 1219 : poème français, 1891-1901, II, p. 56, v. 11680-11688 : « Prenez donc<br />
votre terre et laissez lui les châteaux en gage d’ici à un autre passage. Quant il ne pourra rien tirer de la<br />
terre, entretenir et approvisonner les châteaux lui semblera aussi dur qu’une guerre, si bien que demain ils<br />
seront revenus entre vos mains ».<br />
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