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3.2.2- L’entretien des cours d’eau et le contrôle des voies fluviales L’entretien des canaux et la prospérité du royaume : un bien commun ? Dans les pipe rolls figure un enregistrement, sur le rouleau de 1196, d’une dépense de 1 marc pour la réparation de la pêcherie de « Bikerdich ». Cet enregistrement qui se trouve dans les comptes de la ferme de l’honneur du comte de Boulogne rappelle le rôle des digues et des canaux dans l’organisation et la gestion du paysage anglais au Moyen Âge. « Bycardyke » pourrait bien signifier en effet que cette pêcherie se trouvait à proximité du Car Dyke, cet ancien canal, reliant les tourbières du Cambridgeshire à celles du Lincolnshire. Les fouilles archéologiques ont montré que le Car Dyke fut conçu par les Romains essentiellement comme un système de drainage 347 . Ce n’est qu’à partir du XI e siècle, semble-t-il, avec l’essor du commerce et des échanges, que le Car Dyke, à l’instar du Foss Dyke, sont utilités comme voies de navigation. Le Foss Dyke, qui reliait la Trent et la Witham entre Torksey et Lincoln apparaît notamment comme une voie de navigation utilisée pour relier les villes de la Trent, et en particulier Nottingham, au port de Boston. Dans le pipe roll de 1180, par exemple, une dépense de £14 13s. 6d. est effectuée pour conduire du plomb « de Peak à Boston puis jusqu’à Londres par navire » 348 . Cette entrée confirme l’utilisation régulière du Foss Dyke, dont la réouverture et l’agrandissement avaient été opérés par Henri I er en 1121 349 . L’intervention du roi venait alors sans doute suppléer l’incapacité des hommes de Torksey à assurer la maintenance du Foss Dyke, une obligation dont ils avaient pourtant la charge à l’époque anglo-saxonne, comme l’atteste le Domesday Book 350 . Il était également du devoir des hommes de Torksey de conduire les messagers du roi à York, dans leurs bateaux, à charge pour le shérif d’assurer leur approvisionnement. Torksey était une ville en plein essor qui obtient d’Henri II la confirmation de la protection royale sur sa foire ainsi que ses franchises telles qu’elles avaient été établies 347 SIMMONS, B. B., « The Lincolnshire Car Dyke: Navigation or Drainage? », Britannia, 10 (1979), p. 183-196; SALWAY, P.Ibid., 11 (1980), p. 337-338. 348 P.R. 26 H.II., 137. carragio eiusdem plumbi a Pecco usque Sanctum Botulphum et eodem plumbo ducendo inde navigo usque Londonie. 349 SYMEON DE DURHAM, Symeonis monachi opera omnia. 2. Historia regum, 1965, p. 260: Eodem anno Henricus rex, facto longa terrae intercisione fossato a Torkseie usque Lincolniam, per derivationem Trentae fluvium fecit iter navium ; BARLEY, M. W., « Lincolnshire Rivers in the Middle Ages », Lincolnshire Architectural and Archaeological Society Reports and Papers, 1 new ser.: 1 (1938), p. 1-21. 350 FOSTER, C. W. et LONGLEY, T., The Lincolnshire Domesday and the Lindey Survey, 1924, p. 11 : les vingt-trois bourgeois de Torksey étaient alors dits posséder les mêmes coutumes que les gens de Lincoln, en plus du devoir de transporter les messagers du roi à York avec leurs bateaux et leurs moyens de navigation. 304

au temps d’Henri I er351 . Cette protection royale s’accompagne de la fondation du prieuré de chanoines augustiniens Saint-Léonard. Si l’attribution de ce prieuré à Henri II reste incertaine, en revanche, une charte de Jean datée du 2 décembre 1200, confirme la protection royale du prieuré. Cette fondation traduit ainsi la volonté royale de contrôler non seulement Torksey mais aussi le Foss Dyke qui constituaient un lieu de passage essentiel du réseau commercial anglais au XII e siècle 352 . Chez les auteurs anglais du XII e siècle, la prospérité du royaume est un thème récurrent souvent associé à l’idée que le bon entretien des infrastructures de communication n’y était pas pour rien. La reprise en main des infrastructures d’utilité commune par les Plantagenêt et leurs prédécesseurs ne s’est pas limitée à l’Angleterre. Sur le continent Henri II a aussi favorisé d’importants chantiers d’utilité publique notamment sur les bords de la Loire. La restauration des levées de la Loire : une simple charte de franchises ? Selon Robert de Torigni, à la fin des années 1160, Henri II émet une charte accordant des exemptions à tous les hommes de la vallée de la Loire qui viendraient s’installer sur les bords du fleuve pour réparer et maintenir les turcies qui avaient été détruites par de violentes crues. Il fit faire, en Anjou sur la Loire, pour contenir les eaux qui avaient anéanti les prés et les récoltes, des retenues qui sont appelées turcies, presque trente mille en tout, faisant édifier dessus des maisons pour les hommes qui s’occuperaient des turcies. Ceux-ci seraient libérés de l’ost et de nombreuses autres chartes fiscales. 353 Les turcies étaient des levées de terres « discontinues et submersibles destinées à la protection des terres contre les courants de débordements » 354 . Selon, Joëlle Burnouf, 351 Acta Plantagenets project (2198H), bref inédit, à paraître prochainement dans les actes de Henry II édités par Sir James Holt et Nicholas Vincent. 352 Acta Plantagenets project, (4450H) ; Rot. Chart., p. 81; KNOWLES, D., The religious houses of medieval England, 1940; KNOWLES, D. et HADCOCK, R. N., Medieval Religious Houses : England and Wales, 1971, p. 177; DUGDALE, W. et DODSWORTH, R., Monasticon Anglicanum: or, the history of the ancient abbies, and other monasteries, hospitals, cathedral and collegiate churches in England and Wales, 1846,VI, p. 425-6; VCH Lincolnshire ; II, p. 170-171. 353 TORIGNI, II, p. 13-14 : Similiter fecerat in Andegavensi pago super Ligerim, ad aquam arcendam, quae messe et prata perdebat, quaedem retinacula, quae torsias vocant, per triginta fere miliaria, faciens ibi aedificare mansiones hominum qui torsias tenerent. Quos etiam fecit liberos de exercitu et multis aliis ad fiscum pertinentibus. 354 sur les levées voir DION, R., Histoire des levées de la Loire, 1961et ses actualisations notamment par BURNOUF, J. et CARCAUD, N., « Le val de Loire en Anjou Touraine : un cours forcé par les sociétés riveraines », Médiévales, 18: 36 (1999), p. 17-29; BURNOUF, J., « Les levées de la Loire », Géomètre, 4 (2002), p. 28-29; BURNOUF, J. et al., « La Loire entre mythe et réalité », 303 Arts Recherche et Création revue scientifique des Pays de la Loire, Numéro spécial "La Loire" (2003), p. 75 et MAURIN, J. et 305

