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la surface intra muros était nettement supérieure aux villes d’origine romaine dont les remparts sont réparés et étendus au XII e siècle 299 . À partir de 1212, Jean entreprend de fortifier Portsmouth, villeneuve fondée par Richard en 1190, en la dotant d’enceintes. Ce chantier est partiellement financé sur les revenus des mines d’étain de Cornouailles, sur la ferme desquelles sont déduits, en 1212, £55 9s. 11d. pour supporter « le coût de la construction des murs à Portsmouth, pour enceindre la ville et garder les galères » 300 . Ces enceintes comprenaient sans doute à la fois des palissades en bois, car la même année, du bois du Yorkshire et du fer de la forêt de Dean, dans le Gloucestershire et sont envoyés à Portsmouth 301 , et des maçonneries, car en 1214, il y est question d’achat de chaux et de pierre ad murum inclaustri regis 302 . Jean fait notamment venir des pierres de taille du Yorkshire pour ériger ces enceintes. En 1214, £10 17s. 3d. sont déduits de la ferme de Brian de l’île en charge de la seigneurie de Knaresborough pour faire 15 000 pierres de tailles et 40s. 10d. sont enregistrés pour le transport de 30 000 pierres de tailles de Knaresborough jusqu’à Portsmouth 303 . Cette même année 45 000 pierres sont également importées du Gloucestershire 304 . Ces murs qui transformaient la morphologie urbaine de Portsmouth avaient une vocation militaire qui transparaît dans l’approvisionnement massif en armes : en 1214, 75 000 flèches ainsi que du fer du Gloucestershire et des forgerons royaux avec femmes, enfants et ustensiles y sont conduits depuis Winchester 305 . Au cours du XIII e siècle, le rôle défensif réel des enceintes et des ponts tend à disparaître, mais la thématique de la défense des villes reste toujours une justification essentielle dans la construction des enceintes urbaines. L’argument permettait en effet d’obtenir l’autorisation du roi et parfois aussi son aide 306 . Les autorisations royales se développent en effet à partir des années 1220 sous la forme de murages, c’est-à-dire de droits concédés aux communautés urbaines afin de lever des fonds pour construire leurs 299 CREIGHTON, O. H. et HIGHAM, R., Medieval Town Walls, 2005, p. 34. 300 PR 14 Jean, p.75 : £55 9s. 11.d. de firma staminis Cornubia de anno preterito et de hoc anno in custo posito in muro faciendo apud Portesmue ad clausturam et ad custodiam galiarum. 301 PR 14 Jean, p. 26, 47, 55. 302 PR 16 Jean, p. 126 : £7 10s. pro petra ad murum inclaustri regis apud Portesmue perfciendum ; p. 163 : £11 3s. 10d. pro calce empta scilicet pro CC sextariis et cariatis apud Portesmue ad murum clausi Regis. 303 PR 16 Jean, p. 67: £10 17s. 3d. in operatione XV milia quarellorum; 40s. 10d. in cariagio XXX millia quarellorum a Cnarreburc usque ad Portesmue. 304 PR 16 Jean, p. 55 : £40 10s. pro XLV milia quarellorum emptis et missis apud Portesmue. 305 PR 16 Jean, p. 55, 67, 126 : in cariagio fabrorum regis et uxorum suarum et puerorum et utensiliorum suorum et quarellorum a Wintonie usque Portesmue. 306 ALLMAND, C., « Taxations in medieval England: the example of Murage », dans Villes bonnes villes, cités, capitales, études d’histoire urbaine (XIIe-XVIIIe siècles). Mélanges offerts à B. Chevalier, 1993, p. 223-230. 294

emparts. Comme pour toutes les fortifications du royaume, les enceintes urbaines n’étaient légales qu’à partir de la réception de la licence royale. En permettant aux communautés urbaines d’accéder aux mêmes droits que l’aristocratie, dont celui de fortifier (ius munitionis), la royauté favorisait la formation de la bourgeoise comme élite sociale partageant, grâce à ses remparts, le prestige symbolique des châteaux féodaux 307 . En même temps qu’apparaissaient les droits de murage en Angleterre, le sens du terme de pontage se transforme. Alors qu’il désignait une taxe prélevée sur les usagers des ponts, le terme devint progressivement l’équivalent des droits de murages pour la construction des ponts. Cette évolution sémantique illustre le processus de commutation des anciennes coutumes en droits relevant du ius commune. La commutation des anciennes obligations Les nouvelles constructions d’enceintes à partir de la fin du XII e siècle, qu’il s’agisse de réparations, d’extensions de murs antiques ou de la construction ex nihilo de nouveaux fossés nécessitaient non seulement une licence royale, mais aussi la mise en place de nouveaux types de financement. Dans bien des cas, l’obligation de participer à ces constructions s’insère au sein des obligations féodales, comme service dû par un vassal à son seigneur. Alors que Cyril T. Flower suggérait que les obligations instaurées à l’occasion d’un nouveau pont ou de nouveaux remparts étaient souvent établies, ratione tenurae, sur les principaux bénéficiaires de ces travaux, David Harrison critique cette interprétation « utilitariste » en analysant les registres des cours de justices, où apparaît souvent cette expression. Il propose de l’interpréter plutôt comme une manière de restaurer dans un langage féodal les obligations qui reposaient anciennement sur les terres 308 . La clause 23 de la Magna Carta (voir supra) témoigne bien à ce titre de la difficulté générale que le roi avait à imposer de nouvelles obligations 309 . Sur le continent, en particulier, nombre de chantiers d’enceintes urbaines sont effectués au titre de l’auxilium. C’est le cas par exemple à Limoges, en 1215. Cette année là, Jean sans Terre demande à ce que l’auxilium dû par l’abbaye Sainte-Marie, le couvent Saint-André et le chapitre Saint-Étienne, soit employé à renforcer les enceintes 307 COULSON, C. A., « Battlements and the bourgeoisie : municipal status and the apparatus of urban defence in later medieval England », dans Medieval Knighthood, 1995, p. 119-195. 308 FLOWER, C. T., Public Works in Mediaeval Law, 1923, II, p. xlii; HARRISON, D. F., The Bridges of Medieval England, 2004, p. 186. 309 HOLT, J. C., Magna Carta, 1961, p. 322-323. 295

