03.04.2013 Views

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

formulation, que le roi agissait bien pour défendre le status regni, les solidarités n’en<br />

restait pas moins « patriotique » ou plutôt « régnales » pour reprendre l’expression de<br />

Susan Reynolds 279 .<br />

Autour de 1200, si le pouvoir était encore ancré dans une conception<br />

patrimoniale, l’émergence d’une conception « publique » se traduit dans l’idée que la<br />

défense de la patrie constituait une mission divine du prince à laquelle se devaient de<br />

participer tous les hommes libres. L’engagement des chevaliers pour la défense de la<br />

patrie se distinguait cependant de l’engagement féodal de l’auxilium, dans la mesure où<br />

elle constituait un objectif qui dépassait le simple service du prince. Dans un contexte,<br />

où la guerre entre Plantagenêt et Capétiens tend à être distinguée des guerres féodales,<br />

la résurgence de la thématique de la défense de la patrie contribuait donc à faire sortir ce<br />

conflit des relations féodales pour lui donner un caractère commun ou « public ». Dans<br />

ces circonstances, ne peut-on considérer que les constructions défensives du territoire,<br />

notamment sur les fronts de combats (la vallée de la Seine, puis le Poitou) étaient<br />

investies d’un caractère « public » tributaire de cette guerre et de ses missions ?<br />

Les défenses « communes » de la Normandie<br />

La ville d’Eu, à la frontière nord du duché, avait été prise par Philippe Auguste<br />

en 1193 280 . Richard parvint cependant à négocier son retour dans le duché en 1196, mais<br />

en 1198, le sac de Dieppe par les armées françaises impose le renforcement des<br />

fortifications dans cette région. Cette année là, les rouleaux de l’Échiquier normand<br />

enregistrent la somme de £ a 5125 donnée aux bourgeois d’Eu « pour les travaux des<br />

remparts de la ville d’Eu ». En réalité, il ne s’agit pas d’un don, mais d’une avance sur<br />

une taille levée par le roi dont les bourgeois devaient rendre compte à l’Échiquier 281 .<br />

Cette somme, incontestablement la plus importante enregistrée pour ce type de travaux,<br />

couvrait vraisemblablement l’essentiel de la construction (plan 3.18). Comparées aux<br />

coûts des remparts d’Eu, d’un périmètre d’environ 2,8 km, les dépenses affectées aux<br />

fortifications de la villeneuve royale de Verneuil-sur-Avre dans les mêmes années font<br />

plutôt pâle figure.<br />

a rege Franciae per nuncios nostros et suos nobis mandata sunt….sicut diligunt nos et communem regni<br />

utilitatem.<br />

279 POST, G., « Status Regis: Lestat du Roi in the Statute <strong>of</strong> York », dans Studies in Medieval Legal<br />

thought Public Law and the State, 1100-1322, 1964, p. 369-414; REYNOLDS, S., Kingdoms and<br />

Communities in Western Europe, 900-1300, 1986<br />

280 DECK, S., La ville d'Eu, 1924, p. 1-2.<br />

281 MRSN, II, p. 386: operationibus ville de Augo claudende.<br />

290

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!