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La fortification des portes jouait un rôle essentiel dans l’organisation des
défenses. En ce qu’elle constituait un point faible, l’entrée était en effet le principal
point d’attaque des armées ennemies 260 . Mais l’architecture des portes n’était pas
seulement fonctionnelle, elle incorporait également une iconographie parfois complexe
qui reflétait la puissance de la royauté quand ce n’était pas la richesse et le statut de la
communauté urbaine 261 . Les portes, qui constituaient un point de passage obligé et un
lieu de perception privilégié pour les taxes, étaient donc le lieu où l’image du pouvoir
était la plus visible. Leur importance était telle qu’elles étaient parfois la seule
construction en pierre des remparts, le reste des défenses étant alors composé de talus de
terre et de palissades de bois. Les portes et les remparts ne cessaient en effet jamais
d’assumer à la fois une fonction civique, militaire et symbolique des différents pouvoirs
de la ville. Les rares vestiges archéologiques des portes du XII e siècle montrent que
celles-ci présentaient généralement une organisation simple : l’entrée était composée
d’un arc en plein cintre derrière lequel prenait place une paire de vantaux ; ils étaient
parfois surmontés d’une bretèche ou d’un assommoir tandis que l’entrée était fermée
d’une herse. Après 1200, des innovations se diffusent sur le modèle de la porte de la
tour du gouverneur de Gisors 262 . La Normandie est en effet un laboratoire des
principales innovations techniques dans l’art de la guerre et la poliorcétique après le
retour de captivité de Richard. Au cœur de la « guerre publique » entre Plantagenêt et
Capétiens, les défenses du Vexin ont en effet concentré l’attention de Richard, qui ne
négligea aucun type de fortification pour faire de la vallée de la Seine un véritable
rempart aux prétentions de Philippe Auguste.
3.1.2- Les constructions de défense au cœur de la « guerre publique »
Contrairement aux fortifications du règne d’Henri II, comme à Rouen, Poitiers
ou la Rochelle, les fortifications des villes de la frontière normande, comme Eu et
Verneuil, s’inscrivaient dans le contexte de ce que les contemporains appelaient la
« guerre publique » pour distinguer l’enjeu du conflit entre Plantagenêt et Capétiens des
guerres « privées » entre seigneurs.
La guerre publique et la défense de la patrie
260 MESQUI, J., « La fortification des portes avant la guerre de Cent ans. Essai de typologie des défenses
des ouvrages d'entrée avant 1350 », Archéologie médiévale, 11 (1981), p. 203-229.
261 CREIGHTON, O. H. et HIGHAM, R., Medieval town walls, 2005, p. 37.
262 MESQUI, J., « La fortification des portes avant la guerre de Cent ans. Essai de typologie des défenses
des ouvrages d'entrée avant 1350 », Archéologie médiévale, 11 (1981), p. 203-229.
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