la surface intra muros était nettement supérieure aux villes d’origine romaine dont les<br />

remparts sont réparés et étendus au XII e siècle 299 .<br />

À partir de 1212, Jean entreprend de fortifier Portsmouth, villeneuve fondée par<br />

Richard en 1190, en la dotant d’enceintes. Ce chantier est partiellement financé sur les<br />

revenus des mines d’étain de Cornouailles, sur la ferme desquelles sont déduits, en<br />

1212, £55 9s. 11d. pour supporter « le coût de la construction des murs à Portsmouth,<br />

pour enceindre la ville et garder les galères » 300 . Ces enceintes comprenaient sans doute<br />

à la fois des palissades en bois, car la même année, du bois du Yorkshire et du fer de la<br />

forêt de Dean, dans le Gloucestershire et sont envoyés à Portsmouth 301 , et des<br />

maçonneries, car en 1214, il y est question d’achat de chaux et de pierre ad murum<br />

inclaustri regis 302 . Jean fait notamment venir des pierres de taille du Yorkshire pour<br />

ériger ces enceintes. En 1214, £10 17s. 3d. sont déduits de la ferme de Brian de l’île en<br />

charge de la seigneurie de Knaresborough pour faire 15 000 pierres de tailles et 40s.<br />

10d. sont enregistrés pour le transport de 30 000 pierres de tailles de Knaresborough<br />

jusqu’à Portsmouth 303 . Cette même année 45 000 pierres sont également importées du<br />

Gloucestershire 304 . Ces murs qui transformaient la morphologie urbaine de Portsmouth<br />

avaient une vocation militaire qui transparaît dans l’approvisionnement massif en<br />

armes : en 1214, 75 000 flèches ainsi que du fer du Gloucestershire et des forgerons<br />

royaux avec femmes, enfants et ustensiles y sont conduits depuis Winchester 305 .<br />

Au cours du XIII e siècle, le rôle défensif réel des enceintes et des ponts tend à<br />

disparaître, mais la thématique de la défense des villes reste toujours une justification<br />

essentielle dans la construction des enceintes urbaines. L’argument permettait en effet<br />

d’obtenir l’autorisation du roi et parfois aussi son aide 306 . Les autorisations royales se<br />

développent en effet à partir des années 1220 sous la forme de murages, c’est-à-dire de<br />

droits concédés aux communautés urbaines afin de lever des fonds pour construire leurs<br />

299 CREIGHTON, O. H. et HIGHAM, R., Medieval Town Walls, 2005, p. 34.<br />

300 PR 14 Jean, p.75 : £55 9s. 11.d. de firma staminis Cornubia de anno preterito et de hoc anno in custo<br />

posito in muro faciendo apud Portesmue ad clausturam et ad custodiam galiarum.<br />

301 PR 14 Jean, p. 26, 47, 55.<br />

302 PR 16 Jean, p. 126 : £7 10s. pro petra ad murum inclaustri regis apud Portesmue perfciendum ;<br />

p. 163 : £11 3s. 10d. pro calce empta scilicet pro CC sextariis et cariatis apud Portesmue ad murum<br />

clausi Regis.<br />

303 PR 16 Jean, p. 67: £10 17s. 3d. in operatione XV milia quarellorum; 40s. 10d. in cariagio XXX millia<br />

quarellorum a Cnarreburc usque ad Portesmue.<br />

304 PR 16 Jean, p. 55 : £40 10s. pro XLV milia quarellorum emptis et missis apud Portesmue.<br />

305 PR 16 Jean, p. 55, 67, 126 : in cariagio fabrorum regis et uxorum suarum et puerorum et utensiliorum<br />

suorum et quarellorum a Wintonie usque Portesmue.<br />

306 ALLMAND, C., « Taxations in medieval England: the example <strong>of</strong> Murage », dans Villes bonnes villes,<br />

cités, capitales, études d’histoire urbaine (XIIe-XVIIIe siècles). Mélanges <strong>of</strong>ferts à B. Chevalier, 1993, p.<br />

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