3.2.2- L’entretien des cours d’eau et le contrôle des voies fluviales<br />

L’entretien des canaux et la prospérité du royaume : un bien commun ?<br />

Dans les pipe rolls figure un enregistrement, sur le rouleau de 1196, d’une<br />

dépense de 1 marc pour la réparation de la pêcherie de « Bikerdich ». Cet<br />

enregistrement qui se trouve dans les comptes de la ferme de l’honneur du comte de<br />

Boulogne rappelle le rôle des digues et des canaux dans l’organisation et la gestion du<br />

paysage anglais au Moyen Âge. « Bycardyke » pourrait bien signifier en effet que cette<br />

pêcherie se trouvait à proximité du Car Dyke, cet ancien canal, reliant les tourbières du<br />

Cambridgeshire à celles du Lincolnshire. Les fouilles archéologiques ont montré que le<br />

Car Dyke fut conçu par les Romains essentiellement comme un système de drainage 347 .<br />

Ce n’est qu’à partir du XI e siècle, semble-t-il, avec l’essor du commerce et des<br />

échanges, que le Car Dyke, à l’instar du Foss Dyke, sont utilités comme voies de<br />

navigation. Le Foss Dyke, qui reliait la Trent et la Witham entre Torksey et Lincoln<br />

apparaît notamment comme une voie de navigation utilisée pour relier les villes de la<br />

Trent, et en particulier Nottingham, au port de Boston. Dans le pipe roll de 1180, par<br />

exemple, une dépense de £14 13s. 6d. est effectuée pour conduire du plomb « de Peak à<br />

Boston puis jusqu’à Londres par navire » 348 . Cette entrée confirme l’utilisation régulière<br />

du Foss Dyke, dont la réouverture et l’agrandissement avaient été opérés par Henri I er en<br />

1121 349 . L’intervention du roi venait alors sans doute suppléer l’incapacité des hommes<br />

de Torksey à assurer la maintenance du Foss Dyke, une obligation dont ils avaient<br />

pourtant la charge à l’époque anglo-saxonne, comme l’atteste le Domesday Book 350 . Il<br />

était également du devoir des hommes de Torksey de conduire les messagers du roi à<br />

York, dans leurs bateaux, à charge pour le shérif d’assurer leur approvisionnement.<br />

Torksey était une ville en plein essor qui obtient d’Henri II la confirmation de la<br />

protection royale sur sa foire ainsi que ses franchises telles qu’elles avaient été établies<br />

347<br />

SIMMONS, B. B., « The Lincolnshire Car Dyke: Navigation or Drainage? », Britannia, 10 (1979), p.<br />

183-196; SALWAY, P.Ibid., 11 (1980), p. 337-338.<br />

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P.R. 26 H.II., 137. carragio eiusdem plumbi a Pecco usque Sanctum Botulphum et eodem plumbo<br />

ducendo inde navigo usque Londonie.<br />

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SYMEON DE DURHAM, Symeonis monachi opera omnia. 2. Historia regum, 1965, p. 260: Eodem<br />

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Lincolnshire Architectural and Archaeological Society Reports and Papers, 1 new ser.: 1 (1938), p. 1-21.<br />

350<br />

FOSTER, C. W. et LONGLEY, T., The Lincolnshire Domesday and the Lindey Survey, 1924, p. 11 :<br />

les vingt-trois bourgeois de Torksey étaient alors dits posséder les mêmes coutumes que les gens de<br />

Lincoln, en plus du devoir de transporter les messagers du roi à York avec leurs bateaux et leurs moyens<br />

de navigation.<br />